Le carburant renouvelable bioGNV n’est pas promu à la hauteur des enjeux
À l’heure où le Parlement français s’apprête à travailler sur le projet de loi climat et résilience, les filières de la méthanisation agricole, de la mobilité et de l’énergie gaz se mobilisent pour rappeler les enjeux du biométhane dans la mobilité où il est insuffisamment présent. Les organisations s’insurgent également suite à la décision brutale de l’Etat d’interdire le chauffage au gaz sans proposer de porte de sortie renouvelable à la filière, comme il a pu le faire pour la filière fioul avec une monté en puissance du biofioul comme alternative.
Le biométhane et les autres gaz renouvelables ont un rôle majeur à jouer dans la réussite complète de la transition énergétique. Pourtant, des décisions publiques les mettent de côté, comme l’interdiction du chauffage au gaz sans faire la différence entre gaz fossile et gaz renouvelable avec garantie d’origine, et optent pour des choix énergiquement peu efficaces comme le retour du chauffage électrique. Or le gaz vert produit localement par les agriculteurs est efficace pour décarboner les secteurs de la production de chaleur et des transports. C’est un vecteur propre, abordable, adapté à la diversité des territoires et n’imposant aucun investissement démesuré dans les infrastructures de stockage et de transport. A contrario, il évite les importations massives de gaz fossile et l’appauvrissement des territoires de près de 10 milliards euros par an. Et en analyse de cycle de vie, le chauffage au biométhane et les véhicules au bioGNV ont une empreinte carbone excellente. Sur la question de la mobilité, IFP Energies Nouvelles a réalisé une étude qui compare le bilan carbone des véhicules alimentés par des carburants classiques et alternatifs. L’étude révèle que les véhicules légers roulant au bioGNV sont meilleurs pour le climat que les autres motorisations et même que les véhicules alimentés en électricité française, pourtant faiblement carbonée. Cette étude est disponible sur le site www.afgaz.fr.
Sur le terrain, des collectivités locales, des professionnels du transport routier de marchandises et de voyageurs, et des acteurs industriels de la filière gaz carburant se mobilisent également pour développer le parc de véhicules et le réseau de stations d’avitaillement. Aujourd’hui, ils sont rejoints par des agriculteurs producteurs de biométhane qui, sous la bannière de l’Association des Agriculteurs Méthaniseurs de France, s’engagent dans le soutien de station bioGNV « à la ferme » permettant de renforcer le maillage dans les territoires.
Pour permettre aux professionnels du transport de réussir, dans les meilleures conditions, la décarbonation de leurs activités d’ici à 2050, l’Association des Agriculteurs Méthaniseurs de France, l’Association Française du Gaz Naturel Véhicules et l’Association Française du Gaz réclament une règlementation qui donne aux combustibles et carburants gazeux renouvelables leur juste place, en prenant en compte l’ensemble des émissions de CO2 sur l’ensemble des cycles de vie.
Les positions sont claires et sans ambiguïté :
Patrick Corbin, président de l’AFG : « La filière gazière s’engage à ce que le gaz soit 100 % renouvelable en 2050 avec de nouveaux procédés ».
Jean François Delaitre, président de l’AAMF : « Nous avons décidé de montrer l’exemple avec 100 stations d’ici 2024, soit directement à la ferme soit sur la voie publique avec les collectivités locales et les transporteurs ».
Jean Claude Girot, président de l’AFGNV : « Les véhicules GNV existent déjà et sont économiquement compétitifs. Avec le biométhane, leur empreinte carbone devient exceptionnelle ».
Voir ce reportage qui fait le point sur cette énergie renouvelable avec les présidents de l’AFG, de l’AAMF, de France Nature Environnement et de l’AFGNV.
Frédéric Douard