Développement d’une filière industrielle biomasse en Russie

Forêt de Carélie Russe. La biomasse est la première source d’énergie renouvelable de Russie.
Ce domaine semble bénéficier en outre d’un plus grand support politique que les autres énergies alternatives. La standardisation technique de cette industrie est bien plus importante que dans les autres : entre 2010 et 2013, 38 standards ont été développés pour cette seule filière, contre 30 pour toutes les autres réunies. Son développement est piloté par un instrument financier dédié « Programme de développement des biotechnologies de la Fédération de Russie à horizon 2020 », qui intègre un plan de croissance de la production des biocombustibles solides : de 3 millions de tonnes en 2010, ce programme fédéral ciblé prévoit de passer à 18 millions en 2020. En parallèle, la surface de plantation d’arbres à croissance rapide doit atteindre les 20.000 ha en 2015, puis les 100.000 ha en 2020.

Chargement d’un bateau de granulés de bois, photo Bellona
Certains aspects restent néanmoins à développer pour consolider cette industrie. En premier lieu, il s’agirait de renforcer la demande intérieure. En effet, à l’heure actuelle, 96% de la production de pellets et 60% des briquettes sont destinées à l’export, notamment vers l’Union Européenne et la république de Corée. La demande intérieure se développe très lentement, et des efforts particuliers doivent encore être faits afin de toucher le marché des chaudières municipales et individuelles. De plus, la Russie a un déficit de compétences dans ce domaine. Les projets développés dans cette filière impliquent des processus nécessitant des hauts rendements thermodynamiques. Les compétences sont encore manquantes à l’heure actuelle en Russie pour développer l’équipement permettant d’arriver aux performances souhaitées, et ceux-ci sont essentiellement produits à l’étranger. Ainsi, les projets dans cette industrie ne s’appuient qu’à hauteur de 40% sur des compétences russes. Enfin, du point de vue de la productivité des plantations, les entreprises russes sont encore très loin des résultats moyens obtenus au Brésil ou en Nouvelle-Zélande : 60 m3/ha/an et 30 m3/ha/an respectivement, contre 1,5 m3/ha/an pour la Russie.
Le déploiement de la plateforme « Biotech 2030 » est également le signe d’un intérêt pour cette filière. Cette plateforme, affiliée au Ministère de l’éducation et de la science, a pour but de soutenir la croissance de l’industrie forestière russe, notamment en renforçant les compétences et les activités de recherche.
Cette plateforme a récemment été à l’origine du projet « Listvenitsa », achevé avec succès en août 2014, et dont le coût de 300 millions en fait le plus ambitieux projet de l’industrie forestière russe depuis 35 ans. Ce projet avait pour but de mettre au point des techniques innovantes de traitement du bois de mélèze. Cette espèce, quoiqu’essentiellement concentrée en Sibérie et en Extrême Orient, est abondante en Russie : le potentiel de production est de 105 millions de mètres cubes par an. Elle est notamment riche en arabinogalactane à l’état de complexes aqueux (liquide), ce qui laisse envisager de nouvelles méthodes de bio-raffinage, et différentes applications, en particulier dans le domaine des bio-combustibles. Ce projet a donné lieu au dépôt de dix-neuf brevets, ouvrant notamment des perspectives dans la production à l’échelle industrielle de pâtes thermomécaniques et chimico-thermomécanique par procédés au sulfate. En juin 2014 était ainsi produit 19.5 tonnes de pâte de grande qualité, contenant entre 30% et 90% de mélèze.
Origine : BE Russie numéro 69 (22/12/2014) – ADIT – www.bulletins-electroniques.com