Lien de bannissement

Doha, le RAC appelle à financer les solutions plutôt que la pollution !

Le Réseau Action Climat (RAC) déclare que les Etats développés consacrent cinq fois plus de fonds publics à la production et la consommation d’énergies fossiles qu’aux financements climat dédiés aux pays en développement pour les aider à lutter contre le changement climatique. Il le montre sur le graphique ci-contre conçu par l’ONG Oil Change International d’après des données (plutôt conservatrices) de l’OCDE et du World Resources Institute. (1)

Les énergies fossiles grassement subventionnées, les pays pauvres privés de financements

L’organisation rappelle qu’à Copenhague il y a trois ans déjà, les Etats se sont engagés à transférer 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 pour aider les pays en développement à financer leurs politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre. « En 2012, nous sommes très loin du compte et alors que les négociations à Doha touchent à leur fin, aucun engagement financier collectif concret n’a encore été pris pour la période 2013–2015 pour prendre le relai des financements précoces (first start finance) qui se terminent fin 2012. »

Ce n’est pourtant pas l’argent qui manque. Si les Etats n’ont consacré que très peu de financement précoces entre 2009 et 2012, ils continuent à financer les activités à l’origine du dérèglement climatique à hauteur de 523 milliards de dollars en 2011 (chiffres AEI) et ce en dépit de l’accord des Etats du G20 décidé à Pittsburgh en 2009 de réformer ces subventions aux énergies fossiles. Résultat, elles ont augmenté de 30%.

Pourquoi et comment inverser l’équation ?

Selon le RAC, les Etats doivent s’engager collectivement à mettre à disposition des pays en développement des financements climat qui répondent vraiment aux demandes des pays les plus vulnérables face au changement climatique, notamment pour rétablir la confiance des pays en développement dans le processus de négociations où le respect des engagements fait cruellement défaut.

La réforme des subventions aux énergies fossiles est également indispensable. Les organisations internationales comme l’OCDE et l’AEI préconisent elles-mêmes cette réforme à des fins de coût économique (2) et de lutte contre le changement climatique, les Etats se sont déclarés en faveur de leur suppression à maintes reprises sans jamais passés à l’acte, il ne reste donc plus qu’à. Concrètement, il s’agit d’identifier l’organisation internationale qui sera en charge de faciliter cette réforme et de fixer un échéancier que les Etats devront respecter afin de supprimer toutes les subventions aux énergies fossiles d’ici à 2020 au plus tard.

Une mise en œuvre immédiate de cette réforme permettrait de réduire de moitié le manque d’ambition (ambition gap) qui plombe actuellement les négociations, de dégager des financements pour les pays vulnérables, de réorienter les fonds publics vers les solutions au changement climatiques au nord comme au sud (i.e. efficacité énergétique, énergies renouvelables) et ainsi renforcer leur compétitivité face aux énergies fossiles aujourd’hui sur-subventionnées.

Et la France ?
La France, avant-dernière en matière de fiscalité écologique à l’échelle européenne, fait pire que la moyenne internationale en accordant 6 fois plus de subventions aux énergies fossiles que de financements climat aux pays en développement (3). Or le manque de ressources pour ces États se fait de plus en plus ressentir à mesure que le changement climatique s’accélère. Il est donc temps pour la France de rejoindre le Mexique, l’Agence internationale de l’Energie, la Banque mondiale, le Danemark, la Commissaire européenne pour le climat, la société civile, et le million de citoyens qui s’est prononcé en juin pour la fin des subventions aux énergies fossiles. Il est grand temps de changer la donne.

Sources :

  • (1) Average Yearly Fast Start Climate Finance Pledges and Commitments calculated from World Resources Institute, “Developed Country Fast-Start Climate Finance Pledges : A Summary of Self-Reported Information,” November 26, 2012, http://pdf.wri.org/climate_finance_… with currency conversion completed by WRI. Fossil Fuel Subsidy Totals calculated from OECD and IEA, “Fossil Fuel Subsidies and Other Support,” http://www.oecd.org/site/tadffss/ with currency conversion from http://www.x- rates.com calculated with exchange rate on last day of the year.
  • (2) Le coût des efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre serait inférieur si les subventions aux énergies fossiles n’étaient plus subventionnées, étant donné qu’elles confèrent aux activités polluantes un avantage comparatif et retardent la transition énergétique.
  • (3) La France a dépensé 528 millions d’euros par an en moyenne de financements précoces entre 2009 et 2012 contre 3,569 milliards d’euros de subventions aux énergies fossiles en 2011 seulement (estimations de l’OCDE.