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L’Europe confirme l’objectif de 7 % de biocarburants à 2020

Usine d'éthanol d'Abengoa Bioenergy à Lacq dans les Pyrénées Atlantiques

Usine d’éthanol d’Abengoa Bioenergy à Lacq dans les Pyrénées Atlantiques

Ce 28 avril 2015, le Parlement Européen a adopté, en séance plénière, le projet de directive aménageant le rôle des biocarburants dans les directives Energies Renouvelables et Qualité des Carburants. Ce vote marque la fin de trois années de discussions sur la question des changements d’affectation des sols indirects (CASI) pour la production d’agrocarburants et fera foi pour les 4 à 5 années qui viennent avant le définition des objectifs à 2030.

Une contribution jusqu’à 7% pour les biocarburants conventionnels et un objectif complémentaire de 0,5% pour les biocarburants dits avancés

Le Parlement valide ainsi une contribution jusqu’à 7% en énergie, au lieu de 5% initialement proposés par la Commission, des biocarburants conventionnels dans l’objectif reconfirmé de 10% d’énergie renouvelable dans les transports en 2020. Cette décision ne remet pas en cause la stratégie française en matière de biocarburants, comportant un objectif de 7% de biocarburants conventionnels, séparément dans l’essence et dans le gazole.

La reconnaissance du rôle majeur des biocarburants conventionnels durables dans la décarbonation des transports était un objectif important pour la filière française du bioéthanol qui est leader en Europe avec 32% de la production. Elle a investi un milliard d’Euros depuis 10 ans en France pour produire de l’éthanol dans des bioraffineries à la pointe de la technologie, en synergie avec la fabrication de sucre de betterave, d’amidon de céréales, d’alimentation protéinée pour les animaux ou de CO2 renouvelable pour les boissons gazeuses.

Suivant l’exemple français, où le SP95-­E10 représente déjà 34% des essences sur 2015, ce nouveau cadre doit inciter tous les pays européens à mettre rapidement en place cette essence contenant jusqu’à 10% d’éthanol (soit près de 7% en énergie), pour rattraper le retard pris dans l’atteinte de l’objectif de 10% d’énergie renouvelable dans les transports en 2020.

Enfin, l’introduction d’un objectif incitatif de 0,5% de biocarburants dits avancés, constitue aux yeux de la filière, une décision raisonnable. En effet, pour les filières ligno-­cellulosiques, les procédés industriels destinés à ces productions sont soit en phase de développement, soit ne seront réellement opérationnels et compétitifs qu’à moyen terme. Cependant, il existe des productions de bioéthanol à base de résidus de différentes filières (sucrière, amidonnière ou vinique) qui peuvent partiellement contribuer à cet objectif.

Une directive qui ne satisfait pas totalement le filière du bioéthanol

La filière française du bioéthanol prend acte que des études scientifiques sur l’utilisation des sols, dont les CASI, seront poursuivies, au-­delà des seuls biocarburants (artificialisation des sols, etc.).

Par ailleurs, la filière dénonce les nouveaux artifices comptables, les comptages multiples, qui gonflent la contribution de l’électricité renouvelable à l’objectif de 10% dans les transports. C’est d’autant plus incompréhensible que ces artifices auront pour conséquence le maintien des énergies fossiles, la diminution des quantités d’énergie renouvelable réellement consommées et in fine seront sans effet sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans les transports.

Au delà de 2020, la filière française du bioéthanol appelle les institutions européennes, à poursuivre une politique ambitieuse et incitative sur les biocarburants, en inscrivant notamment un objectif clair d’énergie renouvelable dans les transports pour 2030. La « filière » ajoute que « cette projection est indispensable au bon développement d’une filière créatrice d’emplois locaux, au service de la lutte contre le réchauffement climatique ». A cela on pourra juste répondre que le effets sur les emplois locaux ne seront réellement effectifs que si la filière continue à utiliser des biomasses produites en Europe et ne cède as à la tentation des matières à bas coûts en provenance des pays en voie de développement, là où il est bien difficile de vérifier la durabilté des choses !

Frédéric Douard