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Les chiffres du marché de la biomasse en France : 5,4 milliards €

Construction de la chaufferie de Blois, photo Weiss-France

Depuis 2008, l’ADEME dresse chaque année un état des lieux des marchés et des emplois relatifs aux principales activités liées à l’amélioration de l’efficacité énergétique et au développement des énergies renouvelables en France. Dans son numéro 30 de Stratégie & études, elle présente ainsi les principaux résultats de l’étude réalisée en 2010 sur l’état des marchés et des emplois et leur dynamique.

L’étude s’intéresse aux travaux de rénovation dans les logements existants, aux équipements domestiques énergétiquement performants, aux transports collectifs, aux véhicules, aux ventes d’énergies renouvelables et aux équipements destinés à produire ou à utiliser des énergies renouvelables (ER). Elle estime également la production et les ventes d’énergie d’origine renouvelable, ainsi que les économies d’énergie engendrées par les différentes mesures engagées au cours de la période sous revue.

Avec une croissance à prix constants de 13 % en 2009 et de 17 % en 2008, le marché de la maîtrise de l’énergie et du développement des ER a globalement bien résisté à la crise économique. Les prévisions ou estimations 2010 tablent, malgré la crise économique, sur une croissance de 11 % des marchés grâce aux énergies renouvelables.

>> Le chiffre d’affaire des secteurs de la biomasse s’établit ainsi à 5 413 M €

Investissements en millions € (Total : 1 860)

Chaudière de Valdahon, photo Weiss-France

  • Chauffage bois domestique : 1 374
  • Chauffage bois industriel & collectif : 347
  • Biocarburants : 0
  • Biogaz : 153
  • Biodéchets : 13

Ventes d’énergie en millions € (Total : 3 553)

  • Bois-énergie : 1 135
  • Biocarburants : 2 110
  • Biogaz : 74
  • Biodéchets : 234

>> Coté emplois, le nombre de ceux liés à la biomasse s’établit à 32 104 déclarés

Alors qu’en 2009, l’emploi intérieur total en équivalent temps plein avait diminué de 1,2%, selon l’Insee, les emplois directs concernés par les marchés étudiés ont augmenté pour la même année de près de 9 %.

Plateforme professionnelle de bois-bûche, photo Bobois Energie

Emplois directs liés aux investissements  (Total : 13 910)

  • Chauffage bois domestique : 11 453
  • Chauffage bois industriel & collectif : 1 822
  • Biocarburants : 0
  • Biogaz : 585
  • Biodéchets : 53

Emplois directs liés aux ventes d’énergie (Total : 18 194 déclarés)

  • Bois  domestique : 6 730 (Emplois déclarés)
  • Bois industriel & collectif : 2 584
  • Biocarburants : 7 985
  • Biogaz : 380
  • Biodéchets : 515

Notons que les emplois étudiés progressent principalement dans les filières aval. Les emplois industriels (fabrication d’équipements, de biens de consommation performants et de fournitures pour le bâtiment) sont quasiment stables (+ 1,6 %), à l’inverse de ceux du BTP (réalisations d’infrastructures, entretien et amélioration du logement, pose et installation des équipements) qui progressent de 7 %, mais surtout de ceux de la distribution qui augmentent de 14 %.
De façon générale, dans les différents domaines, la tendance est à la progression de la part des emplois au stade aval des filières (pose et installation, distribution des équipements) par rapport à la fabrication des biens.

Une industrialisation verte française en décalage avec le marché : le résultat des choix du passé.
Malgré la croissance de 13 % des marchés, la production n’a augmenté que de 5,6 % aux prix constants entre 2008 et 2009. Les importations ont en effet fortement augmenté. Ce constat rejoint celui qui peut être fait sur l’évolution des exportations d’une dizaine de produits spécifiques du développement des énergies renouvelables et de l’amélioration énergétique : alors que ces exportations ont augmenté de 35 % entre 2006 et 2009 pour l’ensemble des pays de l’Union européenne (+ 78 % pour l’Espagne, + 30% pour l’Allemagne et l’Autriche, et + 44 % pour les nouveaux États membres), elles n’ont progressé que de 9 % pour la France. Si cette tendance se poursuivait, le risque serait que l’on n’assiste pas au développement attendu d‘une industrialisation verte en France, mais à un développement des importations.

Il est ici à déplorer grandement que le pays n’ait attendu d’être acculé par ses obligations européennes pour commencer une réelle politique en faveur des ER, en 2004, soit 15 à 20 ans après l’Autriche ou l’Allemagne, et 30 ans après la Suède, le Danemark ou la Finlande.

Conclusion de l’étude
L’impact de la crise économique et financière de 2008–2009 reste, sur les marchés étudiés, sans commune mesure avec celui qu’elle a eu sur le reste de l’économie : alors que la production de l’ensemble des branches a diminué en volume de 4,4 % en 2009 par rapport à 2008, la croissance de la production pour les domaines étudiés s’établit à + 5,8 %. Le différentiel se réduit légèrement en 2010 : + 1,7 % de croissance pour la production de l’ensemble des branches, contre + 10,2% pour les marchés étudiés.

>> Voir l’ensemble des résultats de l’étude (10 pages)

Frédéric Douard, Bioénergie International