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Etats-Unis : objectifs de production de biocarburants pour 2022

Panic érigé, Brett Hampton, USDA, service de recherche agricole, photo USDA

Panic érigé, Brett Hampton, USDA, service de recherche agricole, photo USDA

En 2009 les Etats-Unis ont produit près de 40,63 milliards de litres d’éthanol, essentiellement à partir d’amidon de maïs et espèrent que pour 2010 la production atteindra les 45 milliards . Il est important de rappeler que le « Renewable Fuels Standard » (RFS2) fixe les objectifs de production à 137 milliards de litres de biocarburant par an d’ici 2022.

Dans ce contexte, l’USDA (United States Department of Agriculture) vient de publier, le 23 juin 2010, un rapport fournissant des informations sur les capacités actuelles de production et de consommation de biocarburant ainsi que sur les objectifs à atteindre (productivité, recherches sur les matières premières et les procédés de transformation, mise en place des infrastructures) dans le cadre du RFS2. Le Ministre de l’Agriculture, Tom Vilsack, met notamment l’accent sur la mise en place de stratégies régionales pour le développement des biocarburants de seconde génération, ce qui permettrait d’augmenter la production, la mercatique et la distribution.

Le présent rapport met également l’accent sur le fait que les Etats-Unis seraient capables de produire une large gamme de matières premières pour la production de biocarburant. En effet, l’éthanol, produit à partir de grains de maïs et le biodiesel obtenu notamment à partir d’huile de soja sont les seules formes de biocarburants produites aux Etats-Unis à une échelle commerciale. Le sol américain dispose de 201 infrastructures productrices d’éthanol et 168 produisant du biodiesel actuellement en activité. La majorité des bioraffineries sont localisées dans la région centre-est du pays, comprenant principalement l’Iowa, le Nebraska, l’Illinois, le Minnesota, le Dakota du sud et l’Ohio. L’éthanol obtenu à partir de maïs n’est pas considéré comme un carburant issu des technologies les plus avancées selon les standards du RFS2. De ce fait il ne peut contribuer qu’à hauteur de 57 milliards de litres au maximum pour les objectifs de production fixé par le RFS2.

Les Etats-Unis seraient bientôt en mesure d’assurer cette capacité de production de 57 milliards de litres de bioéthanol obtenu à partir d’amidon de maïs. Il resterait donc 80 milliards de litres à produire pour atteindre les objectifs fixés par le RFS2. Pour ce faire, les Etats-Unis comptent sur une production de 4 milliards de litres de biodiesel et les 76 milliards restant devraient provenir de biocarburants cellulosiques et d’autres biocarburants de troisième génération.

Sur la base des conditions agronomiques régionales, la région centre-est des Etats-Unis détiendrait le plus grand potentiel pour augmenter sa production actuelle. En effet, sa production de sorgho, soja et autres cultures lui assure une capacité de production annuelle de 45 milliards de litres par an d’éthanol conventionnel et de 19 milliards de litres par an de biodiesel. Elle est suivie dans l’ordre par le sud-est, le nord-ouest, le nord-est et l’ouest, régions qui, selon les prévisions, contribueront à moins de 1% dans les objectifs de production des 80 milliards de litres de biocarburants issus de technologies avancées d’ici 2022.

Pour atteindre de tels objectifs de production, notamment pour les biocarburants cellulosiques, le rapport conclut à la nécessité d’une intensification rapide des capacités de production et de l’engagement d’investissements importants. Pour ce faire, l’USDA estime que pour atteindre les objectifs de production fixés par le RFS2, 527 bioraffineries d’une capacité annuelle de 40 millions de gallons par an doivent être construites, ce qui représente un coût de 168 milliards de dollars.

Des infrastructures sont notamment nécessaires et plus spécifiquement des pompes mélangeuses mais également une augmentation du réseau de transport ferroviaire et routier. Pour cela, le RFA s’est joint à l’ACE (American Coalition for Ethanol ») pour la campagne « Blend Your Own » qui vise à l’installation de près de 5.000 pompes mélangeuses au cours des trois années à venir. De plus, le RFA a soutenu la législation qui mandate la vente de véhicules polycarburants (Flexible Fuel Vehicles : FFVs) qui sont capables d’utiliser jusqu’à 85% d’éthanol comme carburant. On recense actuellement entre 8 et 8,5 millions de véhicules de ce type sur les routes nord américaines, ce qui représente environ 3,5% de la totalité des véhicules.

Dans le but de développer la diversité des sources de matières premières utilisées pour la production de biocarburant, l’USDA lance des appels pour plus d’investissements en recherche et développement, et notamment sur les matières premières potentielles (le switchgrass ou panic érigé, les huiles de soja, de maïs, les résidus des cultures, la biomasse ligno-cellulosique, …) ; la production durable et les systèmes de gestion (utilisation des sols) ; les technologies de conversion efficaces et les bioproduits à haute valeur ajoutée ainsi que le support à la décision et les outils d’analyse politique.

Ce nouveau rapport fournit également des données sur l’impact significatif que l’industrie de l’éthanol aura sur la création d’emplois. Selon les estimations près de 40 emplois directs et des emplois additionnels indirects seraient créés pour chaque installation produisant 380 millions de litres d’éthanol par an. L’USDA prévoit de plus d’adopter des stratégies régionales qui permettraient la mise en service de bioraffineries dans des zones en difficultés économiques en tirant profit des ressources régionales en matière de transport, de main d’oeuvre et de matières premières.

Dans le but d’atteindre ces objectifs de production, et en ce qui concerne la production de bioéthanol à partir de maïs, il sera nécessaire que le gouvernement fédéral continue d’accorder des crédits d’impôts et que l’EPA permette l’adoption de la loi pour l’augmentation du pourcentage d’éthanol mélangé à l’essence [2]. Pour la production d’éthanol cellulosique, les recherches en R&D pour l’optimisation des procédés de transformation des diverses sources de matières premières exploitables doivent être poursuivies et les financements requis assurés [3]. Il est important de noter que le présent rapport de l’USDA n’est pas exhaustif quant aux matières premières potentielles : il ne tient notamment pas compte des algues, bien que ces biocarburants de troisième génération fassent l’objet de nombreux travaux de R&D soutenus notamment par les états dans le cadre de partenariats publics / privés.

Origine : BE Etats-Unis numéro 214 (2/07/2010) – Ambassade de France aux Etats-Unis

ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/63884.htm