Accès à l’énergie en Afrique, notamment par la biomasse, les actes mieux que les discours
Après que le Prince Charles ait exhorté les dirigeants mondiaux, lors de la Conférence de Rio+20, à agir rapidement sur les questions pressantes du changement climatique et du développement durable, GVEP ouvre la voie en donnant accès à l’énergie à 1,8 million d’Africains de l’Est avec neuf mois d’avance sur son calendrier.
Le Programme de Développement d’Entreprises Énergétiques (DEEP), lancé en 2008, est financé par l’Union Européenne et le gouvernement néerlandais. DEEP s’est fixé pour objectif de fournir des produits et services énergétiques durables à 1,8 million d’Africains d’ici 2013 en soutenant les entreprises locales, l’innovation et en facilitant l’accès des entrepreneurs à des sources de financement.
Cette annonce opportune fait suite à l’avertissement de Robert Zoellick, président sortant de la Banque Mondiale, pour qui la crise économique mondiale aura des conséquences désastreuses pour les pays en développement. En soutenant le marché de l’énergie des pays en développement, GVEP démontre que l’investissement « sur le terrain » apporte d’énormes bénéfices commerciaux, éducatifs et sanitaires aux populations locales.
Le programme DEEP de GVEP soutient des entrepreneurs locaux d’Afrique de l’Est qui travaillent dans le secteur des énergies renouvelables, incluant fours de cuisson améliorés, briquettes biomasse, alternatives propres au charbon, produits et services solaires photovoltaïques et biogaz. GVEP dispense un tutorat technique et commercial et une aide à l’accès à des sources adéquates de financement qui ont contribué au développement de 900 projets d’entreprises et à la création de 2 000 emplois dans la région.
Ce projet à fort impact agit à plusieurs niveaux :
- Il contribue à la réduction du nombre de décès causés par la pollution atmosphérique intérieure – qui cause de plus de 1,5 million de décès par an.
- Les foyers améliorés augmentent de 30 à 55% l’efficacité de la cuisson.
- Il contribue à l’amélioration des conditions d’étude pour les communautés.
- La formation au développement d’entreprises offerte par GVEP a créé des emplois durables dans des communautés au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda.
Les bénéfices environnementaux de ces technologies proviennent de la diminution d’achat de combustibles dits “sales” tels que le charbon, le bois et le kérosène. Cet effet de substitution montre également la valeur ajoutée que les entrepreneurs DEEP apportent à leurs clients : cette demande en source d’énergie propre et à faible teneur en carbone s’est traduite par la vente de 275 000 fours dans la région pour la seule dernière année.
Ben Good, PDG de GVEP, a déclaré : « Alors que la crise économique mondiale se poursuit et que les dirigeants mondiaux s’assoient aux tables du G20 et de Rio, GVEP démontre que l’action et l’investissement dans le secteur énergétique génèrent des emplois, de la croissance et de l’innovation dans les pays en développement. GVEP envoie un message clair aux décideurs politiques et aux gouvernements en montrant que des progrès concrets dans ces domaines sont possibles – et que le marché énergétique local a un véritable rôle à jouer dans tout cela. »
Chiffres clés :
- Les populations rurales et à faible revenu d’Afrique de l’Est souffrent d’un manque d’accès aigu à une énergie moderne, durable et abordable. Au mieux, entre 9 et 16% de la population est connectée au réseau électrique.
- Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la pollution atmosphérique intérieure est liée à des infections respiratoires aigües responsables de 14 300 décès annuels au Kenya, 19 700 en Ouganda et 18 900 en Tanzanie.
- Selon l’Agence Internationale de l’Énergie, le taux des populations rurales non connectées au réseau électrique en Afrique de l’Est représentent 98% en Tanzanie, 95% au Kenya et 96% en Ouganda. L’énergie solaire photovoltaïque offre une alternative au kérosène, au groupe électrogène et aux piles sèches sur le continent.
- Contrairement au charbon, les briquettes peuvent devenir une source d’énergie renouvelables à condition d’être fabriquées à partir de biomasse récoltée de façon écologique, de déchets ou de résidus agricoles incluant la poussière de charbon de bois, la sciure, les coques de graines de café, les épis de maïs, la farine de manioc. Ces ingrédients sont d’ores et déjà disponibles dans plusieurs milieux ruraux d’Afrique de l’Est.
Quel est l’impact concret sur la vie des gens ?
