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Marchés des granulés en Europe, la croissance arrive en Grande Bretagne

Granulés sur la table de tamisage à la sortie de la presse, photo Frédéric Douard

L’un après l’autre les marchés des granulés biocombustibles des États européens éclosent et sortent de la confidentialité. Après la Suède, le Danemark, l’Autriche, l’Italie, l’Allemagne, la Belgique, la France, c’est au tour de la Grande Bretagne !

En Grande Bretagne le succès récent des chaudières à granulés pourrait provoquer un accroissement de la demande en granulés en bois par 40, selon M. Smith, un responsable de la section britannique de l’entreprise danoise Verdo. Cette entreprise a investi 10 millions de £ l’an passé à Grangemouth en Écosse pour y implanter une unité de production.
M. Smith pense en effet que le marché pourrait passer assez rapidement des 25 000 t de marché actuel à un million de tonnes. Notons au passage que ce facteur de croissance a déjà été observé en France entre 2001 et 2009, ce qui rend la projection britannique plausible étant donné qu’il est facile de d’atteindre de tels taux en partant de très bas.

La projection de M. Smith, qualifiée d’ambitieuse par certains, se heurte pourtant au coût plus élevé des équipements granulés par rapport aux équipements électriques, gaz ou fioul. Un tel décollage ne sera donc effectivement possible que si les incitations prévues par le gouvernement britannique sont bel et bien mises en œuvre, comme c’est le cas en France depuis 2004 avec le crédit d’impôts. Car dans toute l’Europe, les États ont maintenant des objectifs à 2020, et par exemple pour l’Écosse, la mise en conformité avec ces objectifs, devra faire passer la consommation de chaleur renouvelable de 1.4% du chauffage total à 11%.

Stuart Goodall, responsable de la confédération des industries du bois, pense que cette croissance se fondera sur une grande explosion de la demande dans les secteurs des particuliers, des entreprises et du secteur public, c’est à dire sans compter avec les projets géants de centrales électriques souhaitant remplacer le charbon par la biomasse. Dans ce sens, Verdo vise seulement la clientèle des petites entreprises, le secteur public et les clients domestiques.  Son usine de Grangemouth produira jusque 55.000 tonnes de granulés par année plus 15.000 tonnes de briquettes. Verdo Grangemouth, qui emploie 20 personnes aujourd’hui, exporte actuellement toute sa production vers sa maison mère au Danemark, mais espère diminuer cela graduellement.
M. Smith indique : « Je serais très étonné si nous exportions encore dans un délai de trois ans».

Usine de Grangemouth – Photo Verdo

Concernant la monté possible des prix de la matière première, suite à la mise en route prévue des grandes centrales électriques à la biomasse, la Commission Sylvicole britannique a prévu une très forte élévation des importations en bois d’ici 2015. Verdo pense quant à lui qu’il sera protégé par les contrats d’approvisionnement à long terme qu’il a conclu avec des fournisseurs de sciure dans la ceinture centrale.  M. Smith, qui a travaillé longtemps dans le commerce de grain, où les prix ont varié entre £60 et £150 la tonne, ajoute : « Je ne pense pas que nous verrons des fluctuations comme cela dans cette industrie. »

Tout ceci illustre qu’a priori des marchés d’échelles différentes doivent pouvoir coexister parce que leur volumes de marché, leurs qualités et leurs  prix  de vente les amènent à intervenir dans des sphères différentes.

Frédéric Douard, Bioénergie International