Fabriquer soi-même son gaz naturel
Si le principe de méthanisation de la matière organique est connu et déjà employé pour produire du gaz à partir de toutes sortes de résidus, c’est la première fois en revanche qu’une invention permet de l’appliquer facilement à petite échelle, pour un investissement dérisoire.
Pratique, bon marché et surtout écologique, le biodigesteur de Camilo Pagés est un dispositif capable de “digérer” la matière organique pour produire du gaz naturel grâce à des bactéries anaérobies (qui se développent dans des milieux privés d’oxygène).
Ce jeune chercheur mexicain a eu l’idée d’utiliser une poche en plastique allongée de plusieurs mètres de long fonctionnant comme un tunnel. Les déchets sont introduits à une extrémité et parcourent lentement le sac pour se transformer en engrais, tout en libérant du biogaz.
Celui-ci est récupéré grâce à un tuyau, pour être stocké dans une autre poche placée en hauteur qui servira par exemple à alimenter une cuisinière, un radiateur, ou encore un groupe électrogène. Avant d’être brûlé, le gaz passe à travers un filtre qui le débarrasse du sulfure d’hydrogène qui peut se former lors des réactions de méthanisation.
Petites vidéos du projet en espagnol :
Différentes tailles selon les besoins
Baptisé “Biosac” (biobolsa en espagnol), ce système permet à des petits éleveurs de disposer d’une source d’énergie gratuite, tout en contribuant à diminuer les émissions atmosphériques de méthane, un gaz à effet de serre plus puissant encore que le dioxyde de carbone (CO2). L’autre objectif de cette initiative est de limiter la déforestation en milieu rural, puisque de nombreuses familles utilisent le bois pour se chauffer et cuisiner, en s’approvisionnant directement dans les forêts qui les entourent.
Le “Biosac” est prévu pour s’adapter à différentes configurations en fonction de la taille de l’exploitation agricole et peut contenir entre 3 et 12 m³ de fumier. De conception simple et robuste, il s’installe en 30 minutes seulement et peut fonctionner en continu pendant 20 ans. Les foyers les plus modestes peuvent demander une subvention auprès de la Commission nationale pour le développement des peuples indigènes (CDI), qui commencera par financer 165 familles.
Pour fonctionner correctement, le “Biosac” doit être alimenté quotidiennement avec 19 litres de fumier mélangés à de l’eau. Le temps de rétention de la matière organique est fonction de la température ambiante et oscille entre 30 et 70 jours. À l’autre extrémité du dispositif, le “Biosac” produit de manière continue de l’engrais liquide, riche en azote et en phosphore, prêt à être utilisé pour fertiliser les cultures.
Des schémas et des explications détaillés concernant le mode de fonctionnement de ce système sont disponibles sur le site officiel du projet (BIOBOLSA).