Du biométhane de décharge pour alimenter Santiago du Chili en électricité
Un article Green & Vert du 11 août 2011
Une centrale électrique capable de récupérer le biogaz produit par les ordures dans le sol des décharges alimentera bientôt près de 70 000 foyers à Santiago du Chili. Le captage du méthane, puissant gaz à effet de serre, permet en plus d’éviter sa libération dans l’atmosphère.
Construite à proximité immédiate d’une décharge d’ordures, la centrale à biogaz de la commune de Til-Til met à profit le méthane formé lors de la fermentation des déchets provenant de 25 villes des environs de la capitale chilienne, grâce à un réseau de tuyaux souterrains.
Une fois filtré et nettoyé, ce mélange gazeux composé essentiellement de méthane sert à alimenter neuf turbines, d’une puissance de 1,4 mégawatt chacune. À terme, la centrale comportera 20 turbines et devrait fournir assez d’énergie électrique pour alimenter une ville de 200 000 habitants.
Centrale électrique
Plutôt que de commercialiser le gaz récupéré et de construire un gazoduc pour l’acheminer jusqu’à Santiago, l’entreprise KDM, chargée de l’exploitation de la décharge, a préféré l’utiliser directement sur place pour produire de l’électricité.
La centrale à biogaz a pu voir le jour grâce aux crédits carbone accordés à KDM dans le cadre du protocole de Kyoto. Le méthane est en effet un gaz à effet de serre 21 fois plus puissant que le CO2, qu’il est préférable de brûler plutôt que de libérer dans l’atmosphère.
La pollution évitée grâce à cette initiative permet à l’entreprise de vendre 4 millions de dollars annuels de crédits carbone à des pays comme l’Espagne et le Japon. Ces fonds servent à financer le fonctionnement de la centrale, dont le prix de revient est estimé à 40 millions de dollars.
Aux dépens du tri et du recyclage?
L’énergie électrique produite est envoyée sur le réseau de la capitale chilienne à travers un câble de 21 km, afin d’être vendue aux entreprises de distribution d’électricité de la région.
Bien qu’il contribue au développement des énergies renouvelables non conventionnelles, le projet suscite malgré tout quelques critiques du côté des écologistes. Certains experts environnementaux, comme Luis Mariano Rendón, estiment que cette technologie risque d’inciter les habitants de Santiago à jeter leurs déchets sans les trier.
Or, ce dernier rappelle que le recyclage et la diminution du volume d’ordures permettent de générer des économies énergétiques largement supérieures à celles entraînées par la récupération et la valorisation du biogaz.
Crédit photo : http://w2.df.cl
Source : Green & Vert le 11 août 2011