Promotion de la biomasse-énergie en France, l’ADEME garde le cap en 2012
François Loos, le Président de l’ADEME, lors de la présentation de ses vœux 2012 à la presse, le 20 janvier dernier, a présenté le bilan des actions de l’organisme public au cours de l’année écoulée, mais il a également présenté sa feuille de route pour 2012. Pour l’après 2012, il faudra attendre la fin de ce printemps et les consignes du nouveau gouvernement, mais on voit mal comment le pays pourrait désormais se détourner de l’un des rares secteurs d’activité qui crée encore des emplois en nombre respectable et qui permet de réduire le déficit de la balance commerciale !
François Loos a ainsi commencé en rappelant que l’ADEME avait connu ces trois dernières années une intensification inédite de son action en faveur d’un développement durable. Cette intensification résulte de la mise en pratique des lois Grenelle Environnement initiées à la suite de l’adoption du Paquet Énergie de l’Union européenne en 2008 et des obligations consécutives allouées à la France (23% d’énergie renouvelable en 2020, à partir de 11,4% en 2008 soit un doublement relatif).
Le bilan 2011 de l’ADEME confirme cette forte tendance. L’année a en effet été riche de projets d’envergure pour la biomasse :
- soutien à la production de chaleur à partir d’énergies renouvelables par le biais du Fonds Chaleur ;
- soutien aux programmes de prévention, d’amélioration du tri et du recyclage, de valorisation des déchets ;
- politiques sectorielles au service des villes et des territoires …
En 2012, François Loos confirme que l’ADEME s’emploiera à porter avec « toujours plus de convictions une vision à long terme », une vision indispensable pour une société qui doit impérativement évoluer vers un développement durable, mais une vision qui n’a malheureusement pas toujours été suivie par une continuité d’action de par le passé. François Loos ajoute que l’objectif de l’ADEME sera d’atteindre, d’ici 2050, une réduction majeure des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi de renforcer la compétitivité française en matière de technologies vertes. Il ajoute enfin que l’Agence poursuivra son soutien aux territoires et aux acteurs de terrain pour généraliser les actions concrètes et exemplaires existantes. Et en matière d’actions concrètes vers la valorisation de la biomasse nationale citons deux dispositifs :
Le Fonds Chaleur renouvelable
Ce Fonds soutient le développement de la production de chaleur à partir des énergies renouvelables (biomasse, géothermie, solaire…). Il est destiné à tous les maîtres d’ouvrage (hors sphère domestique) : entreprises des secteurs agricole, industriel et tertiaire privé, collectivités et gestionnaires d’habitat collectif.
En 2011, 755 installations ont bénéficié du Fonds Chaleur renouvelable, pour un montant de 252 millions € (biomasse, solaire thermique, géothermie profonde ou intermédiaire, réseaux de chaleur alimentés par les énergies renouvelables ou la récupération de l’énergie des unités d’incinération des ordures ménagères). En 3 ans, le Fonds a ainsi donné une véritable accélération aux projets de production de chaleur renouvelable : il a permis la mise en place de plus de 1 800 installations pour un montant de 684 millions € d’aides. Les installations les plus significatives sont des installations à la biomasse, voir notre article « France : la biomasse réalise 96% des objectifs du fonds chaleur renouvelable« .
En 2011, le 3ème appel à projet annuel pour les installations biomasse de grandes tailles (plus de 1 000 tep/an de biomasse consommée) a permis de retenir 24 projets, pour un montant total d’aides de 40 millions €. Ils devraient permettre une production d’environ 114 000 tep/an et plus de 300 000 tonnes de CO2 évitées. Pour les autres filières et pour les installations biomasse de taille inférieure, le Fonds Chaleur renouvelable est géré localement et piloté par les directions régionales de l’ADEME, qui ont progressivement mis en place des appels à projets régionaux. Ces dispositifs ont permis en 2011 le financement de 108 réseaux de chaleur, 130 installations biomasse, 400 projets solaire thermique, 90 installations utilisant la géothermie. L’ensemble correspond à environ 185 000 tep/an.
Exemple de réalisation concrète du Fonds Chaleur renouvelable
En Poitou-Charentes, Bonilait-Protéines est un fabricant d’ingrédients laitiers en poudre destinés à l’industrie alimentaire et à l’allaitement animal. L’entreprise traite annuellement plus d’un milliard de litres de lactosérum. Industriel du Cantal basé à Saint-Flour dans la Vienne, Bonilait-Protéines a un besoin important en vapeur pour son procédé. Devant la nécessité de remplacer l’ancienne chaufferie vapeur au fioul lourd de Saint-Flour, l’entreprise a souhaité faire preuve d’innovation en optant pour une installation moins émettrice de CO2.
Depuis mai 2011, une chaufferie biomasse remplace les deux chaudières au fioul lourd qui sont conservées en appoint/secours. La nouvelle chaudière à bois de marque Weiss-France a été équipée d’un économiseur d’énergie sur les fumées, permettant d’améliorer le rendement. Les automatisme intégrés à la chaudière facilite l’exploitation : elle adapte seule les différents paramètres de son fonctionnement au besoin de vapeur du site. Avec une puissance de 5,2 MWth (l’équivalent de 150 à 200 chaudières individuelles), la production thermique biomasse est de 3 233 tonnes équivalent pétrole, soit 92% des besoins. Cette opération a permis la création d’un 1 poste au sein de Bonilait-Protéines et à terme de 7 autres postes au sein de la filière bois seront créés. Mise en service : mai 2011.
Le Plan Déchets
En 2011, dans le cadre de la mise en œuvre du Grenelle Déchets, l’ADEME a engagé près de 235 millions d’euros, pour l’essentiel au travers d’aides à des opérations locales mais également pour des aides à la recherche, au développement de dispositifs d’observation et à la réalisation de campagnes de sensibilisation.
Les aides aux opérations locales ont mobilisé des soutiens du Fonds Déchets et du Fonds Chaleur à
hauteur de 205 millions € et concerné plus de 2 000 opérations (depuis les études de projets jusqu’aux investissements lourds), parmi lesquelles on peut noter tout particulièrement le soutien aux équipements de tri, recyclage et traitement : 540 opérations aidées, parmi lesquelles
130 rénovations de déchèteries et plus de 100 équipements de valorisation organique, principalement par méthanisation.
En 2012, l’ADEME renforcera ses actions auprès des pouvoirs publics, des collectivités, des entreprises et des particuliers. Parmi les grands chantiers :
- développer les principales filières de chaleur renouvelable (bois, géothermie, solaire) et leur distribution (réseaux de chaleur) ;
- privilégier, dans le domaine des déchets, le développement du traitement des déchets organiques (la méthanisation, notamment) et des déchets du BTP ;
- développer les connaissances sur des sujets précurseurs comme les changements d’affectation des sols pour mieux comprendre les conséquences environnementales du recours aux biocarburants, puis concevoir et évaluer les solutions que l’on peut y apporter
- intensifier la dynamique en matière d’investissements d’avenir, 18 nouveaux projets étant en cours de décision et près de 60 projets étant soumis au Comité de pilotage des investissements d’avenir au cours du premier semestre 2012.
Frédéric Douard, Bioénergie International