Brésil, la production de l’éthanol contaminée par la surexploitation des travailleurs
Un article Green & Vert du 26 mai 2011 : Les travailleurs sont payés au rendement, ce qui pousse beaucoup d’entre eux à mourir d’épuisement.
Une thèse qui fait mal
Une étude réalisée par la Faculté de Philosophie, Lettres et Sciences Humaines (FFLCH) de l’Université de São Paulo a mis en évidence les conséquences de la migration saisonnière de paysans de la Vallée de Jequitinhonha – pour la coupe de la canne à sucre et la production de sucre et d’éthanol– sur les familles de la région, considérée comme une des plus pauvres du pays.
L’étude fait partie de la thèse de doctorat de la géographe Lúcia Cavalieri et a nécessité 5 années de travail. Le travail de recherche dans les champs, qui a permis de récolter des informations durant quatre mois, a eu lieu dans deux communautés rurales de la vallée.
Familles ravagées
D’après ces données, uniquement en 2007, près de 7.000 hommes de la région d’Araçuaí ont laissé derrière eux famille et terres pour aller couper la canne à sucre. Cette étude met en avant les ravages causés par la production de l’éthanol et de sucre pour ces familles.
En plus de faire un travail dégradant dans les plantations de canne à sucre, ces hommes restent près de neuf mois éloignés de leurs familles. Ceci provoque des dégâts émotionnels et entraine une déstructuration familiale. Mais c’est le prix qu’une partie des familles brésiliennes paye pour obtenir celle qu’on appelle, à tort, une énergie propre ou éthanol issu de la canne à sucre, affirme Lúcia.
Les femmes, premières victimes
Ce sont les femmes qui souffrent le plus de ce processus, des femmes fortes, qui travaillent la terre, exercent les activités domestiques et en plus doivent assurer seules le quotidien de la maison et notamment l’éducation des enfants, en l’absence prolongée de leurs maris.
Malgré tout, ces familles restent attachées à leurs villes d’origine, les migrations ne sont que temporaires. Cet aspect particulier, selon Lucia, est dû aux sentiments d’identité et d’appartenance très forts qui les rattachent à leurs morceaux de terre. Le quotidien qui consiste à s’occuper de la terre est le sens de leur vie. Un sens plus fort que tout, et notamment que la vie en dehors de la communauté.
Salaires de misère
Les bas salaires payés par les usines de traitement de canne à sucre aux coupeurs influence directement leur qualité de vie. En étant payés au rendement (tonnes/jours) et non pas aux heures travaillées, nombreux sont ceux qui meurent d’épuisement, poussés à bout par leur volonté de ramener un peu plus d’argent à leurs familles.
L’argument environnemental ne peut pas prévaloir sur les aspects sociaux. Pendant que les usines reçoivent des subventions du gouvernement pour la production d’éthanol, les familles des coupeurs continuent à vivre dans des situations économiques et sociales de grande précarité, conclue-t-elle.
Source : Blog Green & Vert, 26 mai 2011