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Les biocarburants progressent en Europe et aux Etats-Unis, malgré les critiques

Le gouvernement américain vient d’annoncer, ce mercredi 13 octobre, qu’il autorisait 50 % d’éthanol supplémentaire dans le carburant des véhicules récents, c’est à dire 15% au lieu des 10% précédents. Une décision très controversée, aux Etats-Unis. Au même moment, en Europe, les fabricants de biocarburants tentent de redorer leur blason au Mondial de l’automobile, à Paris, où ils n’ont plus la vedette.

«Il y quatre ans au salon c’était tout biocarburants, aujourd’hui c’est tout électrique !», constatent, un peu amers, les fabricants d’éthanol et de biodiesel. Soupçonnés d’avoir attisé la flambée des prix alimentaires en 2007 et 2008, ils mettent aujourd’hui en avant les conclusions de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie, au printemps : un bilan énergétique positif tout au long de la chaîne de production et une diminution des gaz à effet de serre de 70 % dans le cas de l’éthanol, jusqu’à 75 % pour le biodiesel. Cela tombe bien, l’Union européenne imposera en 2017 que puissent s’appeler «biocarburant» uniquement les produits qui permettent non plus 30 % de réduction de ces gaz mais 50 %.
Ces filières du bioéthanol et du biodiesel se battent en ce moment pour ne pas perdre totalement leurs avantages fiscaux en France, après de lourds investissements depuis cinq ans. Elles ont au moins obtenu, à la fin de l’été, que les 10 % de «contenu énergétique renouvelable» imposés par Bruxelles dans les transports à partir de 2020 signifient 10 % de biocarburants dans les moteurs, contre 5 % maximum aujourd’hui.
Si tous les pays européens appliquent la directive de Bruxelles de cette façon, cela signifiera faire passer la consommation d’éthanol incorporé dans l’essence de 35 millions à 135 millions d’hectolitres. Aujourd’hui, l’Europe est quasiment autosuffisante en éthanol, produit à partir de betterave à sucre ou de céréales à pailles, comme le blé. La France fournit à elle seule un tiers des besoins européens en éthanol et seul 10 % de la consommation sont importés, principalement du Brésil. Mais comment fournir 100 millions d’hectolitres de plus ? Le porte-parole de la «Collective du bioéthanol» se veut rassurant. «La moitié peuvent venir des terres betteravières qui n’ont plus de débouché sucrier hors d’Europe depuis 2006. Il faudra aussi, reconnaît-il, augmenter les surfaces agricoles dédiées aux biocarburants.». Mais les importations d’éthanol seront fatales, surtout si leur prix est attractif. Ce n’est pas le cas en ce moment. A 55 dollars l’hectolitre à Chicago, l’éthanol européen est compétitif. Quant au diester, fabriqué à partir d’huile végétale, surtout de colza et de tournesol, le président d’Esterifrance met en avant le fait qu’il induit la production de tourteaux destinés à l’alimentation animale. Cependant, l’Europe premier producteur et consommateur mondial de biodiesel, dépend déjà pour un tiers des importations, notamment du colza d’Ukraine et cette année beaucoup d’Australie. L’Europe pourrait aussi de plus en plus avoir recours à d’autres huiles importées, de palme ou de soja.

Source : Claire Fagès, RFI le 14 octobre 2010