Madagascar prêt pour l’utilisation de l’huile de pourghère
Le Centre national de recherches industrielle et technologique (CNRIT) maîtrise complètement aujourd’hui la production d’huile végétale carburant (HVC) de jatropha et est prêt à en produire une quantité industrielle si besoin est, et si des investisseurs s’y intéressent.
Tous les essais techniques sur le terrain (dans la région Alaotra Mangoro) sur l’huile de pourghère ont permis de conclure que la production de HVC pourrait contribuer à la mécanisation du secteur agricole. Ainsi, il a été mis au point une première vague de HVC spécifiquement utilisée pour les machines agricoles en particulier les motoculteurs couramment appelés « Kubota » et les autres machines agricoles à moteur lent et/ou fixe.
Le Kubota fonctionne parfaitement avec un mélange composé de 80% de HVC et 20% de gazole. Quand on sait que dans la région de l’Alaotra Mangoro, un Kubota consomme pendant les travaux de champs en moyenne 500 l/an, on voit déjà l’économie de carburant fossile qu’on peut réaliser. Et si l’on considère les prix actuels à la pompe, l’utilisation de l’HVC réduirait sensiblement les dépenses en carburants des exploitants agricoles utilisant le Kubota. Et les chercheurs ont été catégoriques : on peut aller jusqu’à 100% de HVC sans que le moteur rencontre la moindre difficulté.
Le coût de revient d’un litre de HVC à partir de plantes sauvages revient à 1.500 ariary (il faut 6 kg de grains de jatropha pour produire 1 litre de HVC) et à 2.000 ariary si c’est du bio-diesel (huile traitée chimiquement) qu’on cherche. Et un hectare de plantation sauvage de pourghère permet de produire entre 1.300 et 1.600 litres de HVC. Le développement de l’utilisation de l’HVC présente plusieurs avantages. Tout d’abord, c’est une source d’énergie renouvelable . Ce qui n’est pas le cas de l’énergie fossile dont l’inévitable épuisement interviendrait d’ici 50 ans. Mais comment réagiront les pétroliers ? Il va sans dire que l’utilisation poussée de l’HVC occasionnera un manque à gagner important pour eux.
Quoi qu’il en soit, ces recherches montrent que, pour peu que l’Etat alloue plus de budget à nos chercheurs, on peut être certain que les résultats de leurs recherches contribueraient effectivement à la réduction véritable de la pauvreté.
Ranaivo Lala Honoré
Source : Afrique Hebdo le 25 septembre 2010