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La Réunion veut produire son propre carburant

C’est ce type de serres que Bioalgostral compte développer dans l’île

Le projet de produire un biocarburant à base de micro-algues dans l’île vient de franchir une étape importante après la signature d’un partenariat entre Bioalgostral et la société allemande IVG GmbH. Celle qui a fait décoller récemment un avion 100% avec cet algodiesel. Un démonstrateur pré-industriel pourrait sortir de terre courant 2011. D’ici là, la Réunion aura déjà produit ses premiers litres…

Ne pas brûler les étapes, mais aller vite. Dans ce secteur, la concurrence est mondiale et l’enjeu de taille : produire les carburants verts de demain. En seulement deux ans, la start-up réunionnaise Bioalgostral est passée du stade de la recherche à celui de la pré-industrialisation en signant récemment un partenariat avec un précurseur en matière de biocarburants issus de micro-algues, l’allemand IVG GmbH. La société a été la première à produire un algo-diesel via une technologie industrielle brevetée (utilisation de photobioréacteurs) et à prouver son efficacité en collaboration avec EADS en faisant voler en juin dernier un bi-moteur alimenté à 100% par un algo-diesel (sans modification moteur). L’un de ses chercheurs, Otto Pulz, est considéré comme le “pape” de cette technologie. Il était dans l’île la semaine dernière avec une délégation allemande. L’objectif d’IVG GmbH est désormais tout trouvé : faire décoller un long courrier. Et si ce jour-là, c’est un algo diesel réunionnais qui réussissait ce pari ?

Appel au grand emprunt

Pourquoi pas, tous les espoirs étant permis par ce nouveau partenariat. La relation est jugée “gagnant gagnant” : l’un apporte un procédé industriel maîtrisé, l’autre une technologie de production d’algo-diesel révolutionnaire car couplée à une station d’épuration (notre édition du 18 janvier 2010). Une technologie présentant l’avantage de diminuer le coût de fabrication de l’ordre de 40% par une indépendance totale à l’engrais (C02, nitrate et potassium sont fournis par l’eau usée et la méthanisation). Le partenariat offre à IVG GmbH la possibilité de s’implanter à la Réunion, reconnue comme l’un des meilleurs sites de production de micro-algues au monde. Les deux partenaires multiplient les rencontres avec les institutions de l’île (préfecture, Région…), mais également avec des industriels locaux prêts à investir dans cette technologie. Objectif : le financement d’un démonstrateur de dimension pré-industrielle à l’horizon 2011 (de l’ordre de 5 à 10 ha). D’abord plus “modeste”, l’investissement porte désormais sur “plusieurs millions d’euros”. Bioalgostral a déjà créé un consortium avec de grands motoristes européens (le secret est bien gardé) et ambitionne de compléter le financement pour moitié par une aide publique en faisant appel au grand emprunt du gouvernement. On se souvient que lors de son dernier déplacement dans l’île, Nicolas Sarkozy avait appelé au développement endogène des Dom et donc de la Réunion. L’État pourrait donc voir d’un bon œil le développement de la filière dans l’île. Tout en soutenant un autre projet de production d’algo-diesel développé en métropole portant sur la production d’algues en bassins ouverts. Une technologie présentant cependant des handicaps vis-à-vis de la technologie Réunionnaise quant au rendement : 100 à 170g de micro-algues au m2 et par jour, contre 20 g au m2 et par jour pour les bassins ouverts. Ces derniers doivent donc compenser par de grandes surfaces (de l’ordre de 200 ha), à la différence de la Réunion, également ensoleillée toute l’année à la différence de l’Europe. Plus proche de nous, la start-up vient de réceptionner un conteneur transformé en laboratoire équipé de quatre photobioréacteurs. Un autre, développé par IGV GmbH arrivera en décembre. Ils produiront les premiers litres de son algo-diesel appelé ensuite à être testé dans des bancs d’essai en métropole ou dans l’île. À terme, la société ambitionne de répondre localement à l’obligation européenne d’incorporer 5,75% de biocarburant dans les carburants classiques. Un pourcentage appelé à passer à 10% en 2017. Et pourquoi pas répondre à l’ensemble de la demande en diesel – au côté de la voiture électrique – à l’horizon 2030 ? Si on n’en est pas encore là, Bioalgostral n’en espère pas moins…

P.Madubost

Source : www.clicanoo.re du 18 août 2010