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Les gaz renouvelables, mieux que le tout électrique pour réussir la transition énergétique

Editorial du Bioénergie International n°54 de mars-avril 2018

Selon une étude publiée le 22 février 2018 par le consortium Gas for Climate, les gaz renouvelables pourraient jouer un rôle prépondérant en Europe pour parvenir à des émissions de gaz à effet de serre nulles d’ici 2050 et atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.

Un tournant idéologique dans la transition énergétique : la fin du tout électrique renouvelable

Le rapport montre qu’il est possible d’augmenter la production de gaz renouvelables (biométhane et hydrogène renouvelable) d’ici 2050 de plus de 120 milliards de mètres cubes par an. Le potentiel de biométhane est fondé sur un scénario conservateur d’utilisation durable de la biomasse en Europe.

Selon le rapport, si un quart de la demande actuelle de gaz était couverte par la production de gaz d’origine renouvelable d’ici 2050, en utilisant les infrastructures gazières existantes, l’Union européenne économiserait même 140 milliards d’euros chaque année, en comparaison avec un scénario fondé sur une électrification totale. Ces économies seraient principalement réalisées par la limitation des pics de demande d’électricité, et donc des besoins d’investissement dans les capacités de production de pointe et dans la construction de nouvelles infrastructures nécessaires pour gérer ces capacités.

Retour à un paradigme de réalité : la biomasse et le gaz renouvelable, vecteurs les moins chers pour stocker l’énergie renouvelable

L’arrivée de la solution globale du gaz renouvelable, aux côtés d’une filière bioénergie représentant déjà plus de 63 % des énergies renouvelables en Europe, est une véritable bombe politique qui remet en place le dogme électrique (tout PV et éolien), les velléités hégémoniques des électriciens depuis des décennies sur les renouvelables et l’idée comme quoi la transition énergétique sera forcément électrique et coûteuse !

Le gaz renouvelable est un vecteur qui fait la synthèse entre les sources d’énergie solides, gazeuses et électriques renouvelables ! Fini l’impérieuse nécessité de batteries polluantes et coûteuses pour le stockage d’électricité, la solution est bien plus simple : produire du gaz stockable à partir de la biomasse (par méthanisation ou gazéification) ou à partir de l’électricité renouvelable excédentaire par l’électrolyse de l’eau. L’électrolyse met à disposition de l’hydrogène pour alimenter les piles à combustible des futurs véhicules électriques par exemple, ou pour produire du méthane en recyclant au passage le CO2 émis par la combustion.

Des filières plus économiques et plus sûres que le réseau électrique seul

La filière gaz renouvelable, tout comme la filière bioénergie, permet d’envisager une production massive d’énergie à bas coût sur la base des infrastructures actuelles, tant en transport, en stockage qu’en génération de l’énergie.

Du côté de la sûreté énergétique, quoi de plus facile aujourd’hui (terrorisme ou catastrophes « naturelles ») que de faire disjoncter n’importe quelle région ou pays dont le système n’est basé que sur un réseau électrique centralisé et en équilibre instable permanent ? À côté de cela, les applications thermiques directes et les productions électriques thermiques sont autonomes, décentralisées, en équilibre stable et donc globalement beaucoup plus difficiles à déstabiliser.

La montée à venir du gaz renouvelable, et la reconnaissance de la dimension stratégique des biomasses en termes de stockage, de disponibilité et de sûreté est une véritable révolution culturelle, alors que depuis 30 ans en matière d’énergie renouvelable, on ne jurait que par l’électricité !

L’étude est disponible en anglais sur le site www.gasforclimate2050.eu

Frédéric Douard