Amyris et Total roulent pour du biodiesel et du biokérozène à base de farnésane
Créée en 2003, l’entreprise californienne Amyris développe une technologie innovante de transformation du sucre en molécules de base pour les carburants et la chimie. Amyris dispose pour cela de laboratoires de recherche et d’une usine de production au Brésil. Depuis juin 2010, le pétrolier français Total est devenu l’actionnaire industriel de référence de cette société avec une participation de 18,5 % au 1er janvier 2013. Total et Amyris mobilisent ainsi leurs équipes dans des programmes de recherche communs dont l’objectif principal est de développer et de commercialiser de nouvelles molécules permettant la production de biocarburants et de produits pour la chimie verte.
La technologie d’Amyris repose aujourd’hui sur l’utilisation des sucres issus de l’amidon ou de plantes sucrières, comme la canne à sucre produite au Brésil. À terme, elle pourra transformer les sucres extraits des parties non alimentaires des plantes, la lignocellulose par fermentation. Plus précisément, Amyris dispose d’une plateforme de biologie synthétique de pointe permettant de construire et sélectionner, de façon rapide et peu coûteuse, des micro-organismes – notamment des levures – aptes à transformer du sucre en diverses molécules d’intérêt. Amyris possède des laboratoires de recherche et une unité pilote en Californie ainsi qu’un site de démonstration et une usine de production au Brésil. La production de sa molécule phare, le farnésène, a démarré début 2013 dans l’usine de Brotas, au Brésil.
L’objectif des travaux de recherche est d’obtenir un micro-organisme (une levure ou une bactérie) stable produisant la molécule d’intérêt pour la chimie. Pour ce faire, il doit acquérir une parfaite connaissance des voies métaboliques cellulaires de façon à pouvoir reprogrammer le micro-organisme et ainsi optimiser la production de la molécule cible.
La molécule de Amyris
Le farnésène est la molécule phare d’Amyris servant à une très large gamme d’applications, allant des cosmétiques aux biocarburants. Une fois hydrogénée, la molécule de farnésène devient du farnésane qui peut ainsi être directement incorporé dans le diesel ou dans les carburants pour l’aviation sans modification technique des moteurs. Le farnésane offre de meilleures propriétés que les esters d’huiles végétales qui représentent aujourd’hui l’essentiel du marché du biodiesel, en particulier une meilleure résistance au froid et la capacité à être incorporé dans le diesel conventionnel en proportion plus importante.
Les biodiesel
Les biodiesels commercialisés actuellement sont principalement des esters d’huiles végétales dont les propriétés diffèrent du diesel conventionnel limitant ainsi leur incorporation à 7 % en volume dans le carburant fi nal. L’objectif de Total est de proposer des biodiesels permettant de dépasser les taux d’incorporation actuels. Au Brésil, Amyris a lancé des tests portant sur l’utilisation à grande échelle du farnésane : depuis septembre 2011, la filiale commerciale d’Amyris alimente la régie de transport de São Paulo avec un biocarburant incorporant 10 % de farnésane.
Les carburants pour l’aviation
Le secteur du transport aérien s’est engagé à réduire de moitié ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 (par rapport à 2005). • Afin de répondre aux normes du secteur et aux exigences des motoristes, les biocarburants pour l’aviation doivent présenter les mêmes caractéristiques techniques que les carburants d’origine fossile.
Le farnésane est une alternative durable aux carburants d’origine fossile. Ainsi, le biojet développé par Amyris et Total est actuellement en cours de certification auprès de l’ASTM, organisme américain pour les normes et spécifications des matériaux, dans le cadre de la voie dite DSHC (Direct Sugar to HydroCarbons).