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Le chauffage au bois en moyenne puissance, un pilier de la politique climatique

Immeuble d’habitation situés à Wohlen dans le canton d’Argovie et chauffé eu bois depuis 2016, photo Christoph Rutschmann

Les chauffages de taille moyenne, exploités aux plaquettes ou aux granulés de bois, sont des installations affichant une plage de puissance de 50 à 500 kW. Ils constituent le pilier central du succès de l’exploitation efficace du bois-énergie en Suisse et jouent un rôle essentiel pour une politique climatique, énergétique et environnementale porteuse d’avenir. Ils offrent des possibilités quasi illimitées d’utilisation, de l’immeuble locatif individuel jusqu’au réseau de chaleur comportant les bâtiments publics et privés les plus divers. Leur maturité technique et leur rentabilité convainquent un nombre croissant d’investisseurs publics et privés. Ainsi, le parc d’installations de taille moyenne a plus que quadruplé depuis 1990. Le potentiel de bois-énergie qui reste inexploité aujourd’hui autoriserait une augmentation continue massive du nombre de systèmes installés.

2020 va vraisemblablement entrer dans l’histoire comme l’année la plus chaude depuis le début des mesures. En tant que nation alpine, la Suisse est tout particulièrement touchée par ce développement et doit donc aspirer le plus vite possible à un approvisionnement énergétique sans mazout ni gaz. Grâce aux technologies qui sont déjà commercialisables pour le secteur du chauffage des bâtiments, cet objectif est désormais à notre portée. Les chauffages au bois de taille moyenne ont un rôle important à jouer dans cette démarche.

Dans le secteur du bâtiment, les projets d’installation de chauffages font souvent l’objet de conflits d’intérêts. Les investisseurs aspirent à un coût modéré et à des marges élevées. De ce fait, on remplace encore trop souvent les chauffages au fuel simplement par de nouveaux systèmes à mazout. Le gaz naturel continue lui aussi à jouer un rôle important et beaucoup de fournisseurs d’énergie publics le promeuvent activement. Quant aux maîtres d’ouvrage, ils veulent des chauffages aussi écologiques que possible à un coût minimum. Les architectes, eux, ne s’intéressent souvent que marginalement au chauffage. En parallèle, les conditions cadres du secteur énergétique sont en train de se transformer rapidement. Dans la construction, les acteurs sont de plus en plus nombreux à vouloir réaliser des solutions d’avenir. En réalité, presque tout le monde se rend compte de la nécessité de se libérer de la mainmise des énergies fossiles pour éviter de tomber dans le piège climatique.

Les énergies renouvelables sont devenues incontournables

Ballon de stockage d’eau dans un immeuble locatif chauffé au bois à Wohlen, photo Christoph Rutschmann

Les technologies d’utilisation des énergies renouvelables sont mûres. Par centaines de milliers, elles sont exploitées avec succès sous forme de chauffages au bois, de capteurs solaires et de pompes à chaleur, assurant un fonctionnement fiable et économique. Investir dans des modèles fossiles dépassés ne se justifie plus ! Les chauffages au bois de taille moyenne montrent par leur exemple comment réaliser la transition énergétique. En fonction de la norme de construction, 50 kW permettent de chauffer entre cinq et dix appartements d’environ 100 m2 de surface chacun. Les installations de taille moyenne sont donc utilisées pour chauffer des immeubles locatifs hébergeant environ cinq unités de logement, mais aussi des quartiers entiers comportant jusqu’à cent appartements. De plus, elles sont souvent exploitées dans des immeubles publics, commerciaux, industriels et de bureaux, ainsi qu’au sein de quartiers mixtes. Combinés à un réseau de chaleur local, les chauffages au bois de taille moyenne permettent une utilisation quasiment illimitée. Leur nombre a augmenté en conséquence au cours de la dernière trentaine d’années. Ils sont devenus un véritable pilier porteur du succès de l’énergie du bois et apportent une contribution notable à la réduction des émissions carbone, et, partant, à la prévention du réchauffement climatique. La statistique de l’énergie du bois officielle publiée par l’Office fédéral de l’énergie OFEN confirme ce constat. Celle-ci distingue les catégories de chauffage entre 50 et 300 kW et entre 300 et 500 kW, ainsi que les types de combustibles (pellets et plaquettes). Les systèmes à plaquettes sont en plus divisés en deux catégories selon qu’ils sont exploités en-dehors et au sein des entreprises de transformation du bois (HvB en allemand). En Suisse, le total des chauffages au bois installés a plus que quadruplé, passant de 2018 systèmes en 1990 à 8739 installations en 2019 !

