Et si le Mali impulsait l’économie décarbonée en Afrique ?
Bamako, la capitale malienne est en pleine métamorphose. Echangeurs, voies rapides, aéroport, centre administratif et d’affaires, tous ces grands projets quasi finalisés transforment la capitale malienne à une vitesse de TGV. Nous espérons d’ailleurs qu’un jour un Train à Grande Vitesse reliera la capitale à d’autres villes comme Ségou, Djenné ou Bandiagara (ville de naissance d’Amadou Hampaté Bâ).
Un autre souhait majeur serait une impulsion politique forte pour l’émergence de l’économie décarbonée en Afrique. En effet, le Mali qui préside depuis cet été la Conférence Ministérielle Africaine sur l’Environnement (CMAE) pourrait être la locomotive de l’économie verte sur le continent. Le report sine die du premier Forum Africain sur le Développement Durable qui devait se tenir cette semaine à Bamako serait une opportunité pour l’élargissement des thèmes de référence de la rencontre.
Quatre sujets d’actualités et cruciaux pour l’avenir du continent nous semblent urgents :
- Accès et Partage des Avantages de la Biodiversité (APA) : La conférence de Nagoya a acté le principe d’un partage « équitable » des revenus des services rendus par la biodiversité entre les Pays du Nord et ceux du sud. On va bientôt rentrer dans le vif du sujet car il sera question de la répartition de milliers de milliards d’euros d’où une bonne préparation.
- L’impact d’une éventuelle taxe carbone de 20 à 25 euros la tonne sur l’économie africaine. L’idée de cette taxation est sérieuse en cours de réflexion à l’ONU où le Secrétaire Générale a reçu la semaine dernière un rapport dans ce sens réalisé par 20 experts et Ministres des Finances. L’objectif est de trouver 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour le financement de la lutte contre le changement climatique. L’Afrique pourrait recevoir de maigres subventions tout en payant lourdement une taxe carbone diffuse. Un autre risque serait la baisse brutale des recettes fiscales pour les pays exportateurs d’énergies fossiles à cause d’une baisse de la demande.
- La création d’un marché africain du carbone : Les actifs carbones représentent déjà des centaines de milliards d’euros. Changement climatique oblige, ils vont exploser dans les prochaines années. L’Afrique dont le Bassin du Congo est le deuxième poumon écologique de la planète ne peut pas se permettre d’être le seul continent qui ne dispose pas de marché carbone.
- La fiscalité verte : Tous les retours d’expériences démontrent le rôle incontournable du levier fiscal pour l’émergence du green business. C’est donc aux décideurs de définir des politiques publiques adéquates.
Pourquoi ne pas être optimiste de la prise en compte de ces questions par les autorités maliennes lorsqu’on sait que le Président de la République a reçu lors de la CMAE un prix du Programme des Nations Unies pour l’Environnement récompensant ses actions dans le domaine du développement durable.
Thierry Téné, directeur de A2D Conseil
Source : Le Blog de Thierry Téné le 12 novembre 2010