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Le contracting, un nouveau marché bois-énergie pour les installateurs

Gauss achète les chaudières et vend la chaleur

La pression environnementale grandit mais les collectivités hésitent encore parfois devant le surcoût des chaufferies biomasse ou encore la crainte souvent infondée de la sécurité d’approvisionnement en combustible. Le contracting peut répondre à ce marché.

Jurgen Gauss est le chef d’une entreprise d’installation de chauffage qui emploie 160 personnes en forêt Noire. Il s’est lancé dans le contracting il y a 10 ans, activité pour laquelle il a créé une seconde société sous-traitant la main d’oeuvre à la première. En réunissant les deux chiffres d’affaires, le contracting représente 10% de l’activité. Tout a commencé en 1997 dans une collectivité qui avait un projet de chaufferie à bois déchiqueté. A la suite de l’appel d’offre, les élus ont réalisé que le projet se chiffrait au double du montant initial. Pour ne pas perdre ce marché, la société Gauss a donc proposé de financer l’installation en échange de la garantie de rachat sur 20 ans de la chaleur produite.

Depuis la société a ainsi installé dix projets en contracting dont 8 en bois-énergie, 1 en cogénération gaz et l’autre en pompe à chaleur (300 kW). 50% du parc des chaufferies automatiques au bois, d’une puissance de 300 à 800 kW, fonctionne aux plaquettes et 50% aux granulés de bois. De façon générale la société Gauss installe des chaudières à bois déchiqueté dans les nouvelles constructions et des chaudières à pellets dans les bâtiments existants. Aujourd’hui l’entreprise se fournit à des coûts moyens de 14 euros/MAP (2 cts/kWh) pour la plaquette et ce printemps de 150 euros/tonne (3cts/kWh) pour les granulés. Le problème principal de Gauss est de trouver un indice des prix des combustibles bois sur sa région. En effet les contrats étant établis sur 15 à 20 ans, Gauss doit indexer le prix de vente de la chaleur notamment sur l’évolution de celui des combustibles.

L’objectif est de contractualiser les approvisionnements sur les périodes les plus longues possibles.

La société facture en moyenne 5 cents euro par kWh consommés ainsi qu’un forfait de financement de l’installation. Tous les coûts réunis ramenés à l’unité de chaleur portent en moyenne le kWh à 7 cents euro. Pour financer les installations, Gauss emprunte à des taux variables entre 5 à 6% sur des périodes de 10 à 15 ans.

Dans le cadre du contracting, l’installateur doit exercer 3 métiers : l’ingénierie et la finance, l’installation et l’exploitation. Si la société ne compte pas d’ingénieur dans sa structure, le travail de bureau d’étude peut être sous-traité mais ce coût rend le contracting moins intéressant. L’exploitation peut également freiner les installateurs à s’engager en raison des astreintes impliquées par le service. Gauss « contracting » sous-traite l’exploitation à Gauss « chauffagiste ». Les automates des chaufferies préviennent automatiquement par SMS le salarié de garde en cas de dysfonctionnement sur la chaudière ou le réseau. Bien que cela soit aussi automatisable, ce sont les responsables techniques des collectivités qui informent Gauss quand il est nécessaire de réapprovisionner les silos.

Cela fait surtout 3 ans que Gauss développe son activité de contracting. L’entreprise vise particulièrement les collectivités car il est trop risqué de contractualiser un privé sur 15 ou 20 ans. Un marché intéressant est celui des collectivités qui doivent renouveler leurs installations. Gauss propose de s’occuper de tout si le client s’engage à payer pour toute la durée du contrat ce que lui coûtait annuellement son ancienne installation. Gauss se rémunère avec la différence entre le coût du bois-énergie et celui des énergies fossiles de la vieille chaudière. En Finlande les chauffagistes proposent également du contracting basé sur les chaufferies en container.

Depuis quelques années, les constructeurs de chaudières proposent des chaufferies complètes avec leur silo intégrés sur un ou plusieurs containers. Cette technologie mobile, connectée en quelques heures sur le réseau du client, permet d’offrir à la demande une chaleur renouvelable au client saisonnier ou souhaitant tester le bois-énergie avant d’investir. Les solutions ne manquent donc pas pour placer une chaudière automatique à biomasse !

JHDC