L’industrie allemande pourrait supporter la taxe sur les combustibles
L’industrie pourrait supporter la taxe sur les éléments combustibles si le prix de l’électricité ne baisse pas
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/64242.htm
La taxe sur les éléments combustibles [1] discutée actuellement au sein du gouvernement pourrait être supportée par les groupes électriques, à condition que le prix de l’électricité reste stable. Une nouvelle étude de l’Institut allemand de recherche économique (DIW) démontre que si l’exploitation de toutes les centrales nucléaires était prolongée en Allemagne [2] et que le prix de l’électricité restait stable à 6,5 c euros / kWh, le bénéfice supplémentaire annuel pour les groupes énergétiques atteindrait environ 6,4 milliards d’euros, ce qui laisse une grande marge pour une taxe sur les combustibles.
Les politiques discutent actuellement d’imposer, outre la taxe sur les éléments combustibles, une taxe supplémentaire spéciale pour les exploitants, qui serait liée à une prolongation de la période d’exploitation des centrales nucléaires. Cette taxe devrait, de même que la taxe sur les éléments combustibles, générer des gains supplémentaires, de l’ordre de 2,3 milliards d’euros. « Si le prix de l’électricité ne baisse pas trop, les exploitants pourraient dépenser à la fois une taxe sur les combustibles et la taxe spéciale », affirme Claudia Kemfert, chef du département énergétique au DIW de Berlin et professeur d’économie énergétique et de développement durable à l’école de gouvernance Hertie. « Ils profiteraient encore d’une prolongation des exploitations des centrales nucléaires », ajoute-t-elle.
L’experte énergéticienne a calculé divers scénarios [3] avec différents prix de l’électricité, pour parvenir au résultat suivant : si le prix de l’électricité restait constamment bas, à 5 c euros/kWh, les groupes énergétiques ne pourraient plus payer la taxe supplémentaire, car après déduction de la taxe sur les éléments combustibles, il ne resterait plus qu’un bénéfice net de 1,6 milliard d’euros. Claudia Kemfert estime ce scénario invraisemblable : « Il faut plutôt s’attendre à une hausse des prix de l’électricité en bourse. L’année dernière, en raison de la crise économique, le prix de gros de l’électricité était faible. Comme l’économie reprend de l’élan, le prix de gros augmente aussi ».
Un prix de 7 c euros/kWh est alors même envisageable, les bénéfices des groupes énergétiques s’élevant ainsi à 7,2 milliards d’euros par an. « Au vu de ces sommes, il est compréhensible que l’Etat souhaite lui aussi recevoir une grande part du gâteau », affirme Claudia Kemfert.
Les recettes de cette taxe supplémentaire doivent être utilisées pour l’assainissement des centres de stockage de déchets nucléaires existants et pour la restructuration du système énergétique. « L’Etat doit comprendre cependant que la taxe sur les éléments combustibles et la taxe supplémentaire rendent beaucoup moins attrayante la poursuite de l’exploitation des centrales nucléaires », ajoute Claudia Kemfert. Ceci est en particulier valable pour E.ON, EnBW et RWE qui produisent ensemble plus de 90% de l’électricité nucléaire.
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[1] D’après la coalition du Gouvernement fédéral, cette taxe sur les combustibles consiste en une participation financière des groupes énergétiques, pour investir une partie des bénéfices liés à l’allongement de l’exploitation des centrales dans un fonds finançant le développement des énergies renouvelables (EnR) ou une baisse des prix de l’électricité.
Source : BE Allemagne numéro 493 (26/08/2010) – Ambassade de France en Allemagne / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/64242.htm