Les derniers chiffres du bois-énergie en Bourgogne-Franche-Comté
FIBOIS Bourgogne-Franche-Comté, en partenariat avec l’ADEME et la Région Bourgogne-FrancheComté, pilote un Observatoire régional du bois-énergie depuis 2007. Actualisé tous les deux ans, il propose un état des lieux de la filière, qui constitue la première énergie renouvelable de la région, et un suivi de l’évolution du bois-énergie en termes de production, commercialisation et consommation. La présente mise à jour fournit les informations consolidées de l’année 2018.
Le bois-énergie poursuit son développement mais des différences existent suivant les usages.
• En 2018, le secteur domestique reste le premier consommateur de bois énergie sur la Bourgogne-Franche-Comté. Contrairement au marché du bois bûche qui semble se stabiliser, voir diminuer en volume consommé.
• Le marché des granulés bois, lui, est en plein essor. Les producteurs de granulés bois régionaux ont poursuivi leur développement et ont encore la capacité de répondre à une
demande croissante.
• Toujours soutenu par les pouvoirs publics, le parc de chaufferies bois collectives et industrielles poursuit son développement. L’augmentation du nombre d’installations est plus importante dans les secteurs collectifs qui consomment principalement de la plaquette forestière. Les fournisseurs régionaux ont augmenté leurs volumes et la qualité de leur production pour répondre à la demande et aux exigences en termes de caractéristiques de combustible. Le développement des chaufferies en secteur industriel est extrêmement dépendant de l’activité des entreprises et de l’économie. Ainsi, entre 2016 et 2018 plusieurs arrêts d’installations ont impacté à la baisse la consommation de bois et la production d’énergie renouvelable de Bourgogne-Franche-Comté. Les projets de chaufferies dans les industries du bois se dynamisent, motivés en partie par la difficulté des entreprises à valoriser leurs produits connexes. En effet, l’activité des industries de trituration, en particulier la modification de leurs approvisionnements, a un impact fort sur le reste de la filière. Les entreprises de transformation du bois rencontrent de plus en plus de difficultés à trouver des débouchés pour leurs connexes.
• Sur certains territoires, le manque de débouchés pour les bois de qualité bois d’industrie / bois-énergie (BIBE) engendre des problématiques pour la sylviculture. La possibilité de mobiliser du bois énergie est parfois un facteur déterminant dans la gestion forestière du propriétaire, permettant l’amélioration des peuplements et la production de bois d’œuvre. La ressource forestière régionale n’est aujourd’hui pas un facteur limitant et le développement du bois énergie devra s’accélérer dans les années à venir pour répondre aux objectifs régionaux de développement des énergies renouvelables. Le rythme actuel de mise en service des installations ne permettant pas d’atteindre les objectifs fixés dans le SRADDET pour la Bourgogne-Franche-Comté.
PLUS DE DÉTAILS EN CHIFFRES
Les particuliers restent les premiers consommateurs de bois-énergie en volume, notamment sous forme de bois en bûches.
Données ADEME, 2018 | France | Bourgogne-Franche-Comté | ||
Bûches | Granulés | Bûches | Granulés | |
Nombre de ménages utilisateurs | 6,1 millions (90 %) | 700 000 (9 %) | 354 000 (87,3 %) | 57 000 (9,1 %) |
Volumes consommés | 22,2 M tonnes 37 M stères |
1,3 M tonnes | 1,76 M tonnes 2,93 M stères |
108 000 tonnes |
Le bois bûche reste la forme de bois-énergie la plus consommée en Bourgogne-Franche-Comté (plus du double des tonnages consommés dans les chaufferies collectives et industrielles). Le marché des granulés bois est en expansion et ce combustible pèse maintenant dans les consommations de bois-énergie des ménages.
La production de bois en bûches par les professionnels principalement vendue hors région
L’enquête menée par FIBOIS BFC auprès des professionnels montre que si les approvisionnements en bois sont locaux (99% en BFC), moins d’un tiers des volumes est commercialisé sur la région. Environ 66% de la production des professionnels est commercialisée auprès de négociants-revendeurs (du SudEst de la France notamment), 34% auprès de particuliers et une toute petite part auprès de professionnels (pizzérias, boulangeries…).
