Nouvel élan pour la méthanisation agricole en Wallonie
Un dossier du magazine Renouvelle n°66 de septembre 2014
Fin 2013, les biométhaniseurs agricoles wallons faisaient cause commune au sein d’une nouvelle fédération, la FEBA. Quelques mois plus tard, ils obtenaient du gouvernement wallon l’engagement sur un soutien public amélioré visant une rentabilité de 8 % minimum au sein de la filière via une augmentation des certificats verts. Relance en vue ?
Tous ceux qui suivent l’actualité énergétique depuis une bonne décennie auront maintes fois entendu évoquer les perspectives prometteuses de la biométhanisation agricole en vue de relocaliser la production d’énergie et diversifier les revenus de l’agriculture. En Wallonie, les développeurs sont longtemps restés sur leur faim. Le contexte est-il en train de changer ?
Le carnet de la biométhanisation agricole (1) publié en juillet dernier par le Réseau wallon de Développement Rural fournit une analyse détaillée de la situation qui prévaut actuellement chez nous et des perspectives qui s’y dessinent aujourd’hui. On y découvre un paysage européen contrasté où les initiatives se concentrent dans des pays comme l’Allemagne (près de 9 000 installations à ce jour), l’Italie (1264), la Suède (606) ou la France (557), la Belgique se contentant de 119 installations de ce type dont une quinzaine à peine pour la Wallonie. Une situation qui devrait s’améliorer dans les prochaines années puisque, sous la précédente législature régionale, le gouvernement s’était engagé à soutenir plus fermement les projets de ce type pour mieux tenir compte des contraintes particulières qui s’imposent à eux dans le la cadre administratif wallon et européen.
Voyons cela avec Gaéthan de Seny, cheville ouvrière de la FEBA et administrateur délégué de la SC Biogaz du Haut Geer.
Jean CECH : Ce qui surprend, en parcourant le document bilan de la biométhanisation agricole, c’est qu’on y retrouve à peu près les mêmes obstacles techniques et administratifs qui étaient évoqués il y a près de vingt ans…Gaethan de Seny : Il faut reconnaître que le cadre législatif en la matière et les politiques de soutien à cette filière n’ont pas fondamentalement changé ces dernières années. Si vous faites la comparaison avec l’Allemagne, qui est loin devant dans le développement de la biométhanisation, vous constaterez par exemple que le soutien public à la filière est resté relativement important et stable depuis près de vingt ans. Or vous avez vu avec le photovoltaïque à quel point cet élément peut être déterminant dans le décollage d’une filière.
J.C. : Et où en est-on sur ce terrain en Wallonie ?
G.d.S. : Le gouvernement wallon s’est accordé avant les élections sur un taux de rentabilité de 8 % pour la biométhanisation. La méthode de calcul proposée par la CWaPE n’est pas encore fixée, mais c’est le principe. On a également défini un système de quotas de puissances nouvelles à installer annuellement par filière pour éviter les dérives que nous avons connu avec le photovoltaïque. On devrait donc pouvoir progresser lentement dans un développement accéléré de la biométhanisation agricole, ce qui n’est pas plus mal puisque ce type d’installation demande une organisation assez rigoureuse, constante et progressive en termes de flux.
J.C. : L’avantage, pour positiver, c’est qu’on dispose aujourd’hui d’un gros capital d’expériences engrangées ici, mais surtout ailleurs…
G.d.S. : Oui. Et c’est ce qui nous a amenés à créer voilà un an la fédération des biométhaniseurs, la FEBA. En Europe, la puissance totale installée en biométhanisation de ce type n’est pas loin de 8 000 MW répartis sur près de 13 000 exploitations. Dans ce contexte, la FEBA regroupe les entreprises wallonnes – une quinzaine actuellement – qui ont déjà à leur actif de la production de biogaz. Nous avons besoin de capitaliser toutes les expériences en la matière – techniques, administratives, opérationnelles, etc. –, quelle que soit la taille de l’installation et où qu’elle se situe.
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