Guide pour les élus français pour le traitement des déchets
Le 28 juin 2010, le rapport d’information intitulé « Traitement des ordures ménagères : quels choix pour demain ? » était adopté à l’unanimité par les sénateurs. Un rapport émanant de la mission commune d’information (créée à la demande du groupe de l’Union Centriste) qui se veut un « guide d’aide à la décision » des élus. Et si cette mission a été présidée par le sénateur UMP des Yvelines, Dominique Braye, c’est le sénateur centriste lot-et-garonnais, Daniel Soulage, qui en a été le rapporteur.
« La mission a procédé à un grand nombre de déplacements et d’auditions afin de mesurer les réussites et difficultés de mise en œuvre des différentes techniques pouvant entrer dans la chaîne du traitement des déchets ménagers », explique en préambule, Daniel Soulage. « Nous en avons sorti une grille d’analyse qui peut être un outil intéressant pour les élus et les collectivités qui doivent investir dans des installations. »
La méthanisation et le tri mécano-biologique
Le rapport de la mission sénatoriale relativise la pertinence de l’engouement manifesté pour la méthanisation et le tri mécano-biologique. « Il faut savoir que la partie fermenticide des déchets traitée par la méthanisation ne concerne que 25 % des déchets ménagers. Et pour que ce procédé fonctionne, il faut un flux homogène et continu de déchets avec, en amont, un vrai travail de préparation. Au cours de nos déplacements, nous avons constaté que de nombreuses installations coûteuses de ce type se soldaient par un échec. »
Le guide à la décision préconise donc une étude comparative des coûts et bénéfices environnementaux avant d’engager de lourds investissements. « Sans compter que les bilans énergétiques restent encore à confirmer. On se rend compte qu’on dépense plus d’énergie (en terme quantitatif) que l’on n’en produit », précise l’élu lot-et-garonnais.
Quant au tri mécano-biologique effectué en amont de la méthanisation, il est également abordé avec une certaine prudence. « Il ne permet pas encore (et ce, contrairement à ce qui est pratiqué et accepté en France) de produire un compost agricole acceptable. La méthode reste pertinente pour un compost non agricole. Sans compter que se lancer dans une telle installation coûteuse est un risque au regard des évolutions des normes européennes qui vont inévitablement devenir plus exigeantes. »
Oui à l’incinération et à l’enfouissement
Lorsque l’on lâche le mot « incinération », l’opinion publique se hérisse et le spectre des dioxines et de leurs dangers sur la santé humaine est brandi. « Oui, cette méthode paie le prix de son inadaptation passée. Aujourd’hui, la sécurité sanitaire des installations est garantie par une réglementation et des contrôles drastiques et la méthode est une opportunité à saisir pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et pour produire de l’énergie », argumente Daniel Soulage. Et contrairement également aux idées reçues, l’usine d’incinération est plus rentable économiquement en matière de production énergétique lorsqu’elle est installée en milieu urbain autrement dit à proximité d’un réseau de chaleur urbain ou d’industries consommatrices de vapeur.
Et pour compléter la méthode, l’enfouissement des déchets ultimes apparaît également la solution la plus adéquate, selon le rapport.
« C’est surtout une technique inévitable et particulièrement adaptée aux territoires ruraux. D’un point de vue écologique, sa pertinence est suspendue à la nécessité de capter les biogaz notamment via des bioréacteurs qui vont permettre de produire chaleur et électricité », fait remarquer le rapporteur. « Bien évidemment, la diminution des quantités de déchets enfouis constitue une priorité. Incinération et stockage ne sont pertinents que si, en amont, on travaille sur l’écoconception et la collecte. »
La collecte pour les gros producteurs
Le rapport souligne donc la nécessité de poursuivre et renforcer l’éducation aux changements de comportement des futures générations en matière d’éco-emballages et ce, en sensibilisant les jeunes consommateurs aux produits affichant un effort réel en la matière. « Quant à la collecte sélective des déchets organiques, elle apparaît comme une option à retenir avec précaution pour les ménages. On se retrouve confronté en milieu urbain à des difficultés d’organisation et d’acceptation sociale et en milieu rural à des coûts élevés en matière de transport et le tout pour des quantités captées faibles. C’est pourquoi nous la préconisons plus facilement pour des gros producteurs », conclut le sénateur lot-et-garonnais.
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