Lien de bannissement

Revirement pour la filière biogaz allemande

Editorial du Bioénergie International n°34 de novembre-décembre 2014

Installation de méthanisation fonctionnant au maïs en Allemagne, photo MT Energie

Installation de méthanisation fonctionnant au maïs en Allemagne, photo MT Energie

Jusqu’à l’été 2014, la filière biogaz allemande était en émoi, tant le projet de réforme de la loi sur les énergies renouvelables (EEG 2014) s’annonçait en rupture avec la décennie précédente. Puis le couperet est tombé avec l’entrée en vigueur de la version définitive du texte le 1er août 2014. Déjà en septembre, AC Biogas GmbH déposait le bilan. Puis MT-Energie GmbH annonçait son entrée dans une procédure de restructuration appelée ESUG visant à l’assainissement de ses comptes et à la poursuite de son activité.

Alors que se passe-t-il ? Comme vous pourrez le lire de manière plus approfondie dans notre article « La filière biogaz, acteur de la flexibilité électrique en Allemagne« , le contexte réglementaire évoluant, le modèle biogaz allemand en vigueur depuis les années 2000, perd sa rentabilité aux yeux des acteurs et investisseurs dont l’équation économique reposait sur des tarifs de rachats assortis de primes et bonus sur les intrants utilisés, l’épuration du biogaz, etc… 2015 sera donc l’ère des installations <75kW et de celles qui sauront jouer le jeu de la flexibilité.

En effet, l’Allemagne engagée depuis 2011 dans son tournant énergétique depuis son moratoire sur la sortie du nucléaire, confirme sa position, et engage la filière biogaz à relever le défi de la flexibilité électrique pour palier les intermittences de son parc photovoltaïque et éolien. La filière biogaz allemande, c’est tout de même 8000 installations en service à ce jour. Elle dispose là d’un formidable levier pour accroître la flexibilité de son système électrique. Car le gaz nous savons déjà le stocker ! Pour l’électricité, sauf d’origine hydraulique, nous ne savons pas encore comment nous y prendre.

La réforme frappe de plein fouet les constructeurs dépendant des gros projets qui ne verront plus le jour. Sauf si ceux-ci ont su prendre à temps la voie de l’international et exporter leur technologie chez les voisins français par exemple où il y a encore fort à faire, bien que localement il restera bien entendu les marchés du remplacement et de l’entretien du parc existant, et l’adaptation des installations au modèle flexible. Il reste aussi à développer la valorisation de la chaleur, qui était l’un des points faible du système allemand. Pourtant, la revente de chaleur sur un réseau de chaleur existant ou à créer pourrait compléter la rentabilité perdue comparativement à l’ancien système de bonus du tout électrique ou presque.

François Bornschein, directeur de publication