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Le Sénat Français veut encourager la consommation de pétrole et l’aggravation du changement climatique !

L’énergie est là, partout autour de nous, renouvelable, il suffit de la récolter – Eoliennes de Fruges, soleil, forêt, eau et agriculture – Photo Xavier Douard

En France, suite aux déclarations du premier ministre Edouard Philippe, ce 14 novembre 2018, confirmant la calendrier d’augmentation de la taxe sur les énergies fossiles, la TICPE (Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Energétique) ou désormais communément appelée taxe carbone, la commission des affaires économiques du Sénat juge impératif de geler cette taxe à son niveau de 2018. Le Sénat juge que la double accélération décidée par le Gouvernement l’an dernier, qui portait à la fois sur la taxe carbone et sur la convergence des fiscalités de l’essence et du diesel, fait peser déjà assez sur le pouvoir d’achat des Français et sur la compétitivité des entreprises sans qu’il faille encore y ajouter. Selon le Sénat ce sont 46 milliards d’euros supplémentaires qui seront prélevés sur la richesse nationale.

Le gel de la taxe sera ainsi défendu par Daniel Gremillet lors de l’examen de la première partie du budget 2019. En parallèle, la commission du Sénat a adopté plusieurs amendements destinés à muscler les mesures de compensation et d’aide à la transition pour nos concitoyens, pour les secteurs économiques et pour les territoires les plus impactés, des mesures comme par exemple un soutien renforcé de 100 millions au fonds chaleur pour 2019.

Doit-on en rire ou en pleurer ?

D’un côté le Sénat veut supprimer plusieurs milliards de taxes fort utiles à la transition énergétique et surtout à l’incitation à la transition, pour pouvoir continuer à acheter du pétrole et du gaz à l’étranger, et d’un autre côté, en bon prince, propose de n’accorder en compensation que 100 millions au Fonds Chaleur, lui que est déjà si petit !!!!

La commission des affaires économiques du Sénat oublie que favoriser la consommation des énergies fossiles c’est encourager le déficit de la balance commerciale française due aux énergies fossiles, un déficit abyssal qui fluctue selon les cours du pétrole et du gaz naturel entre 40 et 70 milliards d’euros par an, une fuite de richesse colossale et renouvelée tous les ans depuis des décennies.

La commission des affaires économiques du Sénat oublie aussi que la maison brûle. Que se passera-t-il dans 3, 5 ou 10 ans lorsqu’il ne pleuvra plus suffisamment en France, accroitront nous aussi le déficit de la balance commerciale alimentaire ? Que se passera-t-il lors que notre pays sera frappé par des catastrophes dites naturelles dont nous avons eu des avant-goûts cet été, et dont le coût se chiffrera en centaines de millions puis en milliards d’euros par an ? Où sera la richesse à ce moment-là ?

Sénateurs et Sénatrices, votre réaction est pathétique, quel manque de clairvoyance et de stratégie, quelle irresponsabilité historique ! Regardez autour de vous, la Californie, le Portugal, la Grèce et même la Suède cette année : la terre brûle partout désormais, l’an dernier c’était en France, avez-vous déjà oublié ? La chaleur fait fondre les derniers glaciers de notre pays et comment alors sera alimenté le canal de Provence l’été pour l’irrigation des cultures lorsque la neige éternelle aura totalement disparu des Alpes du Sud dans quelques petites années, etc , etc… tout ceci est maintenant parfaitement connu sauf pour ceux qui ne veulent ni voir ni entendre.

Au lieu de jouer sur le très court terme, celui des prochaines échéances électorales, ayez un peu de courage politique, travaillez un peu les solutions durables, solides, favorisant vraiment les énergies renouvelables créatrices d’emplois. Qui va payer la rénovation énergétique des bâtiments si l’Etat n’a pas de budget pour cela ? Tous les spécialistes, y compris même désormais les grands groupes énergétiques comme Engie, savent parfaitement que le salut global de notre économie passe par la conjonction d’une forte réduction des consommations, par la rénovation énergétique par exemple, et d’un recours complet aux énergies renouvelables. Car avec une forte baisse des consommations, les énergies renouvelables seront alors suffisantes pour couvrir la totalité des besoins énergétiques du pays, et pas en 2100, mais dès 2050, comme l’ont montré les projections récentes sur le gaz 100 % renouvelable par exemple. Mais pour cela il faut une fiscalité qui le permette.

Et enfin, pour ceux de mauvaise foi qui prêtent volontiers crédit aux idées fausses colportées par les électriciens, les énergies renouvelables ne sont pas intermittentes par nature, seules pour l’instant le sont encore l’électricité éolienne et photovoltaïque, une branche de la filière qui représente qu’à peine plus de 10% de la production d’énergie renouvelable en France. La transition énergétique totale est parfaitement possible d’ici 20 à 30 ans, sans risque de rupture d’alimentation énergétique et sans besoin de stockage au coût prohibitif. Les pays qui y parviendront les premiers seront alors les premiers à bénéficier de manière pérenne d’une énergie nationale bon marché et disposeront alors de la meilleure compétitivité économique possible. Alors, chère commission des affaires économiques du Sénat, ceci ne vous semble-t’il pas mieux pour la préservation de la richesse nationale que de continuer à exporter stupidement notre richesse en important des énergies fossiles ?

Frédéric Douard