Le marché du biogaz en France à l’horizon 2015-2020
Les investissements battent leur plein dans le biogaz en France. Les pouvoirs publics français ont en effet donné récemment un net coup d’accélérateur à la valorisation énergétique des déchets issus de la méthanisation et des centres d’enfouissement. C’est le sens de la réévaluation de 20% du tarif d’achat de l’électricité produite à partir du biogaz en mai 2011. Et l’injection du biométhane dans les réseaux publics de gaz naturel, autorisée depuis un décret de novembre 2011, va accroître logiquement les revenus des exploitants. Un cadre réglementaire qui tranche avec le reste des énergies renouvelables, et en particulier la baisse du tarif d’achat de l’électricité photovoltaïque et la réduction du crédit d’impôt développement durable.
Selon le scénario exclusif des experts du pôle Énergie-Environnement de Xerfi France, le marché du biogaz devrait doubler à l’horizon 2020. Des prévisions chiffrées pour 2012 et 2013 sur le nombre d’installations valorisant le biogaz ont également été réalisées segment par segment. Le décryptage de plusieurs projets a aussi permis aux experts de Xerfi France d’évaluer le coût et la rentabilité d’un projet biogaz dans l’Hexagone. Il en ressort qu’une installation de méthanisation coûte 1,6 à 2,3 fois plus cher en France qu’en Allemagne. En outre, l’équilibre économique des projets reste encore tributaire de l’obtention de subventions des collectivités régionales. Or, ces aides représentent 25 à 50% des dépenses d’investissements. Avec la dégradation de l’environnement économique les subsides publics se réduisent tandis que les banques et les investisseurs privés préfèrent attendre. Plusieurs projets risquent donc d’être reportés ces prochains mois. Par ailleurs, les acteurs sont confrontés à l’opposition des riverains et à l’allongement des démarches administratives. Dans ce contexte, les experts de Xerfi estiment que le décollage de la filière n’aura pas lieu avant 2013.
Les opérateurs unissent leurs forces
Les premiers retours d’expériences mettent en lumière les difficultés techniques qui menacent la rentabilité économique des projets. D’une part, la qualité des intrants est primordiale pour optimiser la performance énergétique des installations. Un pré-traitement des déchets s’impose donc, augmentant d’autant les investissements initiaux. D’autre part, la saisonnalité d’approvisionnement des sous-produits entraîne une variation de la production de biogaz au cours de l’année, et donc des revenus. Pour répondre à ces problématiques, les acteurs de la filière nouent des partenariats afin de capitaliser sur les premiers retours d’expériences. Methaneo et Valorem ont par exemple décidé en septembre 2011 de mutualiser leurs compétences dans les projets de méthanisation agricole. Quant à la société Fonroche, elle a signé un accord de licence avec le fabricant danois d’unités de méthanisation Bigadan.
Les énergéticiens à l’offensive
Grâce à un environnement réglementaire particulièrement porteur, le paysage concurrentiel du marché français du biogaz s’étoffe et se structure autour de grands acteurs. Aux côtés des pure-players comme Fertigaz ou Naskeo Environnement, les grands gestionnaires des déchets (SITA/Suez Environnement et Veolia Propreté) et les groupes de l’énergie (EDF et GDF Suez) sont passés à l’offensive pour gérer les installations. Signe de la montée en puissance des énergéticiens, Séchilienne-Sidec a acquis 60% de Methaneo en mai 2012. D’autres groupes d’envergure s’intéressent également à la filière à l’image d’Air Liquide. Ce dernier est en effet en position favorable depuis l’autorisation d’injecter du biogaz dans le réseau de gaz naturel. Air Liquide dispose d’atouts pour traiter et enrichir ce gaz.