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La biomasse-énergie pour restaurer des sols dégradés aux Etats-Unis

L’usine Poet de bioéthanol maïs à Chancellor

Poet, le géant américain de l’éthanol et l’entreprise de restauration des sols The Earth Partners ont annoncé le 16 aout 2011, à l’occasion de la dernière conférence des prairies américaines à Sioux Falls, un partenariat pour valoriser les biomasses des terres dégradées par l’agriculture dans le haut Centre-Ouest du pays, en vue de restaurer la prairie primitive.

Le but des deux entreprises, en plus de faire une bonne action pour améliorer leur image, est de donner un objectif industriel à leur projet. En effet, restaurer des anciennes prairies primitives où paissaient les bisons est louable, mais revaloriser des terres qui ne valent plus un clou pour produire du maïs et les faire reproduire à nouveau avec la mention « durable » c’est mieux. Et enfin utiliser cette production pour produire de l’énergie verte compétitive, c’est grandiose !

Le projet , nommé « Conservation biomass », la biomasse de conservation des sols, va ainsi commercer par alimenter en combustible l’usine Poet de Chancellor, une petite bourgade à quelques milles de Sioux Falls dans le sud Dakota, en plein cœur du grenier à maïs américain. Cette usine, qui peut produire chaque année près de 400 millions de litres d’éthanol-maïs est déjà alimentée à 60% en bioénergies pour réduire son impact carbone, le reste provenant du gaz naturel. Une chaudière utilise ainsi du bois déchiqueté (déchets de palettes notamment) et du biogaz de décharge pour produire la vapeur nécessaire au processus de distillation. Le biogaz est acheminé par une conduite de plus de 15 km depuis le captage de la décharge de Sioux Falls au nord. La chaudière, qui consomme aujourd’hui jusque 350 tonnes de bois par jour ouvré, permettra donc également d’y incorporer de la biomasse des terres abandonnées par l’agriculture.

The Earth Partners, initialement spécialisée dans la restauration des anciens terrains de tirs dans l’Ouest, indique que la récolte de la biomasse de ces terres  reconstituera simultanément la santé du sol et les ressources en eau. Le travail de restauration passe ainsi par un déboisement des terres dégradées pour redonner à l’herbe la lumière nécessaire à son dynamisme.  Le bois ainsi récolté sera commercialisé comme combustible. The Earth Partners va travailler avec les agriculteurs et les propriétaires terriens pour récolter ces végétations invasives pour restaurer la prairie. Poet évaluera ensuite si la production d’éthanol cellulosique est intéressante ou non, à partir des biomasses invasives ou à partir de l’herbe de la prairie.

The Earth Partners aura enfin à valider si cette pratique est capable de faire face aux risques d’inondation, d’érosion, au manque de fertilité ou à d’autres problèmes environnementaux. Elle vérifiera aussi le niveau d’émission de carbone de la pratique, l’évolution de la qualité de l’eau, le niveau de biodiversité et le coût de cette gestion. Si la majorité de ces points est positive, alors cela ouvre des perspectives intéressantes au financement, par le marché de la bioénergie, de la restauration de nombreux biotopes abîmés par l’activité humaine.

Frédéric Douard