Le projet Intens&Fix, intensification écologique des plantations forestières avec association d’espèces fixatrices d’azote
Une augmentation mondiale de la demande en produits ligneux est observée et qui ne peut être satisfaite par les forêts naturelles ou celles régénérées naturellement à cause des menaces de déforestation/dégradation et/ou des coûts importants de mobilisation de la matière première. Les plantations forestières (PF) devront ainsi fournir une part croissante des besoins mondiaux en bois, alors que leur expansion est limitée à cause de la concurrence avec d’autres modes d’utilisation des sols. Une productivité accrue de ces systèmes doit être obtenue sur des terres qui ne peuvent pas nécessairement supporter une telle intensification ; ainsi les pertes d’azote (N) et de phosphore (P) liées aux exportations de biomasse ne sont généralement pas compensées par des fertilisations. De nouveaux modes de gestion durable des PF, attractifs pour les acteurs, doivent donc être mis en œuvre.
Objectifs du projet
Le projet Intens&Fix mené par le CIRAD vise à l’intensification écologique des PF via l’association d’espèces fixatrices d’azote (EFA). L’objectif est d’accroître durablement la production des PF et la disponibilité de N et P dans le sol. Ces systèmes devraient avoir un impact environnemental positif et permettre une amélioration des conditions de vie des petits propriétaires et des performances des compagnies commerciales.
Le projet est basé sur une approche expérimentale développée sur des PF différentes et complémentaires, en France (association de Juglans regia + divers NFS dans le Languedoc, Populus sp et Robinia pseudoacacia dans le Nord-Est de la France), et sous les tropiques (plantations mixtes Eucalyptus grandis (Brésil) / E. urophylla * grandis (Congo) + Acacia mangium).
Un modèle biophysique intégré sera développé pour la simulation des PF en association avec des EFA. Les sorties d’expérimentations virtuelles seront utilisées comme entrées à un modèle établi au niveau de la plantation, pour évaluer la faisabilité économique et tester les règles de décision adaptées à la gestion de ces associations. Le croisement des sorties des modèles et de l’étude des processus d’innovation des acteurs liés à l’utilisation des EFA permettra d’évaluer le potentiel de développement de ces systèmes.
Le projet met en œuvre une approche pluridisciplinaire faisant intervenir des scientifiques dans les domaines de l’écophysiologie, la biogéochimie, les sciences du sol, la microbiologie, la sylviculture, la socio-économie et la modélisation. Il contribuera à la production de résultats résolument novateurs : méthodologies d’évaluation du transfert de N vers les espèces non-fixatrices ; connaissance fine des mécanismes de compétition / facilitation pour l’utilisation des ressources dans les plantations mixtes ; modèle couplant le fonctionnement hydrique, carboné et azoté des PF en association avec des EFA ; sylvicultures adaptées à ces associations, et évaluation socio-économique de ces nouvelles pratiques.
D’un point de vue opérationnel le projet proposera des pratiques de gestion des EFA (espèces, densités, durée de rotation,…) contribuant à l’intensification écologique des PF en ciblant particulièrement les plantations d’eucalyptus au Brésil et Congo (plusieurs millions ha), les taillis à très courtes rotations et les systèmes agroforestiers à base d’espèces à bois de haute valeur commerciale (potentiel de plusieurs millions ha en Europe).