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Le biogaz en France : de belles perspectives de développement

Guehenno, commune de Bretagne, photo IEL Energies

Malgré l’activité agricole importante et une filière de traitement des déchets bien développée, le nombre de producteurs de biogaz en France reste modeste. Un tarif de rachat équilibré pourra probablement lancer une filière à l’avenir prometteur.

En forte expansion et objet d’attention des énergéticiens, le biogaz présente des atouts indéniables : production d’électricité, reconversion des filières de déchets, stockage d’énergie et production de biocarburants sont autant de chantiers qui permettront d’atteindre peut-être l’objectif français de 10% d’énergies renouvelables dans les transports en 2020. Qu’est-ce que le biogaz et quels sont les éléments incitatifs qui permettront de faire émerger durablement cette filière ?

Un grand potentiel peu exploité

La fermentation des matières organiques animales ou végétales produit des gaz qui sont communément appelés « biogaz ». A travers la « méthanisation », différents types de matières peuvent produire du gaz, notamment les ordures ménagères, les boues de stations d’épuration des eaux usées, les déchets organiques industriels, ou encore les déchets de l’agriculture et de l’élevage.

Le méthane ainsi produit est un gaz très nocif et la réglementation impose depuis 1997 son stockage, sa valorisation ou par défaut, sa combustion. Différents débouchés ont ainsi émergé pour le biogaz : la production de chaleur, d’électricité ou l’injection de biométhane dans le réseau de distribution gazier.

Malgré l’activité agricole importante et une filière de traitement des déchets bien développée, la production de biogaz en France reste limitée : seuls 480 sites sont référencés, contre plus de 6 000 en Allemagne. Malgré la cinquantaine de projets en cours, cette filière peine à devenir rentable en raison du tarif de rachat peu élevé et de la mise en oeuvre tardive des législations – 2006 –. Plusieurs changements sont cependant en cours et pourraient créer un contexte réglementaire favorable pour attirer l’appétit des investisseurs.

Des initiatives qui vont faire émerger la filière

Pour faire décoller la filière biogaz dans la production d’électricité, une proposition d’augmentation du prix de rachat de l’électricité a été formulée par l’ADEME et repose sur une différenciation par taille et performance énergétique des installations. Actuellement, le prix de rachat de l’électricité est en effet d’environ 13 c€/kWh contre 23 c€/kWh en Allemagne ou 28 c€/kWh en Italie.

Pour résorber ce déséquilibre, le tarif de rachat français serait augmenté et des primes pourraient également être mises en place pour favoriser l’efficacité énergétique. Fin avril 2011, un tarif de rachat pouvant aller jusqu’à 20,1 c€/kWh est évoqué, ramenant ainsi la filière française à jeu égal avec l’Allemagne, mais toujours derrière l’Italie.

Concernant la sous-filière biométhane, son injection sur le réseau de distribution représente la dernière valorisation prometteuse du biogaz. Avec un grand potentiel dans la distribution, le biométhane est déjà injecté dans plusieurs pays d’Europe. En France, la loi Grenelle 2 adoptée en mai 2010 a donné le cadre réglementaire pour l’injection du biométhane sur le réseau et le Groupe de travail GrDF-ADEME a contribué à en établir les critères techniques. Le distributeur GrDF jouera ainsi un rôle clé dans l’injection et serait chargé d’activités telles que le comptage et le contrôle de l’odorisation et de la qualité du gaz. Reste à fixer le prix de rachat. Une première formule propose un tarif avec une « obligation d’achat » sur le modèle de l’électricité, un contrat de 15 ans, des mécanismes de compensation et un système de garantie d’origine « verte » permettant aux fournisseurs de valoriser leur mix énergétique renouvelable.

 

Ainsi, la France commence à disposer d’un cadre réglementaire structuré dans le secteur du gaz renouvelable. D’autres pays ont déjà pris de l’avance, mais ce retard sera rattrapable compte tenu du fort potentiel de production, notamment grâce à son agriculture.

L. Parmigiani, SIA Partners

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