N’arrachez plus les haies agricoles, elles vont compter dans la nouvelle PAC !

Bocage en Normandie, photo Frédéric Douard
L’agroforesterie consiste tout simplement à associer des arbres avec des cultures et/ou des animaux sur une parcelle agricole. Les formes sont multiples : alignements d’arbres, haies, bosquets, ripisylves, arbres isolés… Si l’idée semble novatrice et continue de surprendre, ces pratiques ont constitué pourtant la norme jusqu’au début du XXe siècle et ce dans la quasi totalité des agricultures paysannes.
Au cours du siècle dernier, les systèmes traditionnels ont fortement régressé, victimes de remembrements excessifs et du passage à des modèles agricoles fondés sur des objectifs de rendements à court terme et le faible coût des énergies fossiles; la modernisation du matériel agricole conjuguée à l’usage des engrais et des produits phytosanitaires, ont conduit à la simplification des systèmes agricoles.
Contrairement aux idées reçues, l’arbre n’est pas un obstacle physique ou une gêne pour les cultures, il est un allié précieux : la présence d’arbres améliore la qualité des sols et leur capacité de stockage en eau. Elle assure une protection climatique et biologique des cultures et des animaux. Ainsi, la productivité globale (cultures+bois) peut augmenter de plus de 30% (étude INRA).

Valorisation énergétique du bois de haies par la CUMA Ecovaloris
Plusieurs leviers existent et méritent d’être développés pour encourager l’essor des pratiques d’agroforesterie :
• Poursuite des travaux de recherche et de construction de références technico-économiques via le réseau mixte technologique dédié à ce sujet ;
• Formation des futurs agriculteurs avec notamment l’implication de plusieurs exploitations des lycées agricoles dans cette voie ;
• Mobilisation de la mesure qui permet de soutenir la mise en place de systèmes agroforestiers au sein du 2ème pilier de la PAC ;
• Une mission du CGAAER chargée d’expertiser les freins et les leviers pour développer les systèmes agroforestiers fera l’objet d’un rapport d’ici la fin de l’année.
Pour ce qui concerne le 1er pilier de la PAC à partir de 2015, il avait déjà été acté que l’agroforesterie et les différents éléments boisés sur les surfaces agricoles ou autour de ces surfaces feraient partie des surfaces d’intérêt écologique, contribuant ainsi à remplir l’un des trois critères permettant d’accéder au « paiement vert ».
En clôture de la journée, Stéphane LE FOLL a de plus annoncé que les haies seront incluses dans l’une des dispositions relatives à la conditionnalité, la bonne condition agricole et environnementale n°7 (BCAE7), qui consiste à maintenir en place certains éléments figurant dans une liste. Les haies seront donc incluses dans cette liste. Les modalités de mise en œuvre précises doivent maintenant être trouvées pour permettre des souplesses de gestion dans des cas justifiés permettant que les haies soient déplacées. L’inclusion des haies dans cette BCAE7 permet de rendre les surfaces correspondantes éligibles aux aides du 1er pilier de la PAC.
Extrait du discours de clôture du Ministre Stéphane Le Foll lors de la journée nationale Agroforesterie, le 1er décembre 2014, sur la place des haies dans la nouvelle Politique Agricole Commune et leur éligibilité comme surfaces d’intérêt écologique.
Pour en savoir plus :
- www.agroforesterie.fr
- Dossier : l’agroforesterie au service du projet agro-écologique sur les territoires
- http://agriculture.gouv.fr/stephane-le-foll-agroforesterie