Lien de bannissement

La méthanisation, complément de revenu pour la ferme de la Richardière à Domsure

Vue de la ferme de Benoît et Christine Drouilhet à Domsure, photo MAAF

Vue de la ferme de Benoît et Christine Drouilhet à Domsure dans l’Ain, photo MAAF

« Certains disaient que ça ne pouvait pas marcher… », se souvient Benoît Drouilhet, éleveur de porcs à Domsure, dans l’Ain. Et pourtant, un mois à peine après le lancement sur sa ferme de l’unité de méthanisation, les résultats sont là : le lisier de porc produit du méthane, et même beaucoup ! Le gaz, obtenu par simple fermentation du lisier, est ensuite brûlé dans un moteur qui produit de l’électricité revendue à EDF et de la chaleur utilisée pour chauffer les bâtiments. 

Le concept bien connu de la méthanisation a ici été adapté à deux contraintes majeures : le volume relativement faible d’effluents à traiter – même s’il s’agit d’un gros élevage – et la nature de cette matière première, composée à 100% de lisier là où on utilise généralement un mélange de divers déchets agricoles.

Olivier Rebaud de Bio4gas devant le cogénérateur de Domsure, photo MAAF

Olivier Rebaud de Bio4gas devant le cogénérateur de Domsure, photo MAAF

Cette innovation est l’œuvre de Bio4gas, une jeune entreprise qui s’est positionnée sur le marché de la méthanisation « à la ferme » par voie liquide, destinée aux exploitations ne pouvant ou ne souhaitant pas se lancer dans des démarches collectives. « L’investissement représente 300 000 à 800 000 euros ce qui est envisageable pour une exploitation de moyenne à grande taille. Et surtout, notre système nécessite très peu d’interventions donc il a peu d’impact sur l’organisation du travail », souligne Olivier Rebaud, associé fondateur de Bio4gas France.
Le système prévoit en effet un remplissage automatique du méthaniseur à partir d’une cuve de stockage. Pas besoin d’affecter une personne à cette tâche, ni à l’entretien des installations qui ne nécessitent aucune intervention particulière à part la maintenance du moteur.

« Les petits projets sont aussi rentables que les grands »
En revanche, contrairement à une idée assez répandue, la méthanisation ne règle pas la question des volumes d’effluents puisque la quantité à la sortie est sensiblement le même qu’à l’entrée. Il doivent être entreposé dans des cuves ou des lagunes en attendant l’épandage dans les champs. La méthanisation présente pourtant des avantages, sur ce point également, comme l’explique O. Rebaud : « Le digestat extrait de la cuve est plus concentré, et l’azote est minéralisé ce qui améliore le pouvoir fertilisant. C’est donc un très bon engrais. Et surtout, il est en partie désodorisé, ce qui limite les nuisances lors de l’épandage ».

Benoît Drouilhet et Olivier Rebaud de Bio4gas, photo MAAF

Benoît Drouilhet et Olivier Rebaud de Bio4gas, photo MAAF

Mais en terme environnemental, le principal intérêt de la méthanisation est de capter le méthane, puissant gaz à effet de serre, qui se dégagerait sinon dans l’atmosphère. C’est un des arguments qui a poussé Benoît et Christine Drouilhet à sauter le pas. A la tête d’un élevage porcin de 450 reproductrices et près de 3000 bêtes à l’engraissement, ils disposaient de 10 000 mètres cube de lisier par an qui n’étaient pas valorisés jusqu’ici. Aujourd’hui, l’installation produit de l’électricité (43 kilowatts en moyenne) et de la chaleur pour chauffer les bâtiments, notamment ceux où sont installés les porcelets qui demandent une température élevée. En tout, la méthanisation devrait leur rapporter 65 000 euros par an pour la vente d’électricité, et leur faire économiser 15 000 euros de fuel. En intégrant l’investissement et les dépenses de fonctionnement, l’installation sera amortie sur 7 ans. « Dans un tel projet, on n’envisage pas la méthanisation comme une nouvelle activité mais comme un complément de revenu obtenu en valorisant l’existant. Ces petites unités coûtent moins cher que les grandes. Elles rapportent moins mais finalement, elles sont aussi rentables  », résume Olivier Rebaud.MAAF

Source : Article du site du Ministère français de l’agriculture.