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Le bois-énergie en Suisse, état et perspectives

Pendant des siècles le bois était la seule ressource énergétique de l’Humanité. Depuis la révolution industrielle, les énergies fossiles ­ d’abord le charbon, puis le pétrole et le gaz ­ et l’électricité ont gagné en importance. Il y a 30 ans le bois ne couvrait plus que 1,5 % de la consommation d’énergie en Suisse. Il y a peu, les considérations environnementales et l’épuisement des ressources remettent les sources d’énergies locales renouvelables et neutres en CO2 au centre des stratégies énergétiques.

Le mix énergétique suisse

Le pétrole et le gaz représentent encore près des 3/4 de notre consommation énergétique, suivi de l’électricité avec 23 %. En 2005 le bois couvrait 3,4 % des besoins énergétiques totaux soit 6 à 7 % des besoins de chaleur. Cela place le bois au 2ème rang des énergies renouvelables en Suisse après l’hydraulique.

Développement du bois-énergie de 1990 à 2006 et potentiel.

Dû au relief accidenté dans les zones montagneuses, des coûts d’abattage élevés, des importations de bois bon marché et un cadre réglementaire très strict, nous n’utilisons que la moitié de l’accroissement forestier annuel d’environ 10 millions de m3. A chaque opération en forêt ­ en particulier lors de l’entretien de celles-ci ­il en résulte des bois qui ne peuvent être valorisés que par l’industrie (papier, cellulose, panneaux) ou en bois de chauffage. Lors de la transformation des bois les écorces, la sciure, les dosses et les délignures représentent environ le quart de la grume. Ces déchets se valorisent aussi bien en bois d’industrie qu’en bois-énergie. A côté des bois non traités issus des forêts ou des déchets de bois des entreprises de transformation, on trouve aussi de plus enplus de bois de rebuts issus des démolitions, rénovations, emballages et meubles. Dans des installations adaptées, il est possible d’en retirer une précieuse énergie.

Une consommation de plus d’un demi million de TEP

En 2006 la consommation de bois du parc de chauffage au bois (hors production d’électricité) s’élevait à 3,2 millions de m3. Soit 550 000 tonnes équivalent pétrole et 1,6 millions de tonnes de CO2 économisés. Le bois-énergie contribue donc de manière significative au respect des objectifs environnementaux suisses.

A cette consommation annuelle de 3,2 millions de m3 on peut ajouter un potentiel à court et moyen terme estimé entre 2 et 3 millions de m3. Le potentiel théorique est même d’environ 4 millions de m3. Dans l’hypothèse haute, d’une augmentation entre 1990 et 2025 de la consommation annuelle à 5 ou 6 millions de m3, on serait encore loin d’épuiser le potentiel théorique ­ ce qui aurait peu de sens du point de vue économique et écologique. Evidemment il ne s’agit pas ici de la valorisation énergétique de bois de bonne qualité.

Perspectives du bois-énergie

Effet de serre, gaspillage, pénurie de matières premières et indépendance énergétique sont au coeur des préoccupations énergétiques. De même, les énergies renouvelables, l’efficacité et le développement durable. La réduction de la consommation d’énergie fossile, la réduction des émissions de gaz à effet de serre au niveau de 1990, voilà quelques uns des principaux objectifs de la politique énergétique menée en Suisse. Quelques objectifs seulement ont été atteint, et d’autres sont encore loin. C’est pourquoi il est évident que le recours aux énergies renouvelables doit être facilité. Le bois en représente une grande partie. En tout il pourrait couvrir de 5 à 10% des besoins de chaleur. Pour des bâtiments à efficacité énergétique renforcée, la part du bois-énergie dans la production d’eau chaude augmenterait d’autant. Par ailleurs il est réaliste de penser qu’un quart des habitats suisses soient chauffés au bois.

Christoph Rutschmann, Directeur Holzenergie Schweiz www.holzenergie.ch