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La Réunion : des bus hybrides en attendant le biogaz

Un bus hybride Solaris Urbino de ce type, le premier de l’île, prendra les couleurs de la Citalis mi-septembre

En pleine ébullition pour cause de Trans Eco express, la Région et toutes les autorités de transports de La Réunion auront les yeux braqués sur le réseau Citalis. La Sodiparc, qui gère le réseau de la Cinor, attend mi-septembre le premier bus hybride de l’île. Ce matériel doit encore faire ses preuves en attendant des bus totalement écologiques roulant peut-être au biogaz.

La Sodiparc, qui gère le réseau Citalis pour le compte de la Cinor, réceptionne mi-septembre le tout premier bus hybride de La Réunion. Ce matériel roulant, tout droit sorti des chaînes de montage du polonais Solaris, est déjà testé à Strasbourg et en île de France depuis presque deux ans. Ce n’est pas encore du bus propre mais son empreinte carbone est tout de même largement réduite. Il émet moins de gaz à effet de serre (*) puisque l’utilisation du moteur diesel est réduite. Au final, le gain en carburant consommé serait d’entre 18 % et 24 % selon le constructeur. “Dans la réalité, on serait plus proche du 15 % sur un réseau comme le nôtre, signale David Hoarau, directeur d’exploitation de la Sodiparc. Ce qui n’est tout de même pas négligeable”. Sur une facture annuelle de 1,6 million d’euros de diesel (une soixantaine de bus), la Sodiparc économiserait donc si tout son parc était hybride 240 000 euros par an.

Reste que l’investissement de départ est nettement supérieur (environ 35 %) par rapport à un bus totalement thermique. La note dépasse les 300 000 euros pour une unité contre 200 000 à 220 000 euros pour un bus normal. La Sodiparc, qui a profité d’un lot de cinq bus à renouveler pour acquérir ce dernier, veut donc tester finement le matériel sur Saint-Denis afin de “s’assurer que le jeu en vaut la chandelle”. Ce matériel va devoir faire ses preuves “d’ici le premier trimestre 2011”, avance David Hoarau. C’est à ce moment-là que la Sodiparc passera une nouvelle commande dans le cadre du renouvellement de sa flotte.

“Un potentiel énorme”

En pleine ébullition pour cause de Trans Eco Express, le test sera suivi de très près par les quatre autres autorités organisatrices des transports (intercommunalités et Département). La Région ne manquera pas une miette non plus. Elle a d’ailleurs annoncé un coup de pouce -encore à déterminer- pour le renouvellement des flottes s’équipant en bus propres, notamment hybrides. Mais cette technologie n’est qu’une étape intermédiaire avant que des bus totalement propres prennent le dessus. David Hoarau en est convaincu. Ce n’est pas le seul. La Région vient d’ailleurs de mettre 90 000 euros sur la table pour financer une étude permettant de définir une stratégie globale de méthanisation pour produire du biogaz carburant destiné aux bus.

L’Agence régionale de l’énergie Réunion a déjà planché sur cette filière à bâtir. Elle a notamment déjà rendu un rapport au TCO. L’installation d’unités de méthanisation sur les stations d’épuration du Port et de Cambaie permettrait d’alimenter une dizaine de bus d’une centaine de places (500 000 m3 de biogaz par an). Au niveau de l’île, Elodie Grouset, chargée de mission biomasse, estime “le potentiel est énorme entre les déchets verts, les déchets ménagers, les effluents d’élevages, les boues de station d’épuration…” L’agence estime, dans une étude très préliminaire, “largement à approfondir et qui ne prend en compte qu’une partie des gisements”, la production possible de biogaz carburant à 4 millions de m3 en 2020. De quoi alimenter 220 bus de 40 places roulant 60 000 km par an. L’hydrogène constitue une autre voie à explorer. En additionnant toutes ces sources non polluantes, la Région arrivera peut-être à tenir sa promesse de 2 000 bus propres. Mais il faudra pour cela attendre encore quelques années

Bruno Graignic

(*) – 13 % d’oxyde d’azote, – 25,3 % de dioxyde de carbone, – 31,8 % d’hydrocarbures, – 56,4 % de monoxyde.

Source : Clicanoo.com du 5 août 2010