Quelles valorisations pour les biodéchets des entreprises ?
En France, les législations récentes ont renforcé la responsabilité des entreprises sur leurs déchets. C’est aussi le cas pour les entreprises des industries agroalimentaires, de la restauration ou de la distribution. L’agriculture obéit également à ces nouveaux impératifs. Olivier Fourcadet, Professeur de management stratégique à l’ESSEC (Ecole Supérieure des Sciences Économiques et Commerciales) s’interroge sur les grandes options qui s’ouvrent aux entreprises en ce qui concerne la gestion et la valorisation de leurs biodéchets.
« Des solutions se sont développées en France comme à l’étranger pour valoriser les déchets. Il existe aujourd’hui une large gamme de dispositifs pour satisfaire à ses obligations et valoriser sur le plan économique les déchets. En effet, les biodéchets peuvent être, entre autres, utilisés dans la production de biogaz. Celui-ci est transformé par combustion en chaleur et électricité. Les biodéchets s’avèrent donc, en plus d’être des déchets qu’il convient d’éliminer, des sources énergétiques. Quelles sont les grandes options qui s’ouvrent aux entreprises en ce qui concerne la gestion et la valorisation de leurs biodéchets ?
Le marché
Dans certains pays un marché des déchets s’organise. Une entreprise peut donc espérer vendre ses déchets à une autre entreprise qui pourraient en avoir usage.
La valorisation énergétique directe
L’entreprise qui produit les déchets décide de les valoriser par ses propres moyens. On voit émerger de plus en plus de solutions techniques qui permettent à l’entreprise de tirer un parti de ces propres déchets. Cette solution à l’avantage de limiter le transport des déchets qui représente toujours un coût et n’est pas environnementalement correct. Par exemple, Erigène offre aux éleveurs le moyen de valoriser les fumiers de leur exploitation en énergie avec Eribox. Ce produit conçu avec des éleveurs pour des éleveurs est un système de méthanisation compact par voie sèche. Les digesteurs proposés par Eribox sont transportables.
La valorisation énergétique localement partagée
Il n’est pas toujours intéressant pour une entreprise d’investir dans un système de traitement individuel des déchets et cela pour de multiples raisons. Citons par exemple, l’absence de surface disponible pour implanter un dispositif de valorisation ou des besoins en chaleur insuffisants. Il peut alors apparaître judicieux pour une entreprise de s’associer localement avec d’autres entreprises ou des collectivités pour investir dans une solution qui sera intéressante pour chacun des partenaires. Certains pourront valoriser leurs déchets, d’autres y trouver une source d’énergie de bon rapport et d’autres y verront un investissement profitable.
La valorisation industrielle
Des industriels de la gestion des biodéchets proposent des solutions aux entreprises de la filière agroalimentaire (industriel, distributeurs et restaurateurs). C’est par exemple le cas de Bionerval (une filiale du groupe Saria, elle-même une filiale du groupe Allemand Rethmann). Cette entreprise a ouvert plusieurs sites de production en France. Prochainement un site de méthanisation sera ouvert à Étampes (91). Le surplus de chaleur sera cédé à une entreprise locale Oleo Recycling, spécialisée dans le recyclage des huiles végétales (Allo à l’huile).
Le traitement des déchets sans valorisation
Si votre production de déchets est réduite, la solution la plus économique pourrait bien être un dispositif de traitement des déchets sans valorisation. L’entreprise Totally Green de Tulsa (OK, USA) commercialise des petites machines qui permettent de traiter des déchets organiques en 24H et de les éliminer sous la forme d’eaux usées.»
Rappel de la législation française
« À compter du 1er janvier 2012, les personnes qui produisent ou détiennent des quantités importantes de déchets composés majoritairement de biodéchets sont tenues de mettre en place un tri à la source et une valorisation biologique ou, lorsqu’elle n’est pas effectuée par un tiers, une collecte sélective de ces déchets pour en permettre la valorisation de la matière de manière à limiter les émissions de gaz à effet de serre et à favoriser le retour au sol. » (art.L541-21-1 du code de l’environnement).
- 2012 : 120 tonnes par an
- 2013 : 80 tonnes par an
- 2014 : 40 tonnes par an
- 2015 : 20 tonnes par an
- À partir de 2016 : 10 tonnes par an
Article extrait du blog Nouvelles Perspectives en Agroalimentaire