Fessenheim pourrait accueillir la deuxième usine française de granulés de bois vapocraqué
Après le lancement de la construction de l’usine FICA-HPCI (Filière industrielle Champagne-Ardennes – Haut Pouvoir Calorifique Industriel) sur la plateforme agro-industrielle de Pomacle-Bazancourt près de Reims, unité qui devrait être mise en service fin 2020, l’Européenne de Biomasse porte un deuxième projet d’usine du même type à Fessenheim dans le département du Haut-Rhin.
Le granulé HPCI©, produit à partir de bois, est une alternative performante et économique aux ressources fossiles (charbon, gaz, fioul) en tant qu’énergie de chauffage. Non polluante, à la fabrication comme à la consommation, globalement neutre en carbone, ce biocombustible permet aux industriels et aux collectivités de s’engager dans la décarbonation de leurs équipements thermiques.
Le pellet HPCI, biocombustible industriel haut de gamme
Le granulés HPCI® a été mis au point par Européenne de biomasse au terme de 12 ans de R&D.
Il est fabriqué grâce à un procédé industriel utilisant la vapeur d’eau – le vapocraquage – et qui ne nécessite aucun additif chimique.
Le vapocraquage est un procédé thermique, chimique et mécanique qui permet la déstructuration de la matière lignocellulosique par l’action combinée de la vapeur et de la chaleur qui en sont issues. Appliqué sur de la biomasse en continu, il favorise l’hydrolyse de la matière et la libération de molécules oxygénées volatiles dans la phase gazeuse, et le cisaillement résultant de la décompression explosive, en sortie de traitement, qui vaporise l’eau contenue au coeur du végétal. Il engendre une expansion de la vapeur au sein du matériau, qui éclate la structure des fibres lignocellulosiques. Cela s’accompagne de la migration de la lignine, polymère insoluble et hydrophobe, vers la surface de la biomasse, d’où son aspect brun foncé.
Le vapocraquage transforme ainsi des particules grossières de bois en une poudre cotonneuse, présentant un pouvoir calorifique augmenté, grâce à l’extraction des molécules volatiles de faible énergie. La poudre obtenue, ayant perdu l’organisation vasculaire creuse et aérée du végétal, est facilement densifiable par granulation.
Le granulé de bois HPCI® présente une qualité élevée de résistance à l’eau autorisant son stockage à l’air libre. Sa cohésion lui permet de résister aux frottements et d’être manipulé facilement en limitant les émissions de poussières.
Caractéristiques industrielles :
- Un pouvoir calorifique de 5,15 à 5,45 MWh par tonne,
- Une densité jusqu’à 750 kg/m3,
- Une durabilité (résistance mécanique aux frottements) de l’ordre de 99%,
- Un caractère hydrophobe, inerte, imputrescible, sans émission de CO.
Les infrastructures logistiques et de combustion du charbon sont directement compatibles avec le HPCI®, sans modification des installations existantes.
Un moteur pour la réindustrialisation du territoire
A l’heure de la relance et des grands plans d’investissements, le granulé HPCI© a vocation à s’intégrer dans les projets durables comme énergie de chauffage dans les logements collectifs, les réseaux de chaleur, les infrastructures publiques (piscines, casernes) ou les industries (chimiques, agroalimentaires, etc.).
« Alors que la crise du coronavirus a remis en cause la mondialisation, les citoyens aspirent à un « nouveau monde » fondé sur une économie durable, protectrice de l’environnement, actrice dans la lutte contre le réchauffement climatique et fiable et résiliente face aux risques sanitaires et industriels. Les fermetures récentes des frontières ont par ailleurs mis en valeur l’importance de veiller à sécuriser l’indépendance énergétique des pays ». Jean-Baptiste Marin, président d’Européenne de Biomasse.
Alors que la relocalisation des entreprises françaises s’impose comme enjeu phare de la relance économique et écologique, Européenne de Biomasse choisit de s’implanter sur la zone EcoRhéna à Fessenheim. Avec ce projet estimé entre 50 et 90 millions d’euros d’investissement selon l’option, le projet créera entre 350 et 700 emplois, dédiés à la construction et l’exploitation du site et dans la filière forêt-bois.
Aujourd’hui, Européenne de biomasse a démarré les études de faisabilité pour l’implantation de cette nouvelle usine sur le territoire rhénan de Fessenheim.
La durée de construction d’une telle usine est de deux ans. L’usine, selon la capacité retenue, devrait consommer entre 125 et 250 000 tonnes de bois par an. Sa mise en service pourrait se réaliser vers 2023-24 si tout va bien. D’ailleurs, Jean-Baptiste Marin en appelle à la manifestation d’intérêt : « Avec le lancement de cette nouvelle filière, nous entendons démontrer qu’une relance verte est possible, et dès aujourd’hui. Produire de l’énergie autrement, en réconciliant performances industrielles, environnementales et économiques, c’est une réalité. Nous appelons aujourd’hui tous les acteurs économiques à s’engager à nos côtés pour valider la concrétisation de ce projet. Clients, fournisseurs, prestataires potentiels, nous lançons un appel pour recevoir les lettres d’intérêts qui viendront attester de leur engagement à nos côtés. »
Frédéric Douard