NégaWatt travaille sur des scénarios énergétiques 100% renouvelables
Ayant d’abord existé sous la forme d’une liste de discussion entre professionnels de la maîtrise de l’énergie et des énergies renouvelables, l’association négaWatt a été créée fin 2001 pour répondre à une question cruciale : peut-on réduire de 75 % ou plus nos émissions de gaz à effet de serre (le « facteur 4 ») et, si oui, comment et à quelles conditions ?
La « démarche négawatt » s’intéresse non pas à « l’offre », mais aux besoins énergétiques. Elle repose sur trois piliers indissociables : sobriété, efficacité, énergies renouvelables. L’application systématique de cette démarche dans tous les secteurs, en ayant recours à des technologies « prouvées » (déjà existantes ou à la maturité technique et économique certaine à court ou moyen terme), a permis d’élaborer en 2003 un premier scénario énergétique « facteur 4 à 2050 » pour la France, qui a été mis à jour en 2006 et qui a appuyé un certain nombre de propositions de politiques et mesures.
À l’exemple de travaux menés dans d’autres pays, notamment européens, par des experts privés ou institutionnels sur des scenarii de transition énergétique dits « 100% renouvelables », l’association s’est lancée, dès l’automne 2010, dans l’élaboration d’un nouveau scénario, approfondissant la méthode et l’ambition du précédent. L’objectif visé est ici un « scénario 100% négawatt », tant il est essentiel d’insister sur la sobriété et l’efficacité, si souvent évoquées dans les discours mais oubliées dans les actes. .
Ce travail en cours devait initialement être une contribution versée au débat politique de 2012. Le choc d’un accident majeur à la centrale de Fukushima, en posant dans le débat franco-français la question de la dépendance et de la vulnérabilité de notre société au nucléaire, place notre travail au centre des attentes sur deux questions essentielles : est-ce possible techniquement de sortir du nucléaire ? Et est-ce réaliste socialement et économiquement ? Le scénario négaWatt n’est pas basé sur une sortie d’urgence du nucléaire faisant suite à une catastrophe ou à une décision politique soudaine : il est de la responsabilité d’un État de droit, soucieux de sa population, d’avoir dans ses cartons un tel plan B pour faire face à une telle hypothèse qui s’apparenterait à une situation de guerre. Nos propositions, centrées sur le triptyque « sobriété, efficacité, renouvelables », aboutissent cependant de facto à un abandon progressif du recours à l’énergie nucléaire jusqu’à s’en passer totalement. Le scénario négaWatt montre de plus clairement que les bénéfices en termes d’activité économique et de création d’emplois seraient très importants, en plus des avantages en matière d’environnement, de réduction des risques et de santé publique.
Notre responsabilité est aujourd’hui de répondre aux attentes. Nous sommes engagés depuis plusieurs mois dans un renforcement de nos moyens en termes de formation, d’information, de coordination et d’étude. Nous allons accélérer cette évolution pour proposer une information plus complète sur nos propositions et des réalisations qui les illustrent. Nous allons aussi nous mobiliser pour finaliser dans les meilleurs délais notre scénario « 100 % négaWatt ».
Les experts de l’équipe, tous des professionnels et praticiens engagés sur le terrain de la transition énergétique, ont besoin de quelques mois pour achever le travail en cours et permettre ainsi que le futur scénario négaWatt 2011 apporte les réponses à la hauteur des enjeux et des attentes.
Notre avenir énergétique est un enjeu trop crucial pour être réduit à la caricature (le fumeux « retour à la bougie ») ou quelques approximations de coin de table …
Plus que jamais, une expertise résolument indépendante est bien plus qu’indispensable : elle est une pièce vitale de notre démocratie.
Association négaWatt, 20 mars 2011