La filière française du bois de recyclage en manque cruel de chaufferies !
Les causes sont multiples et concernent autant l’amont que l’aval de la filière :
- La collecte des déchets de bois a fortement cru, notamment du fait de la mise en place et de la montée en puissance de la Responsabilité Elargie du Producteur sur les Meubles, qui a mobilisé l’ensemble des parties prenantes de la filière. En parallèle, le tri à la source et l’amélioration des procédés dans les centres de tri contribuent à augmenter le recyclage et à mettre à disposition des industriels toujours plus de matières premières issues du recyclage.
- Elles se valorisent principalement dans deux filières complémentaires : la filière matière auprès des fabricants de panneaux de particules et la filière énergie des chaufferies et chaudières bois.
La filière de fabrication des panneaux de particules, malgré d’importants investissements pour intégrer des matières premières de recyclage dans leur processus, est aujourd’hui saturée. Elle est en effet confrontée à une décroissance de la vente de meubles et de l’activité du bâtiment qui sont leurs principaux marchés. En outre, certains panneautiers ont subi des accidents ces derniers mois, qui ont conduit à des arrêts temporaires ou prolongés de production et donc des baisses de consommation de bois de recyclage.
La filière bois-énergie quant à elle est aujourd’hui également saturée car trop peu développée. En effet, la valorisation énergétique des bois de recyclage est aujourd’hui sous-dimensionnée en France par rapport à la quantité de bois de recyclage disponible.
Pour ces raisons, structurelles ou exceptionnelles, le marché est et restera à court et moyen terme saturé, les solutions de valorisation étant saturées (bois matière) ou trop peu nombreuses (bois-énergie) pour absorber l’ensemble de la production française de bois de recyclage.
Les entreprises de recyclage sont donc dans l’obligation d’envisager des exportations massives de combustibles vers des pays européens mieux équipés (mais aujourd’hui également bien saturés). La France contribue ainsi aux objectifs nationaux de consommation d’énergie renouvelable de ses voisins, plutôt qu’aux siens, en sous-utilisant une énergie 100% renouvelable et disponible !
Aujourd’hui, les entreprises françaises du recyclage, à court de solutions, ont alerté le Ministère de l’Environnement sur les risques que présentent les sur-stocks dans leurs exploitations. Compte tenu de l’urgence, elles estiment que la responsabilité de l’Etat pourrait être engagée en cas d’accident. En outre, le moment arrive où les exploitations ne pourront plus assurer les enlèvements dans les déchèteries des collectivités. Dans ce cas, les déchetteries engorgées du fait de l’arrêt des évacuations, seraient contraintes de refuser leur accès durant une période indéterminée.
Parallèlement, FEDEREC travaille activement à des solutions de long terme permettant de développer les filières de valorisation matière et énergétiques permettant une exploitation plus performante de la matière première de recyclage issue de bois B.
Il est donc devenu urgent en France de monter de nouvelles chaufferies industrielles et collectives capables de valoriser les bois de recyclage de classes A et B, afin d’éviter un grand gaspillage de combustible et de progresser vers une transition énergétique effective.
Contact : FEDEREC, 101, rue de Prony – 75017 Paris – 01 40 54 01 94 – accueil@federec.com
Frédéric Douard