La révolution verte de l’agriculture africaine
Article publié le : 14/09/2010 sur www.riskassur-hebdo.com
Alors que 300 millions d’africains ne mangent pas à leur faim et que la famine fait régulièrement de nombreuses victimes dans les régions les plus défavorisées du continent, des voix s’élèvent pour assurer pas uniquement la sécurité alimentaire des habitants, mais pour exporter.
Il faut commencer par produire plus de nourriture en fournissant aux paysans des semences améliorées, transformer les produits pour les amener sur les marchés et être capable de les stocker durablement. Au préalable, il faut que les paysans puissent satisfaire leurs propres besoins, avant de vendre leurs surplus sur le marché.
Parmi les initiateurs d’une nouvelle approche de l’agriculture africaine, il faut citer l’ancien secrétaire général de Nations unis, Kofi Annan, en sa qualité de président du conseil de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique, l’AGRA. Pour atteindre l’indépendance alimentaire, voire transformer l’Afrique en producteur majeur de produits agricoles à, l’échelle mondiale, un Forum vient de se tenir, ayant réuni jusqu’au 4 septembre à Accra au Ghana plusieurs centaines de personnes : ministres, entrepreneurs, représentants d’organisations agricoles, de banquiers et d’experts.
Alors qu’en Europe et aux Etats-Unis, les agriculteurs sont largement subventionnés par les gouvernements, il devrait en être de même en Afrique, ce qui commence à se produire dans la mesure où des gouvernements investissent au moins 10% de leur budget dans l’agriculture, pour marquer leur volonté politique dans ce domaine. Le financement de l’agriculture africaine doit aussi être soutenu par la Banque mondiale, qui n’a pas investi dans l’agriculture pendant 20 ans et qui se manifeste depuis peu.
Un certain nombre de questions vont se poser rapidement comme l’utilisation d’organismes génétiquement modifiées, les OGM, qui, comme en Europe, ne sont généralement pas acceptés en Afrique, alors que l’AGRA affirme utiliser les méthodes conventionnelles d’amélioration des plantes. Cependant, la Fondation Rockefeller et la Fondation Melinda et Bill Gates soutiennent les OGM, cette dernière vient d’investit s 23 millions d’euros dans Monsanto, le premier producteur mondial de semences OGM.
Le problème des engrais est aussi essentiel, l’Afrique utilise seulement 8 kg d’engrais à l’hectare, alors qu’il faudrait passer à 30 kg, pour changer notablement le rendement de son agriculture.
L’autre question qui s’impose est l’adaptation des paysans au changement climatique qui est déjà ressenti en Afrique et qu’il faut maîtriser pour réussir la transformation de l’agriculture africaine.
Enfin un problème qui vient de surgir est l’utilisation massive de terres agricoles pour la production d’agrocarburants avec l’achat de terres africaines par des opérateurs étrangers. Dans un rapport publié le mois dernier, l’ONG Les Amis de la Terre affirme que 4,5 millions d’hectares de terre sont sur le point d’être acquis par des investisseurs étrangers afin de produire des agrocarburants destinés au marché européen, alors que le continent africain est déficitaire en produits alimentaires.
L’Afrique importe 40% de son alimentation, faute d’échanges régionaux et d’une protection aux frontières de ses cultures vivrières. Ceci pose le problème de la libéralisation des échanges alors que les accords de l’Organisation Mondiale du Commerce suppriment la protection aux frontières.
Parmi toutes les difficultés à surmonter, la plus rude risque d’être l’adaptation d’une agriculture naissante au changement climatique.