La production régionale de granulés bois continue son augmentation (+32% en deux ans)
En 2018, les onze producteurs de granulés bois en activité en Bourgogne-Franche-Comté ont commercialisé 170 000 tonnes de granulés à destination de l’énergie, représentant 10% de la production française. 84% de ces volumes sont toujours commercialisés via un réseau de distributeurs/négociants et 16% directement au consommateur final, des particuliers principalement.
Les approvisionnements en bois restent régionaux ou proviennent des régions limitrophes. Les produits connexes issu de la transformation du bois (sciures principalement) constituent toujours la plus grosse part des approvisionnements (75%) même si le bois rond n’est plus négligeable depuis 2016. En moyenne, les installations de Bourgogne-Franche-Comté en activité en 2018 ont été utilisées à 78% de leur capacité maximale de production qui s’élève 212 000 tonnes/an. Les unités régionales sont donc encore en capacité d’augmenter leur production et de répondre à ce marché croissant.
Un marché de la plaquette forestière qui poursuit son développement (+50% en deux ans)
Avec 445 000 tonnes commercialisées en 2018 par les professionnels de la région, le développement du marché des plaquettes forestières se poursuit, en lien avec les orientations régionales. Avec des marchés principalement régionaux, les deux-tiers des volumes ont été commercialisés auprès de chaufferies collectives, le reste dans les chaufferies d’entreprises (20%), auprès de particuliers (7%) ou de négociants (7%). Les approvisionnements sont locaux (90% de BFC) et 78% des volumes commercialisés sont composés d’essences feuillues. Avec 320 000 tonnes commercialisés en Bourgogne-Franche-Comté, l’activité des professionnels permet de couvrir les besoins des chaufferies régionales en fonctionnement. Les professionnels ont augmenté leurs volumes et la qualité de leurs produits et de leurs services. En effet, les certifications CBQ+ (certification sur la qualité du produit et du service) et PEFC (certification de gestion durable des forêts) ont pris de l’ampleur depuis 2016, en lien avec l’augmentation de ces conditions dans les plans d’approvisionnement des installations biomasses.
Une part croissante du débouché bois-énergie dans la valorisation des produits connexes
En 2018, 1,3 million de tonnes de produits connexes (plaquettes de scieries, sciures, écorces, dosses, chutes courtes…) ont été produits par les entreprises de première transformation du bois de Bourgogne-Franche-Comté. Bien que valorisés pour la quasi-totalité (98,8%), seulement 51% des entreprises étaient satisfaites de leurs débouchés. Ce chiffre devrait avoir diminué en 2020 vu la crise que rencontrent actuellement les entreprises sur les marchés du connexe. En 2018, leur insatisfaction portait sur des prix pratiqués, un éloignement des débouchés et un cahier des charges parfois trop exigeant. La trituration (fabrication de pâte à papier et de panneaux) reste le premier débouché des connexes mais la baisse de consommation de ces produits par les industries lourdes se poursuit. Une partie de ces volumes a pu être absorbée par le débouché énergétique, notamment pour la production de granulés bois mais les difficultés des entreprises à valoriser leurs connexes grandissent. La part croissante des volumes évacués à des négociants le confirme. La part du bois-énergie poursuit son augmentation et représente 39% des débouchés en 2018 (contre 27% en 2016). Les filières de valorisation diffèrent énormément selon le type de connexe et l’essence.
Un développement des chaufferies automatiques qui se poursuit
930 chaufferies bois étaient en fonctionnement fin 2018, pour une puissance installée de plus de 782 MW. Le nombre de chaufferies installées en Bourgogne-Franche-Comté ne cesse d’augmenter, principalement dans le secteur collectif (nombre d’installations multiplié par 4 en 12 ans). À noter que les chaufferies les plus importantes en termes de puissances installées se situent dans les entreprises de transformation du bois. Plus de 705 000 tonnes de bois en 2018 (comme en 2016), dont la moitié en secteur collectif. Les produits connexes représentent 46% des volumes consommés et la plaquette forestière 45%. Le reste est constitué de broyats de bois en fin de vie et de granulés. Un scénario prospectif montre que la consommation supplémentaire de bois dans les chaufferies industrielles et collectives pourrait atteindre 1,07 million de tonnes en 2025.
Pour en savoir plus, les résultats complets de l’étude sur le bois-énergie en Bourgogne-Franche-Comté sont disponibles sur www.fibois-bfc.fr
Frédéric Douard