Novozymes veut promouvoir la cuisson à l’éthanol en Afrique
Novozymes a annoncé ce 22 septembre 2011 lors de la réunion annuelle de la Clinton Global Initiative (CGI), et via un communiqué dans Business Wire, un investissement dans CleanStar Mozambique. Cette société fondée par Novozymes et Ventures CleanStar, affiche vouloir aider les petits exploitants agricoles à adopter des pratiques agricoles durables, en mettant en place une production d’éthanol comme combustible de cuisine à base, pour rendre les pratiques des communautés économiquement et écologiquement durables en Afrique. L’initiative annonce également vouloir s’attaquer à une série de problèmes comme la dégradation des sols, la mauvaise santé et la pauvreté énergétique.
« L’agriculture dans le monde en développement offre un énorme potentiel qui peut être réalisé avec l’aide de la biotechnologie », explique Thomas Nagy, vice-président directeur de Novozymes. « Grâce à ce partenariat, les collectivités locales en Afrique seront en mesure de produire plus de nourriture et d’énergie tout en améliorant leur santé, en restaurant les forêts, en préservant la qualité de l’air et en développant l’économie. »
Réduire la fumée de charbon et la déforestation
Novozymes espère qu’en suivant ce modèle, des milliers d’agriculteurs du Mozambique auront l’opportunité de passer de la production de charbon et d’une agriculture d’abattis-brûlis à la culture d’une grande diversité de récoltes et d’arbres, ce qui devrait améliorer nettement leurs niveaux de revenus et de nutrition tout en réhabilitant les sols dégradés et en améliorant la biodiversité. Et Novozymes d’ajouter : « ce que les familles ne consommeront pas elles-mêmes, elles pourront le vendre à CleanStar Mozambique ». La société veut en effet produire une gamme de produits alimentaires, ainsi qu’un combustible de cuisine à base d’éthanol qui sera fabriqué à partir du manioc et vendu dans les marchés urbains.
Partout en Afrique, plus de 80 % des familles urbaines achètent du charbon pour cuire leurs aliments. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), il existe des preuves attestant que le mode actuel d’utilisation des combustibles solides, y compris le charbon, peut nuire à la santé des personnes. L’utilisation de charbon de bois est également un facteur important dans la déforestation massive à travers l’Afrique, où chaque année des centaines de millions d’arbres sont abattus pour produire du charbon. CleanStar Mozambique espère ainsi proposer d’ici 2014 à 20 % des ménages locaux de Maputo, la capitale du Mozambique, une alternative propre et concurrentielle au charbon de bois en vue d’améliorer la santé familiale et de protéger 9.000 hectares de forêt indigène par an.
« Ce modèle d’affaires peut être reproduit et propagé dans le monde en développement », explique Thomas Nagy. « Avec CleanStar Mozambique, nous espérons montrer comment la biotechnologie peut catalyser le développement de l’agriculture, de l’alimentation et des industries de l’éthanol dans les pays en développement et créer de nouveaux biomarchés dont bénéficieront les communautés locales et l’environnement. »
Dans le cadre de ce projet, CleanStar Ventures et Novozymes ont établi un partenariat avec un certain nombre d’autres sociétés du secteur. Plus particulièrement, la société de conception et de construction ICM, Inc fournit l’installation de production de combustible de cuisine à base d’éthanol. Bank of America Merrill Lynch est en phase de discussions approfondies avec Novozymes et CleanStar Ventures pour servir en tant que Carbon Finance Associate afin d’aider à maximiser la valeur monétaire des réductions des émissions de carbone grâce au projet.
Avant que ce nouveau commerce n’apparaisse comme le miracle annoncé, il restera plusieurs points importants à vérifier :
- l’acceptabilité de ce nouveau mode de cuisson par les populations,
- le coût de l’éthanol et des cuisinières correspondantes,
- la rémunération des matières premières par CleanStar,
- la non-monopolisation des échanges par CleanStar, ce qui conduirait à instaurer une situation de dépendance forcément néfaste pour les populations.
FAO : Les systèmes intégrés alimentation-énergie réduisent la pauvreté
Depuis la création de la CGI par le président Bill Clinton en 2005, l’organisation a convoqué les chefs de file mondiaux des gouvernements, de l’industrie et des organisations non gouvernementales pour concevoir et appliquer des solutions innovantes face aux défis mondiaux les plus pressants. Chaque membre de la CGI prend l’engagement de mener à bien une proposition concrète en vue de relever un défi mondial majeur et collabore avec d’autres membres pour convertir ce plan en résultats significatifs et mesurables. Ce projet est le premier engagement CGI de Novozymes.
Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), promouvoir en parallèle la production alimentaire et énergétique peut constituer l’une des meilleures formules pour renforcer la sécurité alimentaire et énergétique des pays tout en réduisant la pauvreté.
Frédéric Douard, Bioénergie International