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Les plans de protection des forêts françaises contre les incendies ignorent les atouts du bois-énergie

Forêt incendiée dans le sud de la France, faute de valorisation des petits bois, photo Frédéric Douard

En France, le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) a pour mission d’assister les ministres dans l’exercice de leurs attributions en participant à la conception, au suivi et à l’évaluation des politiques publiques qui concernent son champ de compétence. En mai 2018, le CGAAER a rendu un rapport consistant à analyser les plans en vigueur de protection des forêts contre les incendies (PPFCI) et de proposer le cadre type dans lequel devront s’inscrire les prochains plans.

La valorisation de la forêt, des espaces et des produits forestiers est ressortie, et à juste titre, comme un axe prioritaire des propositions de ce rapport. Le rapport déclare ainsi : « Le PPFCI doit enfin s’attaquer à une cause structurelle particulièrement présente en zone méditerranéenne : le très faible rapport économique de la forêt. À la différence de la forêt d’Aquitaine dont l’exploitation et la gestion économique constituent un atout de protection, la forêt méditerranéenne est peu investie par ses propriétaires, peu exploitée, peu cultivée « .

Et le rapport de préciser : « Le PPFCI doit donc comporter un objectif de valorisation de la forêt, des espaces et des produits forestiers selon trois modes d’action :

  1. identifier, et localiser à l’échelle départementale, les coupures stratégiques inter-massifs, en particulier les espaces abandonnés par l’agriculture et les espaces concernés par les Autres feux de l’espace rural et péri-urbain (AFERPU), et y bâtir avec les représentants du monde agricole les opérations de mise en valeur couplant un intérêt DFCI avéré et une opportunité agricole réelle. Ces opérations devront se traduire par la conclusion d’un contrat garantissant, dans la durée, d’une part, la viabilité DFCI de l’équipement, d’autre part, la faisabilité agronomique et la viabilité financière pour les exploitants agricoles (vigne, oliviers, chênes truffiers, élevage ou agropastoralisme…). Dans le cadre d’une coopération avec la chambre d’agriculture, il est souhaitable que ces opérations puissent émarger aux mesures du PDRR ;
  2. identifier, et localiser sur les plans de massif, les coupures de combustibles intra-massifs à intérêt DFCI et y développer le même type d’aménagements qu’indiqué ci-dessus ;
  3. identifier enfin, avec le CRPF et les syndicats de propriétaires forestiers pour les forêts privées, avec l’ONF et les communes pour les forêts des collectivités, les territoires forestiers où il s’agira d’accroître, en gestion directe ou à travers le regroupement de propriétés forestières, les surfaces bénéficiant d’une gestion forestière durable et d’y mettre en oeuvre une sylviculture conjuguant DFCI, renouvellement des peuplements et valorisation des produits forestiers. »

MAIS il faut lire le rapport jusque la page 17 (sur 25), pour y trouver, une seule fois et entre parenthèses, le mot bois-énergie alors que c’est l’une des valorisations clé dans la lutte contre les incendies de forêts, puisque c’est l’une des seules valorisations possibles pour les petits bois et les bois de débroussaillage !!!!

Alors pourquoi tant d’ignorance de la part des fonctionnaires du ministère de l’agriculture pour la valorisation énergétique du bois, à moins que ce soit du mépris pour une valorisation que l’administration hiérarchise toujours en dernière position ? Le choses doivent changer, les mentalités aussi et les responsables de ce pays doivent entendre que l’énergie n’est pas la dernière roue du carrosse, car elle coûte à la France de 50 et 75 milliards d’euros par an d’importations selon les années, des importations de combustibles fossiles de surcroit !

>> télécharger le rapport

Frédéric Douard