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Etat des lieux du bois-énergie en Poitou-Charentes à fin 2012

Silo à plaquettes de la commune de Chef -Boutonne, Deux-Sèvres, photo ARECPC

Pour la sixième année consécutive, l’Observatoire Régional de l’Energie et des Gaz à Effet de Serre (OREGES) publie un « Etat des lieux des énergies renouvelables en Poitou-Charentes ». Porté et animé par l’AREC, l’agence régionale de l’énergie et du climat, l’Observatoire suit au plus près l’actualité énergétique et économique de toutes les filières renouvelables et ce, à l’échelon territorial le plus fin possible. 

La production de chaleur est de loin (72%) le premier usage de la production énergétique d’origine renouvelable. Cette chaleur renouvelable provient à 89% de la biomasse. Cette ressource est constituée de bois (bûches, granulés, plaquettes), de résidus agricoles, de déjections animales et d’ordures ménagères. Le bois bûche est le premier contributeur mais sa part relative tend à reculer au profit des autres formes de bois énergie (plaquettes, granulés, écorces et sciures). Le recours aux ordures ménagères ou autres biomasses organiques est encore limité.

La production de chaleur à partir de biomasse est de 3 818 GWh et se fait au moyen de chaudières (collectives, industrielles ou particulières), d’Unités de Valorisation Energétique (appelées aussi incinérateurs) ou de méthaniseurs. La chaleur produite à partir de sources renouvelables vient majoritairement en substitution de la combustion d’énergies fossiles. A titre d’exemple, sur le parc de chaudières automatiques, le bois se substitue au fioul (à 72 %) et au gaz naturel (à 5 %).

Evolution de la production d'énergies renouvelables en Poitou-Charentes, source ARECPC - Cliquer pour agrandir

Bois Bûche Consommation 2012 : 2 894 000 MWh

Le bois bûche est, de très loin, la première source d’énergie renouvelable. Le chauffage au bois bûche reste une pratique répandue en milieu rural où plus d’un foyer sur deux y a recours (surtout dans le Sud des Charentes et le long de la bordure limousine). C’est une énergie qui, depuis 20 ans, avait tendance à reculer, les particuliers ayant abandonné cette source d’énergie au profit du fioul, du gaz ou de l’électricité, plus faciles à utiliser au quotidien. Néanmoins, le renchérissement des énergies fossiles, l’apparition de matériels beaucoup plus performants, les politiques incitatives et la prise en compte des enjeux environnementaux ont considérablement changé les pratiques de chauffage. Le bois bûche redevient une énergie prisée des foyers aussi bien dans les maisons anciennes dites « énergivores », en substitution du fioul que dans les nouvelles maisons très économes où un poêle à bois suffit aux besoins de chaleur. A titre d’illustration de ce renouveau, le marché national de vente des appareils de bois a doublé depuis le début des années 2000 (source : enquête Observ’ER, 2012).

Répartition de la production de chaleur en Poitou-Charentes en 2012, source ARECPC

Les appareils de chauffage au bois vendus en France sont aujourd’hui majoritairement des poêles fonctionnant aux bûches ainsi que des foyers fermés et inserts. Les chaudières, quelque soit le combustible, ne représentent qu’une part très modeste des ventes. Les appareils de chauffage sont à 93% des appareils fonctionnant avec le combustible bûche (contre 5% pour le granulé et 2% pour les plaquettes).

Plaquettes, granulés et sous produits de bois – Consommation 2012 : 824 000 MWh

S’il est difficile de caractériser finement le retour du bois bûche, il est en revanche plus aisé de suivre l’évolution des appareils automatiques au bois déchiqueté et bois granulés. Depuis le milieu des années 90, ces chaudières ont trouvé un public diversifié d’industriels puis de collectivités et, depuis quelques années, de particuliers.

En 2012, le parc comprend 2 058 installations pour une puissance totale de 269,8 MW. Les particuliers représentent 84% des installations automatiques en service mais seulement 16% de la puissance régionale. A contrario, les 280 chaufferies collectives ou industrielles correspondent à 84% de la puissance installée.

Les installations « collectives » sont essentiellement destinées au chauffage des bâtiments municipaux, habitats collectifs, établissements sanitaires et sociaux. Les chaudières « industrielles » sont concentrées sur les entreprises de transformation du bois, de l’agro-alimentaire, de la chimie et de l’industrie minérale.

Production d'énergies renouvelables en Poitou-Charentes en 2012, source ARECPC - Cliquer pour agrandir

Le parc de chaudières automatiques au bois en service s’accroît au fur et à mesure des nouvelles installations alors que les plus anciennes, mises en service au début des années 1990, sont encore majoritairement en activité. En 2012, le parc en fonctionnement s’est enrichi de 348 nouvelles chaudières d’une puissance de 27,8 MW et atteint au total 269,8 MW.
Parmi les installations mises en service en 2012, la chaudière d’Archimbaud (industrie de transformation du bois) est la plus marquante avec ses 12 MW de puissance, ce qui en fait l’une des plus importantes unités régionales avec celle d’Interfertil Secma. Viennent ensuite les chaudières de Destampes (2 MW) et de la Cuma La Flamme Gemocaise (1,9 MW). Dans le collectif, les installations les plus importantes ont été réalisées sur 3 habitats collectifs (dont 2 EPHAD) et une sur une piscine.
Par ailleurs, 116 chaufferies Collectives et Industrielles d’une puissance totale de 69 MW sont attendues, c’est-à-dire des chaufferies dont le dossier de subvention a été accepté en Commission Permanente du Conseil Régional mais qui n’est pas encore soldé. Historiquement, 90% de ces dossiers sont concrétisés dans un délai moyen de deux ans.

Parc de chaudières automatiques à bois en Poitou-Charentes en 2012, source ARECPC - Cliquer pour agrandir

Le parc de chaudières automatiques au bois est fortement développé en Deux-Sèvres : le département possède peu de ressources forestières mais il accueille un tissu d’industriels de transformation du bois (tout comme en Charente-Maritime) disposant de sous-produits de bois valorisables thermiquement et ses habitants, majoritairement chauffés au fioul, se convertissent au bois énergie. C’est également le cas en Vienne dont le parc est essentiellement constitué de particuliers.

Silo bois granulés, Archimbaud, Deux-Sèvres, photo ARECPC

La consommation totale de bois et assimilés (bois granulés, bois plaquette, sciures, écorces, pailles) par les chaudières automatiques en service s’élève à 226 800 tonnes correspondant à 824 GWh (+56 GWh/2011)*. Il s’agit, pour l’essentiel, de bois déchiqueté, de connexes de bois (écorces et sciures) et, dans une moindre mesure, de plaquettes forestières. Le granulé de bois n’occupe – malgré son essor actuel – qu’une part très modeste de la consommation.
La consommation régionale de bois déchiqueté et granulé ainsi que celle attendue (107 000 tonnes) sont à rapprocher de l’estimation du gisement de bois déchiqueté mobilisable à l’échelle régionale de 480 000 tonnes (source : Mission d’observation biomasse, chiffres révisés AREC 2012).

Cas des consommations de bois en injection directe : certaines activités industrielles comme la production d’argile ou la papeterie consomment des sciures et des écorces en injection directe dans le brûleur. Il ne s’agit donc pas à proprement parler d’une combustion par une chaudière bois. Ces installations, marginales en unité, sont comptabilisées dans le parc régional de chaufferies bois (elles représentent un équivalent puissance de 20 MW) ainsi que leurs importantes consommations de bois énergie sous forme d’écorces et sciures. En revanche, nous ne comptabilisons pas les consommations de bois traités, souillés ou adjuvantés qui peuvent être consumés en injection directe dans certains fours industriels (cimenterie). Cette biomasse n’est pas considérée comme un gisement d’énergie renouvelable.

>> Télécharger l’Etat des lieux complet 2012 des EnR en région Poitou-Charentes