Lien de bannissement

Energies renouvelables en France, préservons le consensus national !

Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables, photo Frédéric Douard

Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables, photo Frédéric Douard

Il est une révolution mondiale, douce et silencieuse, qui fait son chemin : la révolution des énergies renouvelables. Portée par un mouvement de baisses des coûts spectaculaires, ces technologies de production d’énergie s’imposent partout dans le monde comme le choix privilégié des États, mais aussi des grandes entreprises pour accroître leur capacité de production d’énergie. Fidèles à nos habitudes gauloises, nous excellons dans l’art de l’autoflagellation sur le sujet en pointant notre incapacité à tenir la comparaison avec nos proches voisins.

S’il est vrai que nous ne sommes pas particulièrement en avance – le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a d’ailleurs identifié les raisons de notre retard –, reconnaissons que les dernières années ont été utiles au secteur qui a vu le redressement du marché de l’éolien, la programmation d’un plan solaire sans précédent et de salutaires initiatives en faveur notre pétrole vert : la biomasse.

Alors, à l’heure de l’élection présidentielle, va-t-on vivre dans l’angoisse d’un grand chamboulement pour nos filières revigorées ? La position de la profession ne fait pas mystère, nous souhaitons un maintien des engagements et des trajectoires. Car finalement, le programme de déploiement des énergies renouvelables est le fruit d’un véritable consensus national, né il y a dix ans avec la loi de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement, poursuivi par la
récente loi de transition énergétique pour la croissance verte.

Objectifs de consommation finale d'énergie renouvelable en France - Cliquer sur l'image pour l'agrandir.

Objectifs de consommation finale d’énergie renouvelable en France – Cliquer sur l’image pour l’agrandir.

Deux quinquennats ont permis de travailler en profondeur les questions difficiles de prospectives énergétiques et les résultats convergent ! A raison d’1 % d’énergies renouvelables supplémentaires chaque année dans la consommation finale d’énergie de 2005 à 2020 (Grenelle) puis de 2020 à 2030 (transition énergétique), la continuité de la vision politique en matière d’énergies renouvelables est un fait.

Il va sans dire qu’ayant pris part aux différentes discussions et concertations depuis cette décennie, le SER, qui plaide régulièrement pour davantage de stabilité
et de lisibilité, appelle les candidats à l’élection présidentielle à inscrire leur politique énergétique sous les auspices du chemin tracé par leurs prédécesseurs, même si l’envie de bousculer l’ordre établi est un réflexe tentant en ces temps troublés.

En tout état de cause, en matière de politique des énergies renouvelables, s’en tenir à un cap dans la durée est une décision particulièrement sage et incontestablement créatrice de valeur. En revanche, charge au/à la prochain(e) président(e) d’outiller le secteur pour tenir les trajectoires de court terme (2018, 2023) dont la réussite est le meilleur gage de succès pour le moyen et le long terme (2030, 2050).

Aussi, nous ne saurions que trop conseiller quelques pistes en la matière, résumées en six propositions :

  • maintenir la programmation pluriannuelle de l’énergie et ses calendriers d’appels d’offres ;
  • renforcer le prix du carbone pour les secteurs diffus et électriques ;
  • flécher prioritairement les financements « investissements d’avenir » vers les projets de stockage, de la digitalisation et les réseaux intelligents ;
  • renforcer les moyens du Fonds chaleur géré par l’Ademe, soutenir les biocarburants après 2020 pour décarboner le secteur du transport et mettre en œuvre une stratégie de développement du biométhane ;
  • poursuivre la simplification des procédures pour les projets d’énergies renouvelables ;
  • concrétiser l’ancrage territorial des énergies renouvelables et le déploiement opérationnel de l’autoconsommation.

Une action résolue pour la mise en œuvre de ces propositions permettra, sans aucun doute, de poursuivre la construction d’un bouquet énergétique équilibré que le consensus national du Grenelle à la loi de transition énergétique a minutieusement bâti.

Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables et Damien Mathon, délégué général – www.enr.fr