Catégorie de chauffage & nombre d’installations en Suisse 1990 2000 2010 2019
Chauffages à plaquettes de bois,
50-300 kW
en-dehors des entreprises bois 459 1367 2994 4175
au sein des entreprises bois 1276 1797 1923 2128
Chauffages à pellets, 50-300 kW 0 5 437 1450
Chauffages à plaquettes de bois, 300-500 kW en-dehors des entreprises bois 87 253 424 590
au sein des entreprises bois 196 289 285 290
Chauffages à pellets, 300-500 kW 0 0 53 106

Source : statistique suisse de l’énergie du bois 2019, Office fédéral de l’énergie 2020

Ce n’est pas par hasard que les systèmes de chauffage au bois de taille moyenne ont connu une évolution aussi positive, car ils présentent un grand nombre d’avantages en termes d’efficacité des ressources et d’énergie, ainsi que pour la politique forestière, climatique et de protection de l’air.

Efficacité énergétique et des ressources

Le principe « Produit par la région pour la région » gagne sans cesse en importance. En effet, une économie qui respecte les circuits régionaux et locaux permet non seulement de réduire les transports et le gaspillage de matériel et d’énergie (grise), mais aussi de garantir des emplois et une création de valeur élevée sur place. Utiliser l’énergie du bois dans des installations de taille moyenne répond dans une large mesure aux exigences d’une économie circulaire régionale efficace : alors que les entrepreneurs et ouvriers locaux planifient, construisent et opèrent les installations, le bois-énergie issu des forêts environnantes est récolté de manière durable.

La chaufferie à granulés de l’église et du centre paroissial de Lenzburg, photo Braunschweiler Pellets AG

Politique climatique et de protection de l’air

Grâce à leur fonctionnement automatisé, les chauffages au bois de taille moyenne n’émettent guère de fines polluantes. Dès 70 kW de puissance, ils sont en outre équipés d’un filtre à particules qui élimine entre 90 et 99% des poussières fines. Les autorités contrôlent périodiquement le bon fonctionnement des installations. La récolte, la transformation et l’utilisation de l’énergie du bois se font de manière plus sûre et écologique que pour les énergies fossiles et sont conformes aux conditions cadres strictes applicables en Suisse. Par ailleurs, le bilan carbone neutre de l’énergie du bois constitue un atout décisif. Chauffer au bois signifie intégrer le cycle naturel du CO2. En effet, la combustion de bois n’éjecte pas plus de gaz carbonique dans l’atmosphère que les arbres n’en ont absorbé au cours de leur vie. L’utilisation systématique de la totalité du potentiel en bois-énergie constitue donc pour la Suisse un facteur clé pour freiner le réchauffement climatique.

En 2020, la paroisse de Lenzburg a adopté un chauffage aux pellets régionaux, photo Braunschweiler Pellets AG

Politique forestière

Les forêts suisses sont actuellement confrontées à de nombreux défis. La sécheresse et la chaleur des années passées ont généré des volumes énormes de bois qui doivent faire l’objet d’une exploitation forcée. Le marché du bois s’en trouve véritablement inondé et les prix du bois ont baissé en conséquence. La demande de bois destiné aux scieries et à l’industrie du bois stagne depuis des années. Le secteur du bois-énergie est donc le seul marché affichant une croissance et l’unique porteur d’espoir. Les propriétaires forestiers publics et privés soutiennent donc l’installation de chauffages au bois de taille moyenne dans leurs communes et régions, car elle leur permet de créer une demande constante de bois issu de la forêt locale et régionale.

www.energie-bois.ch

Christoph Rutschmann