Joanita Bukenya – La mère de famille qui tire profit des briquettes biomasse
Joanita Bukenya, épouse et mère de famille d’âge moyen résidant à la périphérie de Kampala, est une utilisatrice de four amélioré fixe. Auparavant, elle s’est servi de fours de qualité inférieure et explique leurs différences : « un four fixe chauffe plus rapidement qu’un four à trois pierres », a-t-elle fait remarquer au cours d’une interview accordée à une station de radio locale. « Il ne produit pas de fumée alors vous pouvez confortablement vous asseoir dans la cuisine avec un invité tout en cuisinant. Mes enfants l’apprécient également car ils peuvent désormais lire leurs livres lorsqu’ils sont avec moi dans la cuisine. Je pense que la fumée est nocive pour les yeux, les voies nasales et même pour la peau. Avec un four fixe, votre peau reste nette et belle – si les auditeurs pouvaient voir ma peau, ils seraient d’accord avec moi ». Les fours permettent également de réduire le risque de brûlures et de feux, de garder la maison propre et de contribuer au maintien d’une bonne hygiène. Pour la seule année dernière, le programme DEEP a vendu plus de 275 000 fours complets à travers les entreprises qu’il soutient, c’est la preuve que les gens achètent plus de fours améliorés et qu’ils s’en servent.
Patrick Mwangi – L’entrepreneur qui développe la production de briquettes
Les briquettes offrent une alternative idéale au charbon pour les usagers particuliers et industriels. Créées à partir du compactage de résidus de biomasse en vrac en blocs solides, elles peuvent également servir de combustibles de substitution aux énergies fossiles telles que le bois naturel.
Patrick Mwangi est un inventeur et entrepreneur kenyan basé à Nyeri, une ville située dans la fertile région centrale du pays, près du Mont Kenya. C’est en constatant l’énorme quantité de déchets produits par les fermes et autres sources que l’idée de produire des briquettes lui est venue. Plus tard, il s’est mis à concevoir des machines manuelle et mécanisée pour fabriquer des briquettes. Patrick a saisi l’opportunité de recycler les déchets et d’en tirer de l’argent. Avec une clientèle principalement composée de clients particuliers et de petites entreprises, Patrick vend un sac de briquettes de 50kg à 750 KSh (environ 9 US$). Un sac de charbon ordinaire coûte entre 1 500 et 2 000 KSh (environ 18 à 24 US$) et ne dure qu’à moitié aussi longtemps, prouvant que le recours aux briquettes est rentable. « Juste après que j’ai réussi à construire ma machine, les gens se sont montrés intéressés et ont commencé à passer leurs commandes ».
Cela n’a pas été sans problème, mais mes clients m’ont aide à développer le business qui se développe avec un nombre d’incidents minimes. Le coût d’une machine motorisée, main d’œuvre incluse, est d’environ 100 000 KSh (1 220 US$) mais le prix continue d’osciller en fonction de la force de la devise. Généralement, Patrick et son équipe vendent leur machine à 150 000 KSh (1 830 US$), tirant un bénéfice de 50 000 KSh (610 US$). Il vend sa machine manuelle à 12 000 KSh (150 US$). Depuis qu’il a intégré le programme DEEP, ses ventes ont augmenté pour atteindre respectivement 153 750 KSh et 205 000 KSh (1 875 US$ et 2 500 US$) pour la vente de machine à fabriquer les briquettes et pour la vente de briquettes.
Les Ssenyonjo – La famille qui économise pour investir dans une nouvelle entreprise
La clientèle de Patrick est composée de clients particuliers et institutionnels, dont des restaurants. En Ouganda, pays voisin, Deborah Ssenyonjo et son mari Charles gagnent leur vie en tant qu’agriculteurs. « J’ai adopté les briquettes pour de bon après les avoir essayées pour cuisiner nos repas de famille. J’ai réalisé à quel point que je souffrais à cause du coût du charbon ».
Les Ssenyonjo estiment avoir réduit leur budget mensuel en charbon de plus de 50%. En 2009, ils achetaient trois sacs de charbon par mois, à raison de 20 000 UGX par sac (environ 9 US$). Pour la même somme, les briquettes durent jusqu’à au moins six semaines. Après avoir assisté à une formation dispensée par un entrepreneur du programme DEEP de la région, les Ssenyonjo ont commencé à fabriquer des briquettes pour leur consommation personnelle. Charles déclare « Les matières premières sont déjà disponibles ». Déborah ajoute « C’est un bon moyen de générer des revenus. C’est aussi un bon moyen pour le consommateur d’économiser et c’est mieux pour notre environnement ».
Un article du GEPV, Mayda Bakri, le 5 juillet 2012