C’est décidé, la centrale électrique à biomasse de Gardanne sera mise en service début 2015
Lauréat de l’appel à projets Electricité biomasse CRE4 en octobre 2011, l’électricien allemand E.ON a obtenu, le 22 novembre 2012, l’autorisation d’exploiter à la biomasse la centrale électrique Provence 4 qu’il gère à Gardanne dans les Bouches-du-Rhône, et qui fonctionnait jusque là au charbon. Suite à cela, le groupe a annoncé le 16 mai 2013 le lancement de la procédure de conversion des installations à la biomasse, pour une mise en service début 2015. Ces travaux ont été confiés au groupe sud coréen Doosan pour la partie chaudière et turbine, et au groupe français RBL-REI pour la plateforme de stockage et d’approvisionnement.
Le projet et les acteurs
La nouvelle unité biomasse permettra de pérenniser l’activité industrielle sur la centrale de Gardanne pour une nouvelle période de 20 ans, tout en participant à la structuration et au développement de la filière régionale bois-énergie. Les travaux débuteront cet été 2013, ils devraient s’achever d’ici mi-2014 avec les premiers feux à l’automne 2014 et un démarrage de l’exploitation début 2015.
La puissance contractualisée de Provence 4 Biomasse est de 150 MWé. La production en base sera de plus de 7 500 heures par an jusqu’en 2034, ce qui correspond à la consommation annuelle électrique de 440 000 ménages (hors chauffage). Cet investissement contribuera à améliorer le bilan CO2 régional de 600 000 tonnes par an.
Le Groupe industriel Doosan Power Systems, spécialisé notamment dans la fabrication d’infrastructures de production d’énergie, aura en charge la conversion de l’installation existante à la biomasse, avec notamment la transformation de la chaudière et la rénovation de la turbine à vapeur. Le contrat a été signé le 25 avril 2013. Le Groupe d’origine sud-coréenne est très implanté en Europe où seront fabriqués les équipements nécessaires à la nouvelle tranche. Doosan a choisi pour cette opération de s’associer au groupe français ADF implanté localement en PACA, qui aura en charge l’ingénierie de construction et l’essentiel des travaux sur le site. A partir de son siège européen installé au Royaume Uni, Doosan fait prospérer l’héritage de filiales anciennes et réputées dans le secteur comme Doosan Babcock (Royaume-Uni), Doosan Lentjes (Allemagne), propriétaire de la technologie à lit fluidisé circulant (LFC) qui a été utilisée sous licence lors de la construction initiale de l’unité Provence 4 en 1992 ou Doosan Skoda Power (République Tchèque). Le montage des nouveaux équipements sera confié à ADF, acteur historique du bassin de Fos ayant développé en France et au Benelux, ses activités de services aux industriels de l’énergie.
RBL-REI, groupe français spécialisé dans la conception et la réalisation d’installations de manutention et de stockage, aura la responsabilité de la conception et de la construction des installations de stockage et de convoyage. Le contrat a été signé le 2 mai 2013.
L’exploitation au charbon de la tranche 4 a été stoppée au 31 mars 2013 afin d’effectuer les opérations de mise en sécurité et d’investigation technique qui permettront le démarrage du chantier à l’été 2013. Les salariés de la tranche 4 vont dans un premier temps continuer leur activité en service continu, avant de rentrer dans le processus de formation qui leur permettra de se qualifier sur l’activité biomasse.
Le groupe E.ON exploite plus de 80 centrales à la biomasse en Suède et au Danemark. Au Royaume-Uni, E.ON a déjà réalisé la conversion d’une unité charbon en unité biomasse. Opérationnelle depuis début 2013, la conversion de la centrale d’Ironbridge est un succès. Fort de cette expérience, E.ON maîtrise aujourd’hui toutes les techniques, de la cogénération d’électricité et de chaleur, à la co-combustion de biomasse et de charbon en passant par la conversion de centrales charbon en centrales biomasse.
Les investissements
E.ON souhaite réaliser cet investissement industriel majeur de plus de 230 millions d’euros dans le cadre d’un partenariat avec des investisseurs. Les discussions avec des investisseurs institutionnels progressent et des étapes significatives ont été franchies avec CDC Infrastructure, investisseur de long terme au service de l’intérêt général et du développement économique du pays. La CDCi est la filiale d’investissement direct de la Caisse des Dépôts dans les infrastructures sur 4 secteurs : transport, énergie, télécoms, environnement. La filiale du groupe public, qui a pour objectif d’investir en fonds propres dans des projets à fort impact sur le développement local et respectueux de l’environnement, pourrait prendre une participation significative dans le projet, après agrément des ses paramètres techniques et économiques. D’autres investisseurs institutionnels français ont par ailleurs confirmé leur intérêt pour le projet.
L’approvisionnement en combustibles
Provence 4 Biomasse contribuera à l’essor de l’emploi indirect local par la structuration en amont et le développement de la filière « bois-énergie ». La biomasse permet la production d’électricité à partir de la combustion de différentes matières organiques (déchets verts, plaquettes, bois de récupération). Le mix combustible de la nouvelle unité Provence 4 biomasse sera composé à 90% de biomasse et à 10% de produits charbonniers (produits cendreux de récupération PCR). La centrale brûlera environ 850 000 tonnes de combustible biomasse par an.
La biomasse issue du secteur forestier local, entrera pour près de la moitié dans le mix combustible de la centrale biomasse Provence 4. La zone d’approvisionnement couvrira les régions PACA et Languedoc-Roussillon, ainsi que les départements limitrophes, soit un rayon de 400 km.
Les résidus verts provenant du nettoyage et du débroussaillage des forêts et des espaces verts publics et privés, fourniront à l’horizon 2025, 40 % du combustible biomasse locale. Aujourd’hui, cette ressource est largement sous-exploitée et le nouveau débouché offert par la centrale permettra en particulier d’améliorer le taux de réalisation des obligations de débroussaillage liées à la prévention des feux de forêts. Dans cette ressource figurent également les bois d’arrachage provenant des activités agricoles, vignes et arbres fruitiers.
Une petite part du combustible local viendra aussi des bois de recyclage de classe A (palettes, bois d’emballage) ou B (issus de la démolition, de mobilier), triés et recyclés par des acteurs de la filière comme Sita et Veolia.
Les produits cendreux de récupération d’origine charbonnière entreront pour 10% dans le mix combustible de la centrale, ils proviendront de gisements régionaux.
La production de biomasse doit être gérée dans une logique de développement durable. A cette fin, E.ON a mis en place une politique visant à 10 ans un recours exclusif à de la biomasse certifiée pour les produits d’origine forestière. Le groupe fonde sa politique sur les dispositifs de certification internationaux (Forest Stewardship Council – FSC, Pan European Forest Certification – PEFC) existants. Chaque contrat d’approvisionnement comprend une annexe qui définit les exigences de certification requises.
L’approvisionnement sera en priorité constitué de biomasse forestière locale, dans la limite des ressources disponibles, et ce sans concurrencer les usages actuels de la forêt. Il offrira un débouché supplémentaire pour la ressource forestière régionale qui est abondante. Le plan d’approvisionnement a été élaboré en étroite collaboration avec les acteurs locaux de la filière forêt-bois, sous l’égide des pouvoirs publics. Il nécessitera notamment la création d’une plate-forme biomasse qui servira d’aire de préparation et de stockage du bois sur le site de Gardanne. Sur la base des contrats déjà signés, l’approvisionnement de la nouvelle unité sera assuré dès sa mise en service opérationnelle début 2015 à 60% par de la ressource régionale et à 40% par des produits d’importation. A l’horizon 2025, 100 % de l’approvisionnement proviendra de la ressource biomasse locale.
Une partie de cet approvisionnement sera réalisée avec l’aide de la Société Forestière de la Caisse des Dépôts dans le cadre d’un partenariat innovant et original visant prioritairement les gisements forestiers aujourd’hui non mobilisés.
>> Voir aussi deux articles qui évoquent le projet de Gardanne :
- Eviter le désastre des feux de forêts par la prudence et par la récolte des biomasses combustibles
- 420 nouveaux MW d’électricité biomasse en France : les 15 lauréats de l’appel à projets CRE 4
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