La Sica Pulpe d’Epenancourt sèche la pulpe de betterave au miscanthus
L’usine Sica Pulpe d’Epenancourt dans la Somme, spécialisée dans la déshydratation de pulpes de betteraves, utilise le miscanthus, combustible vert utilisé comme substitut au charbon.
Le site Sica Pulpe d’Epenancourt est implanté au milieu d’immenses champs de betteraves. En 2001, cette ancienne sucrerie s’est reconvertie en usine de déshydratation de pulpes de betteraves : elle transforme ainsi les sous-produits de l’industrie sucrière en aliments pour bétail. Jusque là, les deux fours, cœur du processus de déshydratation, fonctionnaient au charbon. Mais, depuis le printemps 2009, Sica Pulpe expérimente un nouveau combustible : une plante, le miscanthus.
Après une série d’essais de co-combustion réalisés par l’Association de Recherche Technique Betteravière (ARTB), le GIE Somme-Oise, la Sica PHP d’Epénancourt, l’Usica, le fonctionnement s’est révélé concluant.
« Il n’y a pas eu de problème majeur, déclare Etienne Lenaerts, directeur des syndicats betteraviers de l’Oise, de la Somme et du Nord Pas-de-Calais. Le miscanthus brûle très bien. Il permet de développer l’énergie nécessaire à l’outil de déshydratation tout en apportant une souplesse d’utilisation par rapport au charbon, qui a une plus grande inertie ».
Le miscanthus étant 10 fois plus volumineux que le charbon à énergie équivalente, son utilisation impose des systèmes spécifiques de manutention. Le site d’Epénancourt a donc subi quelques modifications pour réaliser les tests. Un tapis de 60 mètres a été construit pour transporter 4 t/h de miscanthus vers un alimentateur à bagasse qui distribue ensuite le miscanthus vers un projecteur dans la chaudière au-dessus du lit de charbon.
« Notre objectif est de rejeter le moins de CO2 possible dans l’atmosphère, donc de passer à une filière biomasse qui n’en produit pas, contrairement au charbon. De plus, sur le plan économique, cela nous permet de nous affranchir des variations de coûts de l’énergie fossile et de soutenir une filière pérenne avec les agriculteurs », explique Louis Defrennes, ingénieur à Sica Pulpe.
Le dossier miscanthus est très important pour l’avenir des usines de déshydratation, car elles devront respecter dans le futur des contraintes économiques et environnementales, en particulier en matière d’émission de CO2. Les usines risquent d’être soumises aux quotas de CO2 d’origine fossile à partir de 2013 et à la taxe carbone à partir de 2011. Et la facture pourrait être très lourde : jusqu’à 15 €/t de granulés !
En fonctionnant au miscanthus, les Sica pourront très fortement réduire ces taxes.
Sources : Schneider Electric, Le bettravier