La récolte forestière française soutenue par la demande en bois-énergie
La filière bois-énergie s’est développée rapidement en France au cours de ces dernières années, et spécialement depuis 2009 avec la mise en place du fonds chaleur renouvelable. Ainsi, de nouveaux débouchés se sont ouverts pour les propriétaires forestiers et les industriels de la première transformation. Dans ce contexte, les six interprofessions régionales de la filière forêt-bois du Grand Nord Est (ADIB en Franche-Comté, APROVALBOIS en Bourgogne, FIBOIS Alsace en Alsace, GIPEBLOR en Lorraine, NORD PICARDIE BOIS en Picardie, VALEUR BOIS en Champagne-Ardenne.) ont mis en place un suivi de l’évolution de ces consommations.
La zone d’étude concerne près de 4 millions d’hectares de forêts, soit environ 24 % de la surface forestière nationale et compte 10 millions d’habitants, soit autant de consommateurs potentiels de bois-énergie. Les résultats de l’étude montrent, que contrairement aux ressentis, globalement la récolte forestière est restée stable sur tout le Grand Nord Est entre 2008 et 2012, et ce malgré l’augmentation de la demande en bois-énergie.
L’augmentation de la demande en bois-énergie compense en effet aujourd’hui exactement la baisse observée depuis de nombreuses années de la consommation des industries de la trituration (papier et panneaux collés), une baisse due à la monté en puissance du recyclage du papier et à la mondialisation. Nous pouvons donc affirmer aujourd’hui que le bois-énergie permet de maintenir en France l’intégrité de l’économie des secteurs de la sylviculture et de la récolte forestière, deux secteurs qui sans ce nouveau marché bienvenu seraient en train de décliner depuis plusieurs années. Le bois-énergie, en offrant un débouché aux petits bois, permet ainsi de financer les travaux de sylviculture (éclaircies), des travaux indispensables à la culture de bois d’oeuvre de qualité. Et au niveau de la récolte des bois d’oeuvre, ce débouché permet de rémunérer les bois connexes d’exploitations des grumes de sciage (houppiers, bois non-sciables), des bois qui sans cela seraient perdus. Les participants au colloque annuel du CIBE du 1 octobre 2014 à Reims faisaient également cette constatation très positive pour le secteur.
Résultats de l’étude Grand NORD-EST par filière de bois-énergie
Le bois bûche reste le combustible bois le plus consommé
Environ 6 millions de tonnes sont consommées dans le Grand Nord Est quasiment exclusivement par les particuliers et ce chiffre devrait rester stable d’ici 2020. Les filières d’approvisionnement sont locales mais souvent difficiles à appréhender car une part non négligeable ne passe pas par des circuits professionnels.
Doublement des consommations de bois dans les chaufferies automatiques
Le Grand Nord Est a vu un fort développement des chaufferies automatiques avec un doublement des consommations en 4 ans, dépassant les 2 millions de tonnes par an en 2012. Le bois déchiqueté (plaquettes forestières, connexes, broyats de bois en fin de vie…) constitue le premier combustible de ces installations.
Le marché des plaquettes forestières est celui ayant évolué le plus rapidement depuis 2008. En effet, les volumes commercialisés ont été multipliés par 3 en quatre ans, avec plus de 722 000 tonnes commercialisées en 2012. Les entreprises du Grand Nord Est répondent à une demande locale qui se développe, en lien avec l’augmentation du nombre de chaufferies automatiques.
Davantage de connexes de première transformation à destination du bois-énergie
De manière générale, la quantité de produits connexes issus de la 1ère transformation du bois (plaquettes, sciures, écorces…) a baissé dans toutes les régions du Grand Nord Est entre 2008 et 2012, de par une activité globalement plus faible des scieries. Par conséquent la quantité de connexes valorisés sous forme de bois énergie a aussi diminué en volume, mais a augmenté en proportion.
Doublement de la production de granulés entre 2008 et 2012
La production de granulés de bois par les entreprises du Grand Nord Est a été multipliée par 2 entre 2008 et 2012 et atteint 117 000 tonnes fin 2012. Celle-ci pourrait s’élever à 450 000 t/an d’ici 2015 et peut-être dépasser le million de tonnes d’ici 2020. En effet, la demande des particuliers se porte de plus en plus vers le chauffage aux granulés bois et les ventes de poêles et de chaudières à granulés ont fortement progressé pendant cette période.
Frédéric Douard