Pour les associations, la loi sur l’énergie ne permettra pas à la France de tenir ses engagements
Les députés viennent de voter en première lecture la loi sur la transition énergétique. Pour le Réseau Action Climat, ce texte, malgré quelques avancées sur la rénovation du bâtiment et le développement des énergies renouvelables, laisse de côté plusieurs secteurs comme les transports, l’efficacité énergétique dans l’industrie et le nucléaire. Globalement, il aligne plusieurs objectifs mais n’inclut que 30% des mesures pour les atteindre d’après le transitiomètre développé par Ecofys pour le CLER, Réseau pour la transition énergétique, et le Réseau Action Climat.
Pour Anne Bringault en charge de la transition énergétique au CLER et au RAC, « Comme l’illustrent le report sine die de l’écotaxe poids lourds et la remise en cause de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, les beaux discours sur la transition énergétique peinent à masquer une politique qui manque de vision et de cohérence. »
« Le transitiomètre est clair : Avec cette loi sur la transition énergétique, la France ne se donne pas les moyens de tenir ses engagements. » Les secteurs consensuels comme la rénovation du bâtiment ou le développement des énergies renouvelables bénéficient de quelques mesures concrètes. En revanche, les domaines où les changements risquent de soulever des oppositions sont oubliés. Face aux corporatismes, le gouvernement cède. Alors que la promesse de réduire la part du nucléaire est mentionnée dans les objectifs, le gouvernement a choisi de laisser EDF décider à sa place de l’évolution du parc nucléaire. De même, malgré le soutien des parlementaires à la progressivité de la contribution climat énergie, le gouvernement a décidé de priver la loi d’un véritable signal prix sur le carbone, pourtant essentiel à la transition énergétique. Par ailleurs, non seulement le gouvernement ne propose rien de concret pour financer la transition énergétique, mais en plus il laisse les banques et le secteur financier continuer leurs investissements dans les énergies les plus polluantes.
Il reste maintenant un an à la France avant la COP 21 pour renforcer le projet de loi avant son adoption finale, mettre en œuvre les mesures annoncées par des décrets et préciser son ambition au travers des budgets carbone et planifications pluri-annuelles de l’énergie. Pour Anne Bringault, « Il reste un peu plus d’un an à la France pour sortir des discours et des annonces contradictoires et passer réellement aux actes en misant sans ambiguïté sur les économies d’énergie et les énergies renouvelables ».
Le transitiomètre sera mis à jour au fil des mesures, décrets et autres décisions prises par le gouvernement jusqu’à fin 2015, donnant ainsi un décryptage sur les moyens mis en face des ambitions.