Analyse : le rendement énergétique de la France encore calamiteux en 2016

Bouquet énergétique primaire de France métropolitaine en 2016 (%) – Cliquer sur le diagramme pour l’agrandir.
La consommation d’énergie primaire s’élève à 242,5 Mtep en 2016, en baisse de 2 % sur un an. Le bouquet énergétique primaire réel de la France se compose de 42 % de nucléaire, de 28 % de pétrole, de 16 % de gaz, de 3 % de charbon et de 11 % d’énergies renouvelables et déchets.
La production d’énergie primaire provenant des énergies renouvelables thermiques et de la valorisation des déchets progresse globalement de 5 %. Cette hausse est principalement liée aux besoins de chauffage accrus et est imputable en grande partie aux filières du bois-énergie (+ 5,4 %), énergie renouvelable majoritaire en France, et des pompes à chaleur (+ 18 %), dont le marché – notamment celui des appareils air-air – est en outre en plein essor.

Evolution du solde des importations d’énergie en France en milliards d’euros
La facture des importations énergétiques de la France baisse en 2016, du fait des cours particulièrement bas du pétrole, et s’établit à 32,4 milliards €, une facture qui devrait repartir à la hausse en 2017 à la défaveur des cours du pétrole. Seules une maitrise plus forte des consommations et une production accrue des renouvelables pourraient être à même de réduire cette hémorragie financière.
Le diagramme de Sankey, représenté ci-dessous, illustre qu’en 2016, la France a mobilisé une ressource primaire (fournie par la nature ou les importations) de 253,5 Mtep pour satisfaire une consommation finale (corrigée des variations climatiques) de 150,3 Mtep. La différence est constituée des pertes d’efficacité du système énergétique (92,2 Mtep au total), des exportations nettes d’électricité (3,5 Mtep), des soutes maritimes et aériennes internationales exclues par convention de la consommation finale (7,4 Mtep) et de la correction des variations climatiques (0,1 Mtep au total).
Le « rendement énergétique » de la machine France s’établit donc en 2016 à 63,6 %, ce qui signifie que le pays gaspille encore 36,37 % de l’énergie qu’il consomme par manque d’efficacité, et en immense majorité de par son mode de production électrique par voie thermique sans valorisation de la chaleur résiduelle en sortie de turbines pour l’immense majorité du parc.
Notons que l’efficacité de l’utilisation des renouvelables dispose elle aussi d’une marge de progression « importante » puisqu’elle s’établit en 2016 à 56,7 % seulement, dû notamment à un parc d’appareils de chauffage domestique à bois non encore totalement purgé des vieilles technologies par le dispositif de crédit d’impôt.
Frédéric Douard