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Les pétroliers : leur stratégie pour l’après-pétrole

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L’activité pétrolière est menacée
Le pétrole est rentable pour les compagnies pétrolières. La relative bonne santé du secteur depuis la crise en atteste. Mais à long terme, l’activité pétrolière est menacée. La contrainte environnementale et l’imminence du peak oil (début de la baisse de la production de pétrole) poussent actuellement les pétroliers à diversifier leurs activités.

Les majors sont divisées quant à la stratégie
Les majors ne sont pas d’accord sur la réponse à apporter à la fin du pétrole.

  • Investir dans le pétrole non conventionnel ?
  • Se diversifier dans le gaz ?
  • Se diversifier dans le renouvelable ?

Chaque majors a sa propre stratégie de diversification. Au fossilo-centrisme d’un ExxonMobil, on opposera par exemple la diversification très large de Total. Une certitude, les investissements des majors nous orienteront sur les secteurs les plus prometteurs.

Le cas BP : verdir à tout prix
C’est BP, ironie du sort, qui a été le premier à communiquer sur la fin du pétrole et le réchauffement climatique.

En 2001, le Britannique British Petroleum devient le citoyen du monde Beyond Petroleum. Le groupe troque son logo pour un brillant soleil jaune et vert. Des panneaux solaires sont même installés sur les stations-services. On en venait à douter que BP vendait encore de l’essence…

Les majors lui emboitent le pas
A partir de là, les majors pétrolières ont commencé à mettre un pied dans des énergies alternatives. Solaire, biocarburant, éolien, voire nucléaire. Un seul mot d’ordre, verdir !

Le mode d’emploi est très simple : les majors mettent de côté de petites sommes qu’elles investissent bruyamment dans les green technologies.

Marche arrière toute
Mais à partir de 2007-2008, le verni environnemental se craquelle. On assiste à un désengagement massif des majors dans le renouvelable. Désormais, les majors veulent investir dans des secteurs rentables.

Techniquement, c’est l’énergie renouvelable qui se rapproche le plus du pétrole. Une responsable de Shell rappelait que les « les biocarburants sont parmi les énergies renouvelables qui se rapprochent le plus de ce que Shell vend« .

▪ BP investit massivement dans l’agrocarburant
Après Petrobras, BP est encore un des premiers à s’engouffrer dans le secteur. Depuis 2008, le groupe est présent dans les biocarburants, à travers une joint venture formée avec Verenium Corp, un spécialiste des biocarburants deuxième génération (produit à partir de plantes qui ne concurrencent pas la production alimentaire). Le groupe investit également au Brésil, où il consacre 500 millions de dollars à sa joint venture avec Tropical Bioenergia SA.

▪ Shell se recentre sur les biocarburants depuis 2009
Shell, qui avait suivi BP dans sa stratégie de diversification tous azimuts, gèle en 2009 tout ses investissements dans l’éolien, le solaire et hydrogène. Sa nouvelle priorité : les biocarburants. En 2010, le groupe anglo-néerlandais crée une joint venture avec Cosan, le géant brésilien de l’éthanol. L’intérêt de Shell est de pouvoir tirer profit de ses investissements dans Logen et Codexis, deux sociétés de recherche sur l’éthanol.

▪ Même ExxonMobil l’orthodoxe s’y met !
Sorte d’anti-BP, ExxonMobil se posait en gardien de l’orthodoxie pétrolière, répétant inlassablement que le pétrole resterait l’énergie dominante pour encore 20 ans. Pourtant, l’Américain vient finalement de franchir le pas. La société vient d’investir 600 millions de dollars dans « Synthetic Genomics Inc », qui développe une nouvelle génération d’agrocarburant à partir d’algues.

Total : stratégie tous azimuts
Total est le groupe le plus investi dans les questions de transition énergétique. Son nouveau PDG, Christophe de Margerie, conteste depuis longtemps les prévisions trop optimistes de l’AIE (Agence internationale de l’énergie) sur les réserves pétrolières mondiales. Déjà présent dans le solaire avec Photovoltech et Tenesol, le groupe s’est investi dans les biocarburants avec Amyris. Mais la révolution concerne le nucléaire, secteur dans lequel le groupe veut devenir un leader mondial.

Les majors n’investissent plus à n’importe quel prix
Le bilan de ces 10 ans de diversification nous apprend deux choses :

  • Ces groupes préfèrent investir dans des technologies qui leur permettent de conserver leur modèle économique, et de développer ainsi un maximum de synergies.
  • L’enthousiasme autour de l’éolien ou du solaire est vite retombé, au profit d’autres secteurs, comme l’hydrogène. Les majors continuent pourtant à investir modérément dans la recherche.

Auteur :  Florent Detroy, pour L’édito Matières Premières & Devises, mercredi 1 septembre 2010