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Petites installations de méthanisation agricole en Forêt noire, c’est possible

L'installation de Oberharmersbach, photo Kriegfischer

Les petites installations en Forêt noire démontrent que ce n’est pas forcément dans la démesure que doivent se concevoir les unités de méthanisation. Selon chaque situation et dans chaque environnement, il y a une taille critique à atteindre. Lors d’une visite de terrain organisée par la Chambre d’agriculture du Bas-Rhin, les agriculteurs allemands ont présenté leurs petites installations de 35 à 65 kWé, qui malgré leur taille atteignent des rentabilités convenables et prouvent leur importance dans la pérennisation des exploitations en zone de montagne.

Une petite installation en agriculture biologique

A Seelbach-Wittelbach (altitude 230 m), la famille Himmelsbach gère une installation de biogaz de 65 kW depuis fin 2005. L’exploitation est en système bio sur 40 ha en herbe avec un cheptel de 15 vaches allaitantes plus sa suite. Pour éviter la fuite en avant par l’augmentation des surfaces et du cheptel, l’agriculteur a préféré se tourner vers le biogaz pour valoriser son herbe. Pour compléter les besoins annuels, il achète une dizaine d’hectares de maïs sur pieds.

60 à 70 % du revenu grâce à la méthanisation

Le cogénérateur de Tobias Kornmayer, photo Kriegfischer

La famille Kornmayer d’Oberharmersbach possède une installation de 40 kWé depuis 2006. C’est une exploitation de 36 ha, la moitié en forêt et seulement 18 ha d’herbe. Pour les surfaces complémentaires M. Kornmayer loue 10 ha d’herbe et achète annuellement entre 5 et 6 ha de maïs sur pieds. Il lui arrive aussi d’acheter des fins de silos ou refus d’auge. Le cheptel se compose de 15 vaches laitières et la suite et 2 taureaux de la commune en pension. L’installation biogaz fait partie de l’activité dominante, l’élevage est maintenant plutôt une activité secondaire.

L’unité de biogaz est particulièrement bien insérée dans le paysage, elle est semi-enterrée pour bien épouser le terrain naturel. Le digesteur a été volontairement surdimensionné, son volume fluctue selon les saisons parce qu’il sert aussi de stockage intermédiaire. Pour la cogénération, l’installation est équipée d’un moteur Dual fuel de 40 kW. Le démarrage se fait au fuel et ce moteur n’est pas dépendant de la quantité et qualité du méthane.

Des prairies plus productives, jusqu’à quatre fauches par an
L’épandage du digestat se fait au tuyau d’épandage (1 100 m). Avec cette technique, il n’y a plus qu’un jour de travail là où il en fallait 3 avec la tonne à lisier. L’installation a déjà dépassé les 60 000 heures de fonctionnement, aussi le moteur sera bientôt remplacé par un moteur un peu plus puissant (60 kW) et plus performant.
L’ensemble de l’alimentation ne sera que faiblement impacté et pour anticiper l’augmentation de digestat, l’exploitant teste déjà un séparateur de phase.

M. Kohmann à Hausach séche son foin et alimente ses voisins en chaleur

Cette installation de 35 kWé construite en 2000 est certainement l’une des plus anciennes et des plus petites unités du secteur. L’exploitant fait partie d’un Gaec laitier bio depuis 2007, mais pas son installation de méthanisation, aussi les surfaces disponibles pour alimenter le digesteur sont restées faibles. Pour compléter l’approvisionnement, une partie est achetée sur pieds (céréales dérobées et maïs).
Pour améliorer la valorisation thermique en été, un séchoir à fourrage à été construit l’année dernière. Autre particularité, la fosse de stockage est couverte et enterrée, selon les estimations de l’agriculteur cela représente tout de même entre 10 et 15 % de méthane en plus. Néanmoins, l’ensemble de la production de biogaz ne suffi t pas à alimenter le moteur de manière continue. Celui-ci est donc volontairement arrêté entre minuit et 4 heures du matin. Avec ce rythme l’exploitant peut garantir la chaleur aux deux habitations raccordées à son réseau de chaleur.

Pour plus d’informations, le compte-rendu détaillé et les caractéristiques complètes des installations sont disponibles sur demande par courriel à :

Christophe Gintz, Chambre d’agriculture du Bas-Rhin
Service environnement innovation
03 88 19 17 85 – c.gintz@bas-rhin.chambagri.fr

Article paru dans L’Est agricole et viticole du 12 octobre